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CLÉO

17:05

Mon livre est sorti.

Non, rectification : mon livre est sorti et c'est un carton.

Personne n'avait vu venir ce succès, moi y compris. J'avais tellement peur que ce deuxième tome soit un flop que je m'étais préparé mentalement à ce que toute la maison d'édition me tombe dessus et me reproche d'avoir tout fait capoter. Mais finalement, c'est tout l'inverse.

Le communiqué publié par la maison d'édition dans lequel on m'attribue enfin mes publications a complètement retourné le monde du livre. Mon nom a été en tendance sur Twitter pendant près d'une semaine et j'ai reçu des centaines de mails pour des demandes d'interviews et de participation à des articles rédigés à mon sujet. J'en ai accepté certaines, uniquement dans les groupes médias qui n'avaient jamais publié un torchon avec les mots de Tony. Ceux-là, je refuse de leur donner du crédit.

En parlant de Tony, je pense que tout le monde a compris en même temps que sa carrière est bel et bien terminée. Il me semble qu'il s'est lancé sur YouTube pour essayer de rebondir et forcément, histoire de surfer un minimum sur la tendance, il a publié plusieurs vidéos pour donner sa version de l'histoire intitulées sobrement « COMMENT MA MAISON D'ÉDITION A GÂCHÉ MA VIE » et « TONY MIRALES, L'ANGE DÉCHU » – plus kitsch et cliché, tu meurs. Ses vidéos n'ont pas dépassé les mille vues et personne n'y a prêté attention. C'est définitif : la légende Tony Mirales, le bad boy qui écrit des romans torturés, est morte est enterrée. Et sincèrement, je ne pourrais pas être plus content.

J'ai d'abord pensé que l'ignorer complètement serait le meilleur des mépris, puis j'ai repensé à ce qu'il m'avait dit il y a quelques semaines lorsque nous préparions son interview télévisée.

« M'enfin, c'est le drôle d'une doublure ; faire le sale boulot... Et se taire. ».

Alors, j'ai décidé de m'asseoir sur mes grands principes et pour une fois, de rendre la monnaie de la pièce à ceux qui le méritent. Aussi, je lui ai dédicacé un exemplaire du tome deux du Complexe de l'obscurité et l'ait fait envoyer chez-lui après avoir supplié Sylvie de me communiquer son adresse. Je paierais cher pour voir la tête qu'il fera quand il verra ce que je lui ai écrit, à savoir :

Pour Tony,

Celui qui m'a inspiré l'un des meilleurs personnages du roman (Arès, celui qui meurt à la page 4).

J'espère que tout va bien de ton côté et que tu t'habitues bien à être dans l'ombre.

Après tout, ce n'est pas compliqué ; il suffit juste de faire le sale boulot... et se taire.

Amicalement,

-C.

Oh bon sang, j'espère presque qu'il va me répondre en vidéo.

En tout cas, ce nouveau roman a été aussi l'occasion de faire un joli renouvellement dans ma vie. Grâce à cette publication, j'ai reçu des tas de coups de fils d'anciens amis, collègues et professeurs ainsi que de ma mère, qui m'a appelé pour me féliciter. Ça m'a fait drôle de l'entendre parler de mon roman, surtout en sachant qu'il était en grande partie autobiographique et basé sur son histoire avec mon père. Elle avait l'air émue et m'a fait promettre de vite revenir dans le Sud pour qu'on puisse en parler plus longuement. Elle m'a aussi remercié pour les deux exemplaires que je lui ai envoyé.

Parce que oui, j'en ai tout de même envoyé un pour mon père.

J'aurais tellement aimé qu'il comprenne tout ce qu'il se passe actuellement autour de moi. Mon cœur est brisé à l'idée qu'il ne puisse pas se rendre compte de ce que je deviens et du chemin que j'ai parcouru. Parfois, j'écris des mails à son attention où je lui raconte ce que je fais, ce qui se passe dans ma vie, comment Adèle réussit à l'école, les premiers mots de Louis – et parfois même un peu d'Esther quand je me laisse emporter.

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