M'installant face à lui, je pose mon sac sur le siège à ma gauche avant de poser de nouveau mes yeux sur lui ; son sourire, ce sourire, aussi bienveillant et paternel que dans mes souvenirs.
- Racontez moi tout
- Que voulez-vous savoir Mr Berthon ?
- Et si vous me disiez comment se passe votre travail à Henri Mondor pour commencer ?
- Il se passe très bien écoutez je m'y sens bien et épanouie ; les jours ne se ressemblent pas, j'y apprends et découvre de nouvelles choses tous les jours et surtout m'émerveille de chaque petit miracle
- De petits miracles ?
- Oui. Mon champ étant la neuropsychologie, je traite les patients ayant des atteintes cérébrales et une telle atteinte a des répercussions sur le reste du corps. Dans le cas d'une thrombose par exemple c'est à dire l'obstruction de vaisseaux entrainant des AVC ou d'autres pathologies liées à un problème de vascularisation, le petit miracle c'est de voir certains patients se rétablir après avoir fait de la rééducation et c'est beau de voir la différence avant/après
- Le corps humain et ses mystères ...
- Comme vous le dites ; il est bien mystérieux d'autant qu'il y a une autre catégorie de patients ayant fait des accidents vasculaires il y a quelques années, qui n'ont été ni réguliers dans leur suivi, ni dans leur traitement et dont le bilan le plus récent montre une stabilisation de leur vasculopathie alors si c'est pas un miracle ça, je me demande bien ce que c'est
- Sans rééducation aucune ?
- Tout à fait ! Sans rééducation ni suivi. La plupart des personnes n'aime pas aller à l'hôpital alors cet évitement peut se comprendre
- Vous êtes de celles là ?
- Moi c'est un peu particulier ; je ne me rends à l'hôpital que quand c'est strictement nécessaire
- Ça aussi ça peut se comprendre sourit-il et pour revenir à ces petits miracles, vous n'êtes encore qu'au début de votre carrière vous aurez le temps de vous en émerveiller davantage dans les années à venir j'en suis certain
- Je l'espère en tout cas et pour être tout à fait honnête avec vous, je ne demande que ça
- Vous avez postulé directement dans cet hôpital et avez reçu une réponse positive ou vous avez passé un concours et y avez été affectée ? Comment ça s'est passé ?
- J'y ai passé mes deux ans d'alternance et j'ai eu une promesse d'embauche c'est aussi simple que ça souris-je
Avec l'affaire Italie, j'avais vraiment peur que mon avenir soit compromis avec la crainte prégnante qu'ils pensent que je n'en valais pas la peine, que je ne faisais pas preuve de sérieux dans mes études et que je ne méritais ma place ni en tant qu'étudiante ni en tant que future professionnelle. Avec tout cela une angoisse latente, dormante mais toute aussi importante ne me quittait pas de devoir retaper mon année, de recommencer et de devoir trouver un poste ailleurs sachant que les recherches que j'ai faites concernant ce projet se sont montrées assez décourageantes, tant la procédure est longue alors j'ai poussé un grand ouf de soulagement quand j'ai reçu cette promesse d'embauche ; j'ai sans cesse remercié le ciel et dans le même temps n'ai cessé de me répéter que si j'étais encore en vie c'était pour une raison même si je n'ai aucune idée de ma mission sur terre puisqu'on dit que tout le monde en a une ... De ce que je sais, c'est que tout le monde meure un jour ; je m'en irai naturellement comme je suis venue sur terre.
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ᴜɴ ɪɴᴀᴛᴛᴇɴᴅᴜ ʀᴇᴠɪʀᴇᴍᴇɴᴛ - ʙᴇɢɪɴɴɪɴɢꜱ
EspiritualSûr de lui, presque imbu de sa personne, la faire sienne n'est pour lui qu'une simple formalité après tout il en a l'habitude. Elle, c'est un radar, une sentinelle et elle sait d'emblée qu'elle ne veut rien avoir à faire avec lui. Il insistera, pers...