Zineb

En voiture

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Je regarde ma mère ne comprenant pas la cause de ce changement soudain d'humeur. Elle se retourne, prends le saladier avec la pâte de son gâteau, verse le mélange dans un moule et l'enfourne sans me considérer d'avantage. Je quitte la pièce d'un pas rapide, la tête pleines de questions. Je rejoins ma chambre avec la forte envie de claquer la porte mais Samir dors encore et n'a rien fait pour que je gâche son sommeil.

Je me dirige vers mon armoire, saisi un tee-shirt, un jean noir, et les enfile rapidement. Je cherche ensuite une paire de chaussette, regarde mon reflet dans le miroir. Je m'attarde, par la même occasion, sur les photos des mes amies collées sur le miroir. On y voit mes meilleures amies: Selma et Melina. Nous sommes amies depuis l'école primaire. Nous étions dans la même classe en CM1 et une forte amitié s'est crée entre nous trois.

Cette année, seulement Selma est dans ma classe mais nous arrivons quand même à nous organiser des sorties toutes les trois. Les photos me rappellent immédiatement que, ce soir, nous avions prévu d'aller au cinéma. Je ne sais pas comment je vais réussir à convaincre ma mère de me laisser y aller malgré tout. J'espère qu'elle ne me demandera pas d'annuler ma sortie.

Trois coups à ma porte me sortent de mes réflexions. Je me retourne pas encore prête à affronter les remarques de ma mère. Contre toute attente c'est Samir qui montre sa tête dans l'ouverture de la porte:

- Nesma, il se passe quoi avec maman ?

- J'en sais rien Samir mais depuis quand tu te lèves à cette heure là ?

- Depuis quand ça te regardes ? Non mais plus sérieusement Ness, pourquoi maman est de si mauvaise humeur dès le matin? Qu'est ce que tu as encore fais? Me demande-t-il avec un air sérieux.

- Samir, si je te dis que je n'en sais rien, c'est que je ne sais pas. Maintenant laisse moi, je te rappelle que je vais en cours tôt MOI, donc tu seras gentil de me laisser finir de me préparer.

- Sinon quoi ? Dit-il avec un sourire.

- Sinon j'appelle maman et tu subiras sa bonne humeur matinale, répondis-je en le regardant droit dans les yeux avec un sourire malicieux.

- Ok tu as gagné je te laisse, bonne journée ma chère sœur !

Alors que mon frère me laisse enfin, la voix de ma mère se fait entendre à l'étage « Nesma le temps passe dépêche toi. Samir lève toi, c'est la dernière fois que je te le dis ! ». Je ne peux me retenir de sourire face au reproche de ma mère sur la paraisse de mon frère. De ma chambre, j'imagine la grimace de Samir en réponse à l'avertissement de maman et ris seule avant d'aller chercher mon sac de cours, de fermer la porte de ma chambre et de dévaler les escaliers.

Dans la voiture, l'ambiance est tendue. Maman ne parle pas et son visage est fermé. Elle ne quitte pas la route des yeux et soupire de temps en temps au feu rouge. Je regarde désespérément par la fenêtre le paysage qui défile. Après plusieurs tentatives de conversation qui ont mené à des disputes je décide de garder le silence.

Quand je lui ai parler de ma sortie avec les filles de ce soir, elle m'a dit que je n'avais pas d'autres choix que de reporter. Elle m'a aussi dit qu'il fallait que j'arrête de penser qu'à « mes petits plaisirs personnels ». Il me semble qu'une seconde tentative de négociation serait une mauvaise idée. Je vais allumer la radio, cela détendra peut être l'atmosphère. J'appuie donc sur l'autoradio et la musique commence à se diffuser dans l'habitacle quand ma mère l'éteint d'un geste sec:

- On ne va pas, en plus, écouter cette musique de sauvages, et puis quoi encore ?!

- Pourquoi « en plus »? Qu'est ce qu'il se passe maman? Lui dis-je d'un ton inquiet.

- Nesma je te dis que je n'écoute pas cette musique un point c'est tout !

- Je ne te demande pas pourquoi je ne peux pas écouter la radio, je te demande pourquoi tu es de si mauvaise humeur depuis ce matin? Répondis-je énervée.

- Change de ton toute suite, je suis pas ta copine Nesma et ne me réponds pas !

Je décide d'arrêter la conversation car elle ne semble pas apte à parler calmement avec moi. Cette énième dispute a réussit à sérieusement m'énerver. Mon sang bouillonne dans mes veines. Dans quelques minutes nous serons au lycée et je pourrais retrouver les filles. Il faut que je me focalise sur ça. Nous arrivons au dernier feu qui se situe à deux-trois minutes du lycée. Je ne supporte plus la présence de ma mère, la manière injuste avec laquelle elle me traite. Mon regard traîne sur les autres automobilistes. Certains attendent tranquillement et d'autre pianotent sur leurs téléphones.

Soudain j'ai un déclic. Une idée traverse mon esprit. Je vais lui faire comprendre que son comportement est injuste. Maman est extrêmement pointilleuse sur la sécurité et les règles. Je vais lui faire une petite frayeur. C'est le moment ou jamais de mettre mon plan à exécution. C'est à mon tour de me montrer désagréable. Ce n'est pas très mature comme comportement mais à cet instant je m'en fiche royalement.

La mission est simple: je vais sortir de la voiture au feu et rejoindre le lycée à pied. Cela devrait la faire réagir et comprendre qu'il n'y a aucune raison pour qu'elle me parle ainsi. Lorsqu'elle va me voir marcher sur la route, elle va halluciner. Je ne compte pas subir ses reproches sans rien dire ! Après un petit temps de réflexion, je saisi mon sac, ferme ma veste, vérifie que mon téléphone est bien dans ma poche et ouvre la portière.

L'air frais rentre dans l'habitacle, je me hisse hors de la voiture. Lorsque mon pied se pose sur la route, je sais qu'il n'y a plus de retour en arrière possible. Je devine le regard interloqué de ma mère, ce qui me réjouit au plus haut point. Une fois entièrement sortie, j'entends ma mère sortir de son mutisme: « mais enfin Ness qu'est ce que fais ? Tu es malade ou quoi? Remonte tout de suite dans la voiture, c'est dangereux ce que tu fais ! NESMA remonte immédiat... »

Je referme la portière sans un regard et slalome entre les voitures qui attendent le passage au vert du feu. Certains conducteurs me regardent amusés, ou surpris tandis que d'autres sont totalement indifférants à la scène qui se passe sous leurs yeux. Je continue de traverser la route pour rejoindre le trottoir de l'autre coté. Ma mère ouvre la vitre coté passager et m'ordonne de revenir vers elle mais je continue mon chemin jusqu'à rejoindre le trottoir. Sans un regard de plus je me dirige vers mon lycée.