OVEREXPOSED

13 | overprotective

CLÉO

15:40

Chacun a sa propre façon d'exprimer son amour.

Cela ne tient pas nécessairement à de grandes déclarations : cela peut résider dans une surprise, un cadeau, un petit mot. Dans mon cas, c'est basé principalement sur deux choses : des SMS protecteurs du genre « tu es bien arrivée ? » et surtout, surtout, la nourriture.

La plupart du temps c'est un avantage mais j'avoue que parfois, j'ai tendance à en abuser.

En l'occurrence, aujourd'hui, j'ai abusé.

— Purée, qu'est-ce que c'est que tout ça ? s'exclame Adèle en pénétrant dans la cuisine.

Je sors la grille du four et la dépose sur le plan de travail avant de répondre simplement, comme si tout était normal :

— Euh, c'est cookies ?

Ma sœur me fixe d'un air dubitatif.

— Non, ce n'est pas juste des cookies : c'est des dizaines et des dizaines de cookies. Tu ouvres une pâtisserie ou quoi ?

J'hausse les épaules, souriant.

— Même pas. C'est juste qu'Adam vient aujourd'hui.

Aussitôt, le visage d'Adèle s'illumine et elle frappe dans ses mains d'un air joyeux en s'exclamant :

— Arrête, sérieux ?!

J'acquiesce, mon sourire mangeant la moitié du mon visage.

— Sérieux, confirmé-je.

Aussitôt, ma sœur se met à sautiller. Je me doutais qu'elle serait elle aussi très heureuse de revoir mon meilleur ami, ce qui n'est pas très étonnant vu que nous avons pratiquement grandi ensemble.

Adam est le fils des meilleurs amis de nos parents. Nos pères se sont rencontrés au lycée et ont fait les quatre-cent coups ensemble et tout naturellement, une fois mariés et pères de famille, ils ont fait rencontrer leurs enfants. C'est ainsi qu'Adam, Adèle et moi avons grandi tous les trois.

J'adore littéralement Adam. Tout le monde l'a toujours considéré comme un nerd un peu bizarre – bon, le fait est qu'il est bizarre –, mais je ne connais personne de plus généreux et adorable que ce type. Ma plus grande peine dans la vie est qu'il habite toujours dans le Sud-Ouest, là où nous avons grandi et où nos parents habitent encore.

— On lui présente Esther ? demande alors Adèle.

Sa voix est au comble de l'excitation, comme si cette perspective la réjouissait. Je dois avouer que l'admiration qu'elle voue à Esther est adorable, bien que j'ai parfois l'impression qu'elle l'aime presque plus que moi.

— Elle m'a dit qu'elle dormait chez Maël ce soir, donc je ne pense pas.

Ma petite sœur me fixe d'un drôle d'air.

— Quoi ? demandé-je.

— Tu as l'air déçu.

— Déçu de ?

— Qu'elle dorme chez Maël.

Je roule des yeux et me détourne pour déposer les cookies tout chauds avec les autres dans l'un des immenses Tupperware que j'ai réquisitionné – parce oui, il y en a plusieurs (au secours).

— N'importe quoi, rétorqué-je. Je préfère qu'ils soient ensemble chez-lui plutôt qu'ici.

— Pourquoi ?