Chapitre 28

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*pdv Damnésa*

Qu'est-ce qu'on était capable de faire pour les gens qu'on aimait ? Quelles limites on été prêt à franchir ? Pour qui ? Est-ce que tout le monde en valait la peine ? Est-ce que s'était vraiment la meilleur chose à faire ? Est-ce que l'amour avait un quelconque sens dans ce monde merdique ?

Damnésa s'était souvent posée ces questions. Si pour Cast ou pour son père, les réponses semblaient évidentes, elles étaient loin de l'être pour l'adolescente. Et elle n'était pas aussi rationnelle que son plus jeune frère ou sa mère pour arrêter de se les poser. Lorsqu'elle baissa son sniper, elles l'assaillirent de nouveau. La petite fille de Poséidon savait qu'elle avait ôté beaucoup de vie aujourd'hui, surement plus que pendant toute sa vie. Pourtant elle ne parvenait pas à ressentir le moindre remord. Elle ne ressentait qu'un sentiment de plénitude étrange qui lui donnait l'impression d'être dans un cocon.

Avec difficulté, elle fit glisser la lucarne de la fenêtre. Elle était au quatrième étage d'une des plus grandes maisons de la Nouvelle-Rome. En regardant en bas, elle se dit que cela faisait quand même haut pour se retamer par terre. Pourtant Damnésa passa d'abord une jambe (celle dont elle pouvait se servir) puis sa main valide qui vint agripper la poutre servant de support à la fenêtre. Ce n'était clairement pas recommandé mais l'adolescente fit basculer tout le poids de son corps vers l'extérieur. Avec minutie, elle s'appuya sur sa main pour faire remonter sa jambe sur le support puis elle rampa à plat ventre sur le toit. Au point le plus haut de la maison, elle se redressa. Sa silhouette se découpait à la perfection dans une nuit commençant à être plus claire. Le jour n'allait pas tarder à se lever.

Le Camp était plongé dans une ambiance surréaliste. La première chose qui frappa l'adolescente fut le silence. Un silence étrange enveloppait les demi-dieux dans un sorte de brouillard comme si une foule entière retenait sa respiration. Et alors que le vent charriait les cendres au loin, l'air demeurait lourd et humide. Elle sentait un mélange de cendre, de sel et d'électricité. L'horizon se dégageait petit à petit laissant apparaitre un paysage d'apocalypse. Il n'y avait plus aucune étincelle brulant la peau puisque les incendies avaient consumé tout ce qui pouvait l'être. Et à certains endroits, la terre avait même été retournée par les explosions parsemant le Camp de cratère. Damnésa trouvait le paysage lunaire.

Elle aurait pu resté là longtemps bloquée sans sa contemplation. Elle aurait pu resté une silhouette se découpant dans la pale lueur de la lune. Elle aurait pu....si elle n'avait pas entendu un hurlement de rage à quelques étages plus bas. Et elle aurait pu si elle n'avait pas reconnu la voix de Tina.

- « C'est entre toi et moi maintenant, vermine ! »

Et la petite fille de Poséidon n'était absolument pas d'accord avec la première partie de la phrase.


Si Tina était en mode furie contre Malicia, Damnésa avait un sérieux compte à régler avec cette dernière. A chaque fois qu'on passait la main dans son dos, elle était parcourue de frisson incontrôlable. Elle n'avait pas voulu expliquer ou même montrer à ses parents ce qu'ils lui avaient fait. Elle aurait été incapable de supporter leur regard. Mais ce dont elle était sur, c'est qu'elle allait se venger.

La petite fille de Poséidon se laissa glisser depuis le toit en se rattrapant in extrémis à un balcon avec sa main valide. Prendre les escaliers auraient été plus simple et beaucoup moins merdique mais elle n'avait pas le temps. Alors elle progressa comme ça en se laissant tomber avant de se rattraper au dernier moment. Lorsque ses pieds touchèrent enfin le sol, sa main était en sang. Mais elle pouvait encore tenir son épée.

En se fiant à son instinct, elle se déplaça en rasant les murs. Le silence qui régnait donné un faux sentiment de sécurité qui était loin de la tromper. Et c'est parce qu'elle était tendue comme un arc, elle parvint à esquiver la flèche qui vint se ficher à quelques centimètres de son visage. Ses yeux avaient beau scruté les environs, elle ne voyait aucun signe de son lanceur. Mais en se retournant, elle remarqua le petit papier qui était enroulé autour de la flèche. Elle tira dessus en se reculant un peu au cas où il exploserait mais il céda sans heurte. Lorsqu'elle le déroula, elle due s'y prendre à plusieurs reprises pour le déchiffrait.

Les enfants déchus : la fin d'une civilisationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant