25. Peur et amour

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Horacio

Son corps est autant blanchâtre qu'un cadavre.

Mes pas me conduisent jusqu'à elle et je viens tomber, les genoux au sol. L'air dans mes poumons s'évacue si vite que j'ai l'étrange impression que c'est irréel.

Je colle mon index et mon majeur et les calent sur sa carotide. Son pouls est très fiable, mais il y en a un. C'est la seule chose dont je peux me réjouir.

Pourquoi a-t-elle fait ça ?

Pourquoi ce bel ange a décidé de mettre fin à ses jours ?

— Dis-moi pourquoi... Pourquoi tu veux me quitter...

Ma voix se brise sans que je ne puisse faire autrement. Natasha est celle que j'aime et je ne veux pas la laisser passer de l'autre côté.

Je ne veux pas qu'elle me quitte.

Moi, un homme sanguinaire qui aime tuer les gens, éprouve un quelconque amour pour ce doux et bel ange qui m'était encore inconnu il y a un an ?

Oui, je l'aime.

Et je ne veux pas qu'elle me laisse seul. Je ne veux plus être seul.

— Désolé, mon ange. Je ne t'ai pas sauvé, j'aurai dû... J'ai encore échoué...

Je la serre dans mes bras, ne voulant plus la lâcher. Je veux la sentir contre moi encore et encore.

Mes larmes dévalent mes joues, je ne peux les retenir plus longtemps. J'ai ce besoin d'évacuer la peine en moi, pas seulement parce que Natasha a voulu mourir, mais également à cause de ma personne. J'ai été plus préoccupé à vouloir la récupérer et faire payer Ivan et à cause de ça, je n'ai pas vu ce mal-être qui règne en elle.

Comment ai-je fait pour être si égoïste ?

Je ne suis qu'un con. J'ai été un con sur toute la ligne.

J'aurais dû me douter que quelque chose allait mal se passer à l'instant où Natasha m'a appelé en pleurs. Pourquoi je n'ai pas compris sa détresse plus tôt ?

Stupide.

Égoïste.

Connard.

Voilà ce que je suis.

Avec le peu de force qu'il me reste, je décide de prendre mon téléphone et d'appeler les secours. Natasha a besoin de quelqu'un pour la sauver et je ne suis pas cette personne.

Je me suis surestimé pendant tout ce temps. La vérité, c'est qu'il m'est impossible de sauver mon prochain si moi-même, je suis torturé de l'intérieur.

Une fois que l'ambulance est sur le chemin, je range mon téléphone dans ma poche et continue de regarder Natasha auprès de moi. Je ne veux pas la quitter.

Mes yeux ne peuvent s'empêcher de scruter les alentours. Natasha ne s'est pas mutilée, elle a encore sa jupe et elle n'a pas de lame avec elle. Cela dit, il y a trois boîtes de médicaments au sol, elles sont toutes vides. Chaque plaquette qu'il y a est vide.

Je ne comprends pas. Comment sa santé mentale a-t-elle pu être aussi basse au point d'en finir ?

C'est de ma faute, n'est-ce pas ? Elle n'a pas supporté de revenir ici et de me perdre alors elle a voulu m'en faire payer le prix ? Jusqu'à vouloir se voir morte ?

Tout est de ma faute.

— Pardonne-moi, j'aurais dû rester auprès de toi. J'aurais dû comprendre...

En étant observateur, je n'ai vu aucune détresse dans son regard. Elle a tout fait pour m'empêcher de lire dans son esprit. Natasha a réussi à me bloquer ses pensées en jouant de moi et en me faisant croire qu'elle allait bien.

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