OVEREXPOSED

10 | overbrave

ESTHER

16:48

« Combattre le mal par le mal », telle est ma nouvelle devise.

Aussi, j'ai décidé de frapper fort et ai pris les choses en main pour aller mieux. C'est vrai, on m'a pris quelque chose qu'on avait pas à me prendre et c'est vrai aussi, on m'a clairement lynchée sur la place publique en m'insultant de tous les noms et en me répétant que mon copain n'avait strictement rien à faire avec moi. Le truc, c'est que je ne peux rien contrôler de tout ça... rien, sauf l'impact que ça a sur moi.

Aussi, j'ai décidé de poster ce matin deux photos de moi et Maël : une où nous sommes tous sourires sur son scooter, et une ou il m'enlace avec un regard amoureux. En légende, j'ai décidé d'écrire « je crois que ce n'est plus une surprise », accompagné d'un emoji joyeux. Maël a republié ma photo, reprenant ma légende.

Cette fois-ci, les commentaires provenaient de nos deux communautés et donc, de gens qui apprécient notre contenu et qui nous sommes. Les commentaires ont donc été beaucoup plus gentils, et je dois avouer que cette vague d'amour m'a redonné confiance en moi. Ça fait du bien.

J'ai aussi repris un rythme de vie plus sain : je me lève plus tôt, je fais du yoga, je cuisine, je grignote moins et je travaille plus. J'ai l'impression d'avoir enfin le rythme de vie que tous mes collègues créateurs de contenus ont, et ça me soulage.

Pour une fois, j'ai l'impression que ma vie n'est enfin plus en décalage.

— Je vous tiendrais au courant dès que j'aurais terminé ces trois bouquins mais franchement ils me font tous envie, expliqué-je à la caméra. Je vais sûrement commencer par celui-ci, Le complexe de l'obscurité. C'était celui que j'aimais le moins des trois mais quand j'en ai parlé en story sur Instagram tout le monde me l'a conseillé, alors ça m'a convaincue.

Je marque une pause pour déposer les trois livres à mes pieds puis reprend :

— En tout cas voilà, je crois qu'on a fait le tour des achats que j'ai fait récemment ! Merci d'avoir regardé la vidéo jusqu'au bout et n'hésitez surtout pas à me dire ce que vous en avez pensé. Bisous bisous et à bientôt !

Sur ce, je coupe la caméra d'un air fier. Bon, ça, c'est fait !

Je passe le reste de l'après-midi à monter la vidéo que je viens de tourner, confortablement allongée sur le canapé du salon, mes lunettes anti-lumière bleue sur le nez. Adèle finit à dix-huit heures le jeudi et Cléo rentre encore plus tard, alors je ne suis pas dérangée dans mon travail.

Soudain, alors que je suis environ à la moitié de mon montage, j'entends une clé tourner dans la serrure. Cléo apparaît alors sur le seuil et me lance un regard surpris, l a main encore posée sur la poignée.

Je sais, c'est mal... mais la première chose qui me frappe c'est à quel point il est beau. Ses cheveux bruns sont légèrement en désordre et il porte un trench-coat par-dessus une chemise bleu pâle. Il a cet air à la fois chic et professionnel des types qu'on croise à la Défense et cet éclat spécial dans les yeux qui m'avait déjà marquée la première fois que nous nous sommes croisés près de l'ascenseur.

Au contraire de Maël, qui a réellement un visage sans défaut et une carrure de mannequin, Cléo est plus grand, plus sec aussi. Son visage est anguleux, ses bras noueux, son nez droit et les oreilles légèrement décollées. Il n'a rien de parfait et je pense que c'est justement ce charisme indéniable et le fait qu'il soit réellement une beauté « accessible » qui fait tout son charme.

— Salut.

Ses yeux s'attardent un minuscule instant sur mes jambes nues, me rappelant alors que je ne porte qu'un caleçon rayé sous mon immense t-shirt blanc. Merde.