Zineb

écoutez moi !

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Ma mère se lève d'un bond et plaque ses mains sur la table dans un moment de colère. Elle veut couper court à nos règlements de compte. Mon père n'ose même plus me regarder et Sam s'est écarté mal-à-l'aise. Mon frère a l'air triste. Il regarde ses pieds le regard vide. Je n'aime pas me donner en spectacle mais les mots sortent d'eux même.

Je ne trouve aucun plaisir à voir que mes paroles font du mal à mon père. Je déteste voir ma mère pleurer devant moi car je lui dis des horreurs. Ces horreurs n'en sont pas vraiment en fin de compte. C'est ce que je rêve de dire depuis des jours. Jusqu'ici j'avais tout gardé pour moi mais aujourd'hui j'explose malgré moi.

C'est ça mon problème. Je ne dis rien et un jour tout resurgit et dévaste tout. Le désert m'a bien fait réfléchir. Je me suis jurée d'aller de l'avant et de ne plus me laisser dicter mes choix par autrui. J'essuie mes larmes d'un geste bref de la main et regarde mon père droit dans les yeux prête à en finir. Il faut que je vide tout mon sac pour m'en débarrasser et passer à autre chose. Je ne pense pas à mes parents. Il ne faut pas que j'inverse les rôles. C'est eux qui devraient me protéger et me soutenir dans cette situation, pas moi.

- Je n'en peux plus que tu fasses comme si tout était normal. Je ne supporte plus que tu te fiches de ce que les autres peuvent ressentir. Je ne veux plus que tu prennes les décisions qui ME concernent sans m'en parler en espérant que je suive TES directives ! Les choix de ces prochaines semaines me concernent plus que n'importe qui. Tu n'es pas un dirigeant militaire, tu es mon père alors comporte quoi comme tel ! Je suis assez grande pour choisir par moi-même et je m'en fiche que ça ne vous plaise pas. Si vous voulez que tout redeviennes comme avant, ce que je veux aussi, ne me tenez plus à l'écart. Si vous continuez quand même, alors nous nous disputerons encore et encore. Je ne me tairais plus ! Et qu'importe que ça te fasse honte baba. Dis-je déterminée.

- Nesma ton père fait comme il peut, tu ne sais pas toutes les pressions qu'il subit à cause de Zineb. Il fait ce qu'il ...

- Non elle a raison Estelle... dit-il résigné. Je comprends je vais...

Avant qu'il puissent finir sa phrase, un gradé entre dans la pièce navré de déranger: « Colonel on a du nouveau. On a besoin de vous c'est important ». Avec une hésitation mon père se lève, il doit comprendre ce que l'adjudant lui veut. Il passe derrière ma mère et passe sa main sur ses épaules. Ma mère saisit sa main dans la sienne et ils échangent un regard. Mon père contourne la table, fait un signe de tête à Samir dans ma direction.

Ensuite il se positionne à coté de moi pour sortir ( je suis proche de la porte). Il commence à vouloir poser sa main sur mon crâne en signe d'affection mais se ravise. Il suit l'homme et referme la porte. Étrangement, le départ de mon père enlève un poids de mes épaules. Nous ne sommes plus que trois et nous nous regardons sans savoir quoi nous dire. Le poids de mes mots pèse encore ici.

Ma mère se lève finalement. Elle se dirige vers moi et me prend dans ses bras. Je pose ma tête sur son épaule et inspire son odeur. Elle ne dit rien. Elle m'embrasse et quitte le lieu. Son parfum se disperse dans l'air. Ma mère à toujours été plus câline que mon père. Quand mon père hésite, elle, elle agit sans se poser de questions.

Nous ne sommes plus que deux. Je décide de me poser sur une chaise. J'enfouis ma tête dans mes bras et expire bruyamment. Sam s'assoit à coté de moi. Je distingue ses mouvements sur la chaise voisine. Il approche sa tête et la colle contre mon bras.

- Eh bien dure journée ! Dit-il

- C'est le moins qu'on puisse dire...

- C'était bien le désert ?

- Bof. Tu sais je suis pas partie faire du tourisme non plus...

- Je sais mais, moi, j'avais interdiction de sortir de la villa. Et je veux que tu saches que si je suis là, c'est grâce à toi alors je t'en remercie. Tu m'as libéré de ma prison. Dit-il en riant
C'est normal Sam que nous ne sortions pas. Zineb peut être n'importe où. Elle nous a quand même retrouvé dans la foret et puis ce n'est pas n'importe qui...

- S'il te plait ne commence pas ! Maman m'a dit ça toute la journée alors ne t'y mets pas par pitié !

- Ouais je m'en doute désolée. Dis-je en riant.

- Euh Ness ? Je voulais te demander... c'est qui le gars avec qui tu es revenue ?

- J'en étais sûre ! Tu en as mis du temps avant de me demander ! Tu as faillis me décevoir tu sais !

- C'est bon. Je voulais savoir c'est tout... dit-il à moitié vexé.

- C'est un gars de l'armée apparemment. Il m'a retrouvé dans le désert quand je commençais à broyer du noir et il m'a ramené. Tu ne l'as pas vu ce matin ? C'est lui qui m'a raccompagné ici. Il s'appelle Naël.

( je sais, je ne dis pas tout à Samir mais il n'a pas besoin de tout savoir ! )

- Non je ne l'ai pas vu, tu es partie en coup de vent... ah oui ! J'ai failli oublié. Avant que tu reviennes, papa nous a dit qu'il va y avoir une réunion ce soir à laquelle on doit assister.

- Ah bon ? Dis-je étonnée.

- Enfin surtout toi évidemment. Bon j'étouffe ici. Je vais aller dehors. Il y a toujours le dromadaire ? Dit-il en se redressant.

- Oui je pense ou alors Naël l'a emmené ailleurs. Il s'appelle Gaounda. C'est naze comme nom tu ne trouves pas ? Dis-je en me moquant.

- C'est carrément naze ! Bon, je vais voir dehors. Répond mon frère en fronçant légèrement les sourcils.