23. L'une ou l'autre, mais pas les deux

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Horacio

Elle est en train de me rendre fou.

Comment je peux faire lorsqu'elle fait tout pour me faire ramper à ses pieds ? Je le ferais sans hésiter, mais j'aime notre petit jeu et je sais que c'est également le cas pour elle.

— Tu te rappelles lorsque les parents faisaient une galette des rois en mettant deux fèves ?

Maman faisait chanter papa pour l'obliger à mettre deux fèves parce qu'avec Foster, on se battait pour savoir lequel de nous allait l'avoir. Jusqu'à manger la galette entière le soir même.

— Oui, tu as volé ma part alors tu as eu les deux.

— Exactement. C'est pareil pour les filles.

Je le regarde en haussant un sourcil. Je bois dans mon verre de whisky et cherche à savoir où il veut en venir. Pourquoi ne dit-il jamais le sens concret de ses phrases ? Par exemple :

« Hey ! Moi, c'est Foster et je déteste me branler. »

Plutôt que de sortir une phrase aussi longue que la liste des gens que j'ai tués. Ce qui donne :

« Je suis un mec blond et sexy qui n'aime pas toucher ce qu'il a entre les jambes. »

Ouais, c'est stupide.

Aussi stupide que d'avoir embrassé Natasha ce matin.

— Je ne suis pas un gamin qui vole de fèves, je réponds en basculant ma tête en arrière, regardant le plafond.

Foster me donne une tape sur l'arrière de mon crâne. Je le regarde avant de lui afficher mon majeur devant ses yeux en forme d'amande.

— Tu n'as rien suivi, Shawn. Fais un effort et utilise tes neurones qui ne pensent qu'à soulever Natasha.

— Tu as raison, je pense à ça jour et nuit. Avant que tu ne dises quoi que ce soit, je suis conscient que c'est malsain. Sérieusement, qui fait ça ?

— Bah... toi.

Je lui envoie un sourire forcé avant de rajouter de l'alcool dans mon verre. Pendant de longues minutes, Foster imite chacun de mes mouvements. Il faisait pareil lorsque nous étions encore enfants. Je pouvais crier sur lui pendant des heures simplement pour qu'il arrête.

Ce n'est pas ce qui m'a empêché de l'aimer.

Il a joué le rôle d'ami pendant toute notre enfance. C'est grâce à notre relation que je suis compatissant et à l'écoute, parce qu'il a tout fait pour que je sois bien dans ma peau quand tout allait mal.

Il a un an de moins que moi, mais c'est lui qui veille sur moi et non l'inverse. Je lui ai rendu la pareille autant de fois que j'ai pu jusqu'à ce jour...

— Foster, je grommelle entre mes dents.

— Shawn, répète-t-il en changeant de voix.

Je me tourne parallèlement vers lui et m'assois en tailleur. Évidemment, Foster fait de même. Notre complicité me fait remonter le temps jusqu'à oublier mes problèmes et ça fait un bien fou.

C'est la même sensation que de se retrouver dans un monde parallèle, où ta misérable vie n'est plus la même. On se crée une bulle mélangée entre le passé et le présent sans se soucier du futur.

Je coince mon pouce et mon index contre son menton, il fait de même.

— Tu sais que tu vas perdre ? dit Foster avec un sourire aux lèvres.

— Celui qui perd fait ce que l'autre veut. T'es ok ?

— Tu en as eu marre de te prendre des claques dans la gueule ? demande-t-il en s'esclaffant.

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