Je suis étrangement calme bien qu'éminemment douloureuse ; si c'est de cette façon que je dois vivre les derniers instants de mon existence, soit ; j'ai toujours su que cette maladie me tuerait de toutes façons alors qu'elle le fasse maintenant ne me remplit que de joie parce que j'aurai enfin ce que je veux.
Comment un être peut-il autant souffrir ? Comment peut-il vivre avec des douleurs aussi intenses ? Aussi imprévisibles et aussi inouïes ?
Je n'en peux plus. J'ai vécu une belle vie, j'en ai déjà fait le bilan alors je suis prête à partir lorsqu'ils conduisent mon lit en réanimation.
Ne me réanimez pas. Laissez mon état se détériorer.
La morphine me fait planer et dans mes délires, je les revois et les sens en moi. C'est horrible ... Je veux mourir ; je veux partir ... Ne plus les voir quand je ferme les yeux ... Ne plus avoir autant mal au cul ; ce cul qui me lance toujours autant que je souffre intensément quand je me trouve assise. Ils m'appliquent de la pommade à cet endroit et autant dire que l'opération est foncièrement douloureuse parce qu'elle implique de moi de me mettre sur le côté.
J'ai horreur de ça. Horreur de hurler tant mes douleurs sont fortes.
Ne pleure pas.
Tu es plus forte que ça.
Tu as mal en ce moment mais ça passera.
Je m'interdis de pleurer même si j'en ai le droit ; je m'interdis de faire voir ma peine, et de faire transparaître ma souffrance et l'horrible douleur que me fait ressentir cette crise. Je me dois de rester forte ... Les crises ça passe ... Elles passent toujours mais je n'en n'ai jamais vécu d'une telle intensité où la douleur s'est confortablement nichée dans toutes les parcelles de mon organisme ... Même ma tête.
Oui j'ai mal au crâne ... Au front, aux tempes ainsi qu'à l'arrière, dans la zone du cervelet ... Ça tambourine dans ma tête et cette douleur me nargue clairement. Elle le fait absolument, se manifeste insolemment et c'est fou comme je la hais.
Les médecins m'ont demandé de contacter ma famille mais je ne veux pas qu'ils me voient dans cet état ; ça les inquiéterait trop et puis je mourrai de toutes façons alors je ne veux surtout pas qu'ils me voient sur mon lit de mort alors que je vis les derniers instants de ma vie.
Dans cette nouvelle salle ils me branchent à d'autres appareils dont l'un qui est censé m'aider à mieux respirer ; ils me font faire de nouvelles radios et passer un IRM et un Scanner. Cette douleur lancinante ne me quitte pas ; elle s'accroche à moi comme un être vivant s'accrocherait désespérément au bord d'une falaise par peur de tomber dans le vide.
Je ne parviens même pas à m'endormir ; tout au plus je m'assoupis et lorsque par intermittence je rouvre les yeux, mon regard tombe sur Carl et sa mine profondément inquiète voire accablée comme l'est sa position en ce moment avec les mains sur la tête ; il se pose aussi sur Guy se trouvant près de la porte et dont le regard et l'expression se font si dramatiques qu'on dirait qu'il a pleuré ou qu'il est sur le point de le faire. N'ai-je pas été assez claire comme ça ? Je ne veux pas le voir, je veux qu'il dégage d'ici. D'ailleurs que fait-il là ?
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ᴜɴ ɪɴᴀᴛᴛᴇɴᴅᴜ ʀᴇᴠɪʀᴇᴍᴇɴᴛ - ʙᴇɢɪɴɴɪɴɢꜱ
EspiritualSûr de lui, presque imbu de sa personne, la faire sienne n'est pour lui qu'une simple formalité après tout il en a l'habitude. Elle, c'est un radar, une sentinelle et elle sait d'emblée qu'elle ne veut rien avoir à faire avec lui. Il insistera, pers...