2 | overtired

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CLÉO

00:22

C'est officiel : j'ai trouvé l'appartement de mes rêves.

Honnêtement, je n'y croyais plus – tellement d'ailleurs que lorsque j'ai trouvé celui-ci, j'ai cru qu'il s'agissait d'un canular. Mais heureusement il est bel et bien réel, et exactement comme sur les photos de l'annonce. Je suis tellement heureux et soulagé que je n'arrête pas d'embrasser la pièce principale du regard, jouant avec mes clés du bout des doigts comme une CPE devant le collège un jour de rentrée.

C'est parfait, pensé-je, satisfait.

Il est spacieux, lumineux et il y a même un ascenseur dans l'immeuble, ce qui est très clairement une bénédiction. Je n'ose même pas m'imaginer pousser l'énorme poussette de Louis sur trois étages – à mon avis, j'aurais perdu un bras sur la route.

Je m'approche des deux grandes fenêtres du salon et jette un regard par celle qui se trouve la plus proche de la télévision, souriant malgré le temps désastreux. Il pleut à verse, signe que le mois de septembre est bel et bien là.

Épuisé, j'écrase un bâillement en me détournant. Je me suis levé plusieurs fois cette nuit et ai passé une journée éreintante, et tous mes muscles me font mal. En plus ma montre indique minuit passé, ce qui ne peut signifier qu'une chose : il est grand temps que je rentre me coucher.

Après un rapide tour pour récupérer ma veste laissée sur l'un des boudins du canapé, je compose le numéro d'Adèle tout en quittant l'appartement.

— T'es toujours pas rentré... soupire sa voix dans le combiné – avant même de me dire bonjour, notez-le ; une vraie malpolie.

Je tente de fermer la porte d'entrée d'une main, l'autre tenant le téléphone contre mon oreille.

— Ouais, et c'est pour une bonne raison. Tu sais, l'appartement que j'ai trouvé... Eh ben il existe vraiment, figure-toi !

— Non ! s'exclame Adèle d'une voix choquée. Merde, non, répète-t-elle en chuchotant en se rendant compte qu'elle a crié.

Je souris en l'imaginant jeter un regard à Louis, endormi dans le berceau près de son lit. À cette heure-ci, il doit dormir à poings fermés – d'autant qu'il faisait sa rentrée chez la nounou, aujourd'hui. J'ai hâte de savoir comment cela s'est passé.

— Et si, répliqué-je en appelant l'ascenseur. Et non seulement il existe vraiment mais en plus, il est génial.

— Menteur, je te crois pas.

Je roule des yeux en pénétrant dans la cabine.

— Si je te le dis !

— Alors dis-m'en plus ! Il est grand, lumineux, propre ? Est-ce qu'il est bien isolé ? Et est-ce que les chambres sont grandes ?

Je m'apprête à répondre à Adèle lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent devant moi. Dans ma précipitation pour sortir, je manque de percuter de plein fouet une femme qui se tenait sagement derrière les portes.

— Oups, désolée, me dit-elle en reculant.

Je lui fais signe que ce n'est pas grave, m'attardant une seconde sur ses yeux bruns. Puis, elle pénètre dans la cabine et je m'éloigne vers la porte d'entrée de l'immeuble, le téléphone toujours collé à l'oreille.

— L'appartement est génial, réponds-je alors, exactement comme sur les photos. Par contre, j'ai hâte que tu arrives avec les affaires – la déco est assez impersonnelle.

Quand je me retourne pour refermer la porte derrière moi, l'ascenseur et la fille qu'il contient est déjà reparti. Dans le combiné, Adèle pousse un petit cri de joie qui me fait sourire.

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