Natasha
*Neuf mois plus tard*
— Je suis quoi ?
Ce qu'il dit est impossible. Et puis combien même, il a raison, qui me dit que je vais pouvoir aller au bout des choses ? Et Shawn, acceptera-t-il la nouvelle ?
Ce sujet est revenu sur le tapis que deux fois, nous n'en avons plus jamais parlé. Revenir vivre au Mexique n'a pas été un problème, parce qu'en cas de besoin, je sais qu'il sera là pour moi. Shawn me protège quoi qu'il arrive. Mais pour ce qu'il va suivre, est-il vraiment prêt à me sacrifier pour une autre personne ?
Le médecin me répète mot pour mot ce qu'il m'a annoncé, il y a à peine cinq minutes. Ses mots tournent en boucle dans ma tête, je ne sais plus comment y donner du sens. J'ai toujours eu l'infime espoir de vivre ce qui va suivre alors pourquoi cela m'arrive ? Qu'est-ce qui a pu changer ?
Je raccroche et pose mon téléphone sur le lit. Ma main glisse sur mon ventre pendant que mon esprit m'imagine avec ce même ventre gonflé. Ce serait étrange, je l'avoue. Mais l'image de me voir enceinte est tout aussi plaisant.
Au même moment que mes pensées sont en pleine ébullition, Shawn entre dans notre chambre. J'essaie d'éviter son regard, mais il est intensif, comme toujours. Si je n'agit pas comme à mon habitude, il va deviner qu'il y a un problème.
Concrètement, il n'y en a pas. Mais plus j'y pense, plus je crois le contraire. Certes, je suis en sécurité, mais est-ce qu'un bébé le serait dans ce monde ? Est-ce que moi, ou Shawn, est prêt à devenir parent ? Toutes ces questions, qui cognent dans mon cerveau, m'empêchent d'écouter ce que Shawn me dit.
Il s'approche de moi et glisse ses mains sur mes hanches avant de presser son corps au mien, puis il dépose un baiser sur la commissure de mes lèvres.
— Tout va bien ? demande-t-il en me voyant silencieuse.
Je baisse les yeux sur mon ventre, ma main est encore posée sur celui-ci, puis je hoche la tête. Je n'ai pas besoin de l'inquiéter. Et puis ce n'est rien d'être enceinte, non ?
— Je te connais, mon ange. Tu veux m'en parler ?
— Tu ne vas pas m'abandonner ? Moins m'aimer ?
— Jamais.
L'entendre le dire est soulageant, pourtant, l'appréhension n'a pas quitté mon corps. L'enfant qui vit en moi à constamment peur d'être rejeté et de mériter moins d'amour. Cela est faux, je l'ai bien compris depuis que Shawn est resté auprès de moi.
— Même si je porte ton enfant ? je ne peux m'empêcher de lui demander.
Lui annoncer de cette manière n'est pas la plus délicate et judicieuse, mais j'ignore comment je devrais m'y prendre. La peur qui vit en moi obscurcit mon jugement. Je ne peux réfléchir comme je le fais habituellement.
Mes pensées sont constamment tournées vers cet abandon. Je ne veux plus être seule. Après avoir connu l'amour que j'ai tant mérité, je ne supporterais pas de perdre Shawn pour une erreur. Nous n'avons jamais pris la peine de nous protéger, parce que l'un comme l'autre, on savait mes chances minimes d'avoir un enfant. De plus, nous sommes mariés et on communique alors nous n'avons jamais pris la décision de se protéger.
On aurait tout de même dû le faire ?
— Tu es enceinte ? demande-t-il en battant des cils.
Je me pince les lèvres et acquiesce. Shawn me regarde longuement avant de plonger son regard sur mon ventre.
— Il me faut un verre.
Il part, me laissant seule.
Pourquoi me laisse-t-il ? Je ne veux pas être seule, encore moins lorsque je porte son enfant.
Je sens mes larmes monter à grande vitesse. Je déglutis et m'empresse de le rejoindre dans la cuisine. Shawn tient un verre d'alcool dans les miens.
— Ne m'abandonne pas, Shawn ! Je porte ton enfant ! je m'exclame à bout de force.
Je ne veux pas me battre avec lui, mais je n'hésiterais pas pour connaître les réponses à mes questions.
— Si je décide de le garder, je ne veux pas que cet enfant vive sans père.
Je le supplie du regard de nous laisser une chance, même si on décide de ne pas avoir d'enfant. Je veux seulement discuter avec lui. Peu importe où mènera cette discussion, on doit l'avoir. Maintenant et pas un autre jour.
Je ne veux pas qu'il parte.
Shawn engloutit son verre d'alcool et se lève. Il avance vers moi et glisse ses mains sur chacune de mes joues. Ses yeux sont ancrés dans les miens, mais je n'arrive pas à décrypter ce qu'il ressent. J'ai encore du mal à faire ce que lui fait avec moi, depuis le début.
— Je ne partirais jamais. C'est avec toi que je veux vivre, pas sans toi. J'avais seulement besoin de digérer la nouvelle.
Mes lèvres s'entrouvrent, je laisse mon appréhension prendre son envol. Shawn va rester avec moi, il ne va pas partir. C'est si soulageant que je le prends dans mes bras et le remercie. C'est idiot de ma part, mais j'ai besoin de sentir sa présence pour être certaine que ce n'est pas seulement dans ma tête.
Après de longues minutes à s'enlacer, Shawn coupe court à notre lien et se rassoit. On commence à évoquer le sujet dans tous les sens.
— Tu veux cet enfant ?
— Je vais être une mauvaise mère, réponds-je aussitôt.
Shawn me toise du regard et me fait signe d'approcher. Face à lui, il lève la tête et pose ses mains sur mes hanches.
— C'est faux. Je vais te reposer la question et cette fois, tu vas me dire la vérité. Et quoi que tu décides de faire, je serais auprès de toi. Natasha, est-ce que tu veux de cet enfant ? Est-ce que tu veux que je sois le père de ce petit être en toi ?
Une sensation de plaisir s'empare de mon cœur ainsi que de mon ventre qui se tortille. Entendre Shawn dire qu'il va peut-être être père me donne la sensation de plaisir. En réalité, le choix est déjà en train de se faire.
Maman et papa ne m'ont pas élevé comme il se doit et moi, je serais prête à le faire pour mon enfant. J'ai traversé le pire alors je saurai être compatissante et compréhensible si mon bébé a besoin d'aide.
— Je n'ai pas eu les meilleurs parents, mais... je suppose qu'on peut essayer de l'être pour ce bébé.
— Je vais être papa.
Shawn retient ses larmes et lève la tête vers le ciel. Je sais qu'il pense à son frère, il aurait aimé qu'il soit présent pour voir son neveu. De là où il est, je suis persuadée qu'il veillera sur lui et qu'il l'aimera.
Je hoquette de surprise lorsque Shawn me prend dans ses bras en me faisant virevolter autour de lui. Je ris à pleins poumons et ne cesse de me répéter que l'on va former une famille.
— Si c'est un garçon, on l'appellera Foster, dis-je une fois les pieds sur terre.
— Merci, dit-il en battant des cils, s'empêchant de pleurer. Et si c'est une fille, on l'appellera Hope.
Et pour une fois depuis longtemps, j'arrive à lire en lui comme dans un livre ouvert. Je n'ai pas eu besoin de lui poser la question pour savoir et comprendre son envie d'appeler une petite fille Hope.
C'est un signe à l'espoir. Ce même espoir qu'on a eu toute notre vie, le même espoir d'avoir un amour inconditionnel. Et enfin, un ultime espoir qu'un jour, je puisse porter et donner la vie à un enfant.
Tout ça a commencé avec nous deux. On voulait être aimé. On s'est aimé. Tout a commencé avec lui. Je suis sa sauveuse. Il est ma maison. Cette histoire, c'est la nôtre. C'est lui et moi. Depuis le début. Ce n'était qu'un simple jeu : play before.
Fin
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Play before
Action( /!\Spin off de Play again. Cette histoire peut être lu avant/!\ ) Ils disent de lui qu'il est dangereux, mais il l'a sauvé. Dans un monde mélangé par la cruauté des gens et de la famille, rien n'est facile. Alors que lui est tombé bien bas après d...