18 | overloyal

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CLÉO

7:43

— Arrête de gigoter, ça ne la fera pas venir plus vite.

Adèle s'arrête une seconde de bouger pour me lancer un regard noir, puis se reconcentre sur les escaliers. Elle n'arrête pas de se hisser sur la pointe des pieds puis de redescendre, de se tortiller les mains ou de plisser les yeux comme si elle allait mieux voir de loin – n'importe quoi.

— Son avion n'était pas censé arriver il y a déjà trente minutes ? gémit alors ma sœur.

— Si, et c'est le cas ; c'est écrit sur le panneau d'affichage. Elle doit sûrement être en train de récupérer sa valise, laisse-lui un peu le temps de respirer.

Adèle ronchonne dans sa barbe, trépignant d'impatience. Elle a le sourire jusqu'aux oreilles depuis hier soir, quand j'ai accepté son idée. Elle voulait à tout prix qu'on aille chercher Esther ensemble à l'aéroport ce matin, bien qu'il soit extrêmement tôt. Pour l'occasion, j'ai demandé à Sylvie de me prêter sa voiture et lui ai refilé Louis au passage. Elle était tellement heureuse de pouvoir s'occuper du bébé-sourire pour la journée qu'elle m'a lancé ses clefs sans rechigner.

— Oh, je crois que c'est elle ! Je reconnais sa casquette ! s'exclame soudain Adèle en pointant du doigt l'un des escalators en face de nous.

Je balaie l'espace des yeux et en seulement quelques secondes, je l'aperçois à mon tour. Elle porte effectivement une casquette, une bleue marine qui tranche bien avec ses cheveux blonds attachés en deux petites tresses. Elle porte un immense sweat noir à inscription par-dessus un leggings simple et se traîne tellement de sacs que je dois attendre de la voir sortir de l'escalator pour pouvoir les compter.

Esther pose à peine un pied sur le sol français qu'Adèle s'écrie d'une voix forte :

— Esther, Esther ! On est là !

Surprise, la blonde relève la tête et scanne la foule du regard pendant quelques instants. Lorsque son regard se pose sur nous, elle écarquille les yeux et sa bouche s'ouvre toute seule sous le coup de la surprise.

Dès qu'elle se rapproche un peu, Adèle lui saute dans les bras. Esther la réceptionne relativement bien – traduction : elle ne s'écroule pas par terre, disons que c'est un bon début – et la serre contre elle, toujours surprise.

— Mais qu'est-ce que vous faites là ?! demande-t-elle, choquée, toujours dans les bras de ma sœur.

Je rapproche les bagages d'Esther qu'elle a abandonné sur le sol vers nous tandis que ma sœur répond avec enthousiasme :

— On voulait te faire la surprise ! Oh la la, tu nous as trop manqués cette semaine.

Un sourire touché illumine alors le visage d'Esther, qui relâche enfin Adèle. Nous nous retrouvons alors face à face, une drôle d'ambiance flottant entre nous. Étant donné qu'elle a fait un câlin à ma sœur, Esther semble penser que c'est la meilleure chose à faire pour me saluer à mon tour et elle me serre brièvement contre elle, mon nez frôlant sa joue pendant quelques secondes.

— Ah oui ? dit-elle alors.

Vu que ses yeux sont rivés sur les miens, je comprends vite qu'elle attend une réponse de ma part en particulier. Aussi, je réponds, pince-sans-rire :

— Oui, carrément. On a eu du mal à trouver une baby-sitter pour Louis mercredi.

Esther secoue la tête pour masquer son sourire amusé.

— Alors, comment c'était New York ? s'exclame alors Adèle en tapant dans ses mains. Il faut que tu nous racontes tout !

— Eh bien, c'était...

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