ⒸⒽⒶⓅⒾⓉⓇⒺ ⑤⑤

23 6 3
                                    

Alors que je dépose ma mère à l'entrée de son immeuble, mon angoisse reste toujours aussi profonde quant à la décision qu'elle prendra me concernant. Je tente de me rassurer en me disant que j'ai été honnête, j'ai avoué mes fautes, j'ai révélé la vérité, j'ai reconnu que ce que j'avais fait était mal, je me suis libéré de ce poids mais je sais qu'il y aura forcément des représailles et je ne suis pas encore prêt à y faire face bienque je doive assumer les conséquences de mes actes.

Portant mon attention sur ma mère sur le siège passager

- Tu dors ici ce soir ?

- Je ne sais pas encore mais quoiqu'il en soit verrouille bien la porte

- D'accord trésor et bon courage surtout dit-elle en me baisant le front avant de me porter un sourire chaleureux

- Merci m'man

- Aller file dit-elle en sortant de la voiture ; je m'assure qu'elle soit bien rentrée dans l'immeuble avant de prendre la route

Mettant un peu de musique, je tente de me détendre à tout prix ; je me sais incroyablement tendu, je sais que mes muscles sont crispés tant l'angoisse baignant en moi m'est alarmante et douloureuse alors si j'arrive encore plus tendu que nécessaire, je ne pense pas que ça jouera en ma faveur. Quoique ... Peut-être que si ... Avant de me mettre ces pinces, elle m'a fait un massage pour me détendre alors je pourrais peut-être en avoir un ...

Portant un œil sur l'horloge numérique, je note qu'il est vingt-trois heures vingt-et-une ; après quasiment chaque kilomètre avalé mon regard la rencontre et ce tic ne m'apporte rien de bon puisqu'il rompt l'effet apaisant de la musique censée me détendre, accentuant la boule d'angoisse dans mon estomac.

Il est vingt-trois heures trente-deux quand je me gare non loin de sa résidence ; j'ouvre la boite à gants, sors mon parfum, m'en vaporise quelques gouttes supplémentaires avant de me regarder dans le rétroviseur. Courage Chris. De toute façon le mal est fait alors vas-y et assume les faits comme un homme. Je sors de mon véhicule, le verrouille puis m'avance vers la porte d'entrée de cet immeuble ; j'en compose le code et souffle un coup avant de sonner à l'interphone ; elle me laisse monter et un certain stress s'empare de moi.

Prenant les escaliers pour retarder au plus possible ce moment, je pousse la porte de son étage à vingt-trois heures trente-cinq ; m'avançant sur son pallier, je patiente avant l'heure fatidique tout en essayant au maximum de me détendre et de me calmer puis, ma main se lève vers la sonnette et lorsqu'il est exactement vingt-trois heures quarante, mon doigt appuie dessus. J'entends distinctement ses chaussons de l'autre côté de la porte ; elle la déverrouille puis l'ouvre. Nos regards se touchent, le sien me gifle, son expression est aussi inexpressive que d'habitude. Elle maintient tant le sien dans le mien que je finis par en être gêné et regarde ailleurs ... Elle est en colère non ? Son regard est si ... Ce n'est pas de la colère ... Du mépris peut-être ? Comment une personne aussi belle peut-elle aborder une expression à première vue inexpressive, cachant en elle un tel détachement, une telle insensibilité ne sachant que me tourmenter et me faire me sentir aussi pathétique ? J'aurais au moins préféré qu'elle soit en colère, qu'elle me crie dessus mais ça, ce silence fait bien trop mal.

Le poids de son regard est beaucoup trop lourd à porter alors je le fuis et regarde ailleurs ... Elle n'a encore rien dit que ma culpabilité se fait plus forte et un fort sentiment de honte m'étreint et je déteste me sentir comme ça. Je déteste ressentir ça et elle ne fait rien pour apaiser ce sentiment ; qui lui en tiendrait d'ailleurs rigueur ? Sûrement pas moi puisqu'elle est absolument dans son bon droit.

ᴜɴ ɪɴᴀᴛᴛᴇɴᴅᴜ ʀᴇᴠɪʀᴇᴍᴇɴᴛ - ʙᴇɢɪɴɴɪɴɢꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant