Les enfants déchus : la fin d'une civilisation

Chapitre 8

*pdv Tina*

Elle avait vu son père pleurer. Elle avait vu son père pleurer pour elle. Et Tina ne s'en remettait toujours pas. Les mains paralysées autour du volant, la scène se rejouait en boucle dans sa tête. Les mots doux que sa mère lui murmurait en signe d'encouragement lui rappelant qu'elle était également la petite fille d'Aphrodite, que sa voix pouvait aussi la sauver. Puis cette étreinte, ce cœur battant en tout rompre dans une poitrine ferme. Mais ce n'était pas le sien. C'était celui de son père qui battait la chamade alors qu'il lui disait au revoir. Un cœur qu'elle n'avait jamais sentit battre aussi vite, aussi douloureusement. Un cœur puissant et bien vivant que Tina avait cru pendant des années de pierre. Puis une larme. Une unique larme que Tina avait observé avec stupeur retomber sur son épaule avant de coulait le long de sa manche. Son père avait pleuré pour elle, aussi incroyable que cela puisse paraitre, Tina en avait la certitude cette unique larme était pour elle et rien que pour elle.

Pourquoi maintenant ? Pourquoi avait-elle attendu ce départ si angoissant pour se rendre compte que derrière la carapace son père l'aimait ? Au fond, Tina l'avait toujours su mais il y a une grande différence entre le savoir et le voir se réaliser devant ses yeux. La petite fille de Jupiter avait envie d'hurler, de fracasser ce volant à coup de poing jusqu'à qu'il ne reste que des miettes. Bon sens ! Elle avait été complétement idiote. Elle avait été complétement aveugle. Cela fait bien longtemps qu'elle aurait dû l'avoir compris, l'avoir ressenti. Mais il avait fallu que la fin du monde sonne à sa porte pour qu'elle le ressente enfin, cet amour. Tina avait envie d'hurler son désarrois au monde entier jusqu'à ne plus avoir de voix, jusqu'à que les mots meurent dans sa bouche avant même d'avoir franchit la barrière de ses lèvres.

- « C'est la prochaine sortie » déclara Julia le nez penché sur sa carte

Tina revint brusquement à la réalité et au faite qu'elle était actuellement à 130 klm sur l'autoroute avec les vies de ces camarades entre les mains. Il fallait qu'elle se concentre. Sa main glissa vers le clignotant, et elle commença a diriger le véhicule vers la droite.

Les rôles s'étaient vite distribués dans la Rangers que conduisait Tina. Perceval et Bianca jouaient à une sorte de bataille à l'arrière à côté d'une Damnésa qui semblait dormir la tête reposant contre la vitre mais Tina sentait son aura méfiante parcourir les alentours sur le qui-vive. Julia sur le siège passager tenait une carte routière dans les mains et indiquait la route à Tina qui conduisait. Mais le véritable problème c'est qu'il n'avait aucune idée d'où aller. Donc pour l'instant, il tournait un peu en rond à la recherche d'indice. La nuit qui tombait avait précipité la cherche d'un hôtel qui serait à la fois pas trop fréquenté mais pas non plus complétement désert. Et pour l'instant, il n'avait pas encore quitté l'Etat de Californie.

- « Ils ne doivent pas être parti bien loin » déclara Tina « Malicia n'attend que le chemin se dégage pour tenter une attaque de nouveau. Elle doit rester dans le coin »

- « Tu as raison » lui répondit Julia « Cela m'étonnerais qu'elle ait quitté la Californie »

- « La Californie, c'est grand » marmonna Damnésa en s'immisçant à la conversation « Cela nous aide pas beaucoup »

- « Merci de ton soutient » répondit Tina dans un soupir

Le temps de leur petite discussion, une ville ou plutôt un grand village était apparu dans leur champ de vision. Tina ralentit peu à peu la voiture et baissa les phares, moins on les remarquait mieux c'était. La lumière défluant attira l'attention de Bianca qui releva la tête de son jeu de carte.

- « On s'arrête ? » demanda-t-elle

Tina se demandait de plus en plus si c'était une bonne idée de l'avoir embarqué là-dedans. Malgré sa détermination, elle restait une enfant dans ses réactions et son comportement et une enfant n'avait rien à faire au milieu d'une fin du monde.