6. Ténèbres

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Natasha

La semaine a été plus que longue. Maman n'a pas recommencé à me faire du mal, j'ai fait en sorte d'être toujours à l'heure.

Je veux sortir de la maison, mais c'est impossible. Tant que je n'ai rien pour être indépendante, je suis obligée de rester à la maison.

Mes écouteurs dans les oreilles, j'écoute en boucle Wreking Ball de Miley Cyrus. La musique est toujours source de bonheur. Quand tout va mal, seul la musique peut résoudre le problème.

Bien que ma musique soit forte pour effacer tous mes problèmes, j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir.

Je lève la tête et croise les yeux sombres de maman. J'enlève un écouteur pour entendre ce qu'elle va encore pouvoir me dire.

- Il serait peut-être temps que tu ailles manger.

- Je n'ai pas faim.

- Bien sûr, tu préfères passer ton temps à te mutiler.

C'est comme un coup de fouet en plein visage. Maman adore retourner le couteau dans la plaie. Elle aime savoir que je souffre douloureusement. Mais je n'ai jamais voulu de tout ça.

- C'est de ta faute si je continue à le faire, je rétorque en retirant mon deuxième écouteurs.

- Non ! Tu n'as pas le droit de dire que c'est de ma faute ! Ce n'est pas moi qui prend une lame pour se bousiller le corps !

Mais je souffre, maman. Cependant, elle ne le voit pas. À quoi cela peut servir ? Maman ne fait jamais rien pour moi.

- Tu ne te rends pas compte de tes mots ! C'est tes mots qui me pousse à vouloir en finir !

Je ne juge plus l'importance de mes mots. Cela fait bien longtemps que je reste tapis dans l'ombre. Maman doit enfin comprendre que je vais mal.

Maman s'approche dangereusement de moi et me gifle la joue. Elle n'a pas pu faire ça, je me trompe ? Elle n'a pas pu recommencer à lever la main sur moi ? Pourtant, la vérité est bien sous mes yeux.

- Oh, ça va, ne pleure pas. Tu fais bien pire avec ton corps, lance-t-elle avant de quitter ma chambre.

« Tu fais bien pire avec ton corps ». Pourquoi me fait-elle subir une telle chose ? Elle sait à quel point c'est blessant ?

Je remets mes écouteurs et hésite à envoyer un message à Horacio. Il a dit que je peux venir chez lui. Mais nous sommes en pleine nuit et ça fait sept jours qu'on ne s'est pas parlé. Ce serait un peu culotté, non ?

Mon oreille se colle à la porte de ma chambre, j'écoute s'il y a le moindre bruit. Seulement le bruit de la télévision. Papa doit être en train de regarder un film d'horreur avec Olivia.

Maintenant que je suis certaine d'être tranquille, je prends des coussins et les glisses sous la couverture. C'est la pire chose à faire pour faire croire à un corps. Cela dit, c'est parfait pour ma petite escapade de nuit.

J'ouvre ma fenêtre et me glisse à l'extérieur. Sous le ciel étoilé, je marche dans une direction inconnu. Si je peux m'enfuir le plus loin de la maison, je le fais sans hésiter.

Je n'arrive pas à croire que ça continue. Même un an après ma soudaine disparition, maman continue de me détester. Mais pourquoi ? J'aurai préféré être en famille d'accueil que de vivre ainsi.

« All you ever did was wreck me. Yeah, you, you wreck me. »

Pourquoi le mal règne en moi ? Suis-je le diable incarné pour être autant détesté ?

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