Zineb

asseyez vous - part 2 -

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Cette femme qui est ma mère, m'observe scrupuleusement. Ses yeux me laissent apercevoir son inquiétude. La moindre de mes réactions est guettée. Mon père tient sa tête entre ses mains et mon frère me regarde les yeux remplit de larmes. Samir se retient d'éclater en sanglots, il doit être aussi chamboulé que moi.

Lorsque nos regards se croisent, il tente un sourire mais je vois bien que le cœur n'y est pas. Le regard que j'ai croisé me brise le cœur, c'est insoutenable ! Je me dégage de l'étreinte de ma mère et ouvre les bras en direction de mon frère tout en me décalant vers lui. Sous le regard de mes deux parents, Sam se précipite dans mes bras et me chuchote à l'oreille:

« S'il te plait, ne leur en veut pas Nesma. Cela n'a pas d'importance, on a toujours été une famille et je ne veux pas que ça change. Nesma, tu es ma sœur et tu le sera toujours. Je m'en fiche qu'on se ressemble pas et que tu ne sois pas sortie du ventre de maman. C'est pas important ! ».

Les paroles de mon frère résonnent en moi comme un électrochoc. Il a raison... Ce gamin immature et énervant vient de m'aider plus qu'il ne le pense. C'est vrai que mes parents m'ont menti toute ma vie, qu'ils pouvaient m'avouer tout cela plutôt mais ils m'ont élevé depuis toujours. C'est eux qui venait à mes championnats de volley-ball le dimanche et personne d'autre. Eux qui venaient me chercher à l'école quand j'étais malade. Eux avec qui j'ai fêter chacun de mes anniversaires.

A présent j'ai besoin de savoir « Dites moi pourquoi je ne suis pas votre enfant, qui m'a donné la vie si ce n'est pas maman? »Ma mère se lève et retourne s'assoir. Elle regarde brièvement mon père et il reprend la parole:

« Tout d'abord tu es notre fille Ness, tu es notre ainée et nous t'aimons au même titre que Samir et n'imagine jamais le contraire ! Ensuite je vais t'expliquer tout ce que tu as à savoir. Votre mère et moi, avons essayer d'avoir des enfants assez tôt après notre mariage mais aucun bébé ne pointaient le bout de son nez. Nous n'y arrivions pas.

Un jour nous avons rencontrer une jeune femme maghrébine dans le village. Elle était enceinte et elle n'avait nulle part où aller. Nous l'avons accueilli chez nous car une grossesse ne se déroule pas dans la rue. C'était inhumain pour nous de ne rien faire. Elle était très jeune et elle ne parlait pas. Un jour elle nous a quand même adressé la parole. Elle ne parlait pas français, elle ne parlait qu'en arabe.

Comme vous le savez, grâce à vos grand-parents, je parle arabe. J'ai donc pu m'entretenir avec elle. Elle m'a dit qu'elle ne voulait pas de son bébé. Nous en avons parlé entre nous et nous avons conclu un marché avec elle. Nous allions nous occuper d'un magnifique bébé après sa naissance. Ce marché peut être vu comme étrange. On peut voir cela comme voler un bébé c'est vrai, mais la vie de cet enfant aurait été mille fois pire s'il avait eut une mère sans papiers. Nous voulions un enfant depuis si longtemps ma chérie !

Nous avons accepté sans hésitations. Votre mère à donc simuler sa grossesse afin que le village ne se pose pas trop de questions. Estelle s'occupait d'elle à la maison jusqu'à la fin de sa grossesse. Nous l'avons emmené à la clinique pour accoucher. Quand tu es née, elle est restée à l'hôpital pour se remettre de l'accouchement. J'avais préparé deux chambres: une pour elle et une pour toi.

Deux jour plus tard elle a disparut, il ne restait que toi dans ton joli petit panier rose devant notre porte. Elle nous a quitté sans un mot. Nous ne connaissions ni son nom, ni d'où elle venait. Nous t'avons nourrit chaque nuit, nous t'avons bercé tous les soirs jusqu'à que tu t'endormes. Tu étais le bébé le plus désiré du monde Ness.

Quelques mois plus tard grâce à Dieu, un second miracle s'est produit: votre mère est tombée enceinte et a donné naissance à Samir. Nous vous avons élevé tous les deux du mieux qu'on a pu. Voilà Nesma, tu sais tout ma chérie... ».

Mon père prend la main de ma mère comme soulagé que la vérité éclate enfin. Cette mystérieuse femme ne voulait pas de moi ? Elle m'a abandonné après la naissance ? Un sentiment étrange se répand en moi. Toute ma colère c'est volatilisée. Je me sens terriblement stupide d'avoir imaginé que cette famille n'était pas la mienne. Mes parents me voulaient plus que tout, ils ont pris soin de moi.

En y repensant, je n'ai jamais ressenti une différence de traitement entre moi et Samir, leur fils de sang. Je comprends qu'un tel secret soit dur à révéler mais je suis grande maintenant et j'aurai été en mesure de comprendre si je l'avais su avant. Je pense qu'il ne se rendent pas comptent de la tornade de doutes et de questions qu'ils ont déclenché en moi. J'ai du mal à les regarder en face. Je suis traversée par pleins de sentiments contraires.

 Les deux ont les yeux rivés sur moi, attendant ma réaction. Je ne sais pas quoi leur dire ni comment réagir. J'aimerais leur dire que tout va bien mais je ne peux pas me mentir à moi-même et encore moins leur mentir. Je n'ai pas la force de faire comme si de rien n'était mais je ne peux pas exprimer sincèrement ce que je ressens pour ne pas les blesser.