Te voilà !

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J'ai couru 1h sans savoir où j'allais. 1h dans la poussière et la chaleur du pays. Moment durant lequel je ne me suis pas vu courir et où je ne me suis jamais retournée. Au début je suivais les traces des voitures mais très vite elles ont disparu et j'ai dû improviser. On peut se dire que c'est stupide de fuir comme ça. Je le reconnais, ce n'est pas très intelligent. Certains claquent les portes de leur chambre et d'autres fuguent.

Dans mon cas, il s'agit d'un mélange des deux. J'ai un peu honte de le dire mais partir sans prévenir, me permet d'avoir l'attention de mes parents. Lorsque je les mets dans une situation où ils s'inquiètent pour moi, cela les obligent à imaginer ce que je ressens. Ils se mettent à ma place en quelque sorte.

J'ai très souvent le sentiment que mes sentiments ne comptent pour personne. « Si on me blesse, ce n'est pas grave ». Alors oui, sur le moment ça marche mais au final rien ne change. Maintenant je me sens bête, j'ai poussé mon père à bout et j'ai disparu dans le désert. Je ne comprends pas pourquoi je me montre si inconsciente !

Je suis perdue, il fait trop chaud et j'ai soif ! Bon... il ne faut pas que je panique. La meilleure chose à faire et de ne plus bouger et attendre. De toute façon où aller ? Je repère un rocher sur lequel je pourrais m'assoir avec un semblant d'ombre. Je m'y assoit. Les militaires sont capables de retrouver des terroristes, ils peuvent bien me retrouver moi !

En fin de compte la Syrie ne peut pas être considérée comme un beau pays. Le pays ravagé par la guerre terroriste n'offre rien d'attrayant pour des touristes. Tout est poussiéreux et sec. Tous les paysages se ressemblent. Je ne suis pas très objective cela dit. Je ne peux pas vraiment « visiter » le pays de mes « origines » puisque je dois me terrer au fond du désert.

Je me remémore mon entrevu avec Zineb puis la manière dont mes parents m'ont menti sur toute la ligne. Deux fois. Les larmes me montent aux yeux. Assise sur mon rocher, je rapproche mes genoux contre ma poitrine et pose ma tête dessus. Je repense à comment ils ont joué la comédie sur ma « soi pseudo adoption » où ils avaient hébergé ma génitrice ou je ne sais quoi. Plus c'est gros plus ça passe pas vrai ?

J'ai essayé de faire comme si ça allait mais je n'y arrive plus. La vérité c'est que j'ai l'impression qu'ils préfèrent sauver leur image plutôt qu'être sincères avec moi, leur propre fille. Celle qu'ils ont élevé et qu'ils... aiment ? Depuis que nous avons quitté la maison, j'ai essayé d'enfuir ces pensées mais là, perdue dans le désert, je me dis que je peux me laisser aller. Personne ne le saura. Les larmes s'échappent et coulent le long de mes joues. Certaines, atteignent le sable mais le sol sec les absorbe presque instantanément.

« Mais ça ne serrait notre fugueuse rebelle ? »

La voix qui vient de derrière moi me fait sursauter. Je saute de mon rocher pour voir la personne qui s'adresse à moi. J'essuie d'un revers de la main mes larmes et renifle pour avoir un semblant de prestance.

Face à l'individu, je ne peux retenir un juron en découvrant que c'est l'autre lourdaud de Naël qui se tient devant moi. Il arbore un petit sourire suffisant. Je lui tourne le dos dégoutée. Sur tous les soldats qui existent, il fallait que je tombe sur lui ! Il doit content d'avoir « sauver » la fille du patron.

 Il met un peu de temps avant de remarquer mon état. Je vois qu'il hésite à parler mais se lance quand même « Bas alors on a eut peur de mourrir dans le désert ? » dit-il avec un ton qu'on utilise pour les jeunes enfants quand ils sont tristes. Il aurait mieux faire de ne rien dire...

- Tu as de l'eau ? Lui dis-je comme si je n'avais entendu sa remarque

- Bien-sur, tiens. Tu cours vite. Tu as beaucoup d'endurance pour ton âge, tu nous as donné du travail pour te retrouver. Noham est furieux, il a envoyé tout le monde à ta recherche. Mais bon, je connais le désert comme ma poche donc ça à été facile. Après il faut dire qu'on cherche depuis 2H. On dirait que tu vas bien, pas de déshydratation ou de blessure, c'est parfait. Comme tu vois, je suis venu à dos de dromadaire alors désolé si ça te dérange mais on va repartir dessus.

- Qui te dit que je vais te suivre ?

- « C'est bon j'ai la fille ». Dit-il dans un talkie-walkie, Et bien tu n'as pas vraiment le choix en fait. Comme tu t'en doutes, dans tous les cas tu vas venir avec moi.

-  J'avais compris... Je crois que j'ai remarqué. Répondis-je d'un ton faussement ironique.

- Eh oui, on a pas toujours ce qu'on veut. Écoute, on est parti du mauvais pied tous les deux. J'ai bien vu que ce matin tu n'as pas aimé que je rentre dans ta chambre, je m'excuse. Je pensais pas à mal mais je comprends que tu ne trouves pas ça correct. Ça ne se reproduira plus t'inquiète. Avoue-t-il.

- Ok je veux bien passer l'éponge pour cette fois. On y va ? Dis-je simplement.

- Oui monte. Je vais faire les présentations. Voici Gaounda, c'est un dromadaire très docile. Ma plus fidèle monture !

Sans dire un mot de plus, nous nous dirigeons vers l'animal. Avec une certaine appréhension, j'enjambe le dromadaire avec l'aide de Naël qui me tends délicatement sa main. Je m'installe derrière lui sur une étrange selle constituée de tissus et de cuir.

Naël, confiant, donne un coup de renne pour que notre monture se lève. Nous quittons rapidement mon rocher. J'ai un petit pincement au cœur pour mon refuge de fortune mais je reviens plus déterminée qu'avant. Les regrets, les rancunes et les pleurs c'est finit !

Gaounda le dromadaire, avance dans le désert de façon énergique. De temps en temps, il accélère sans que Naël ne lui demande ce qui surprends et nous déséquilibre « tient toi bien Nesma, j'ai pas envie de devoir m'arrêter pour te faire remonter. La nuit va tomber, on a tout juste le temps de rentrer au camp. »  Y'a pas à dire, il sait rassurer lui...

Le problème c'est que je n'ai rien qui me permet de m'accrocher quand ça secoue trop. Enfin si mais non. Il m'a dit de me tenir à lui mais ça me mets mal-à-l'aise. Je n'aime cette nouvelle proximité. Certes, il s'est excusé mais quand même. Je vais donc continuer de faire ce que je fais depuis le début: agripper la scelle pour rester la plus droite possible. « Bon ça va secouer. Il faut qu'on aille plus vite ».

Sans me laisser le temps de réagir, il prends ma main et la met autour de lui pour que je m'accroche. Le vent se met à fouetter mon visage alors je me cache comme je peux derrière lui.

VIVEMENT QUE LE TRAJET SE TERMINE !


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ZinebOù les histoires vivent. Découvrez maintenant