Retour en enfer

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Nous avons traversé le désert à dos de dromadaire en 1h30. Je vois l'immense tente qui nous attends 100m devant. Semblable à elle même: un énorme tas de toile biscornu avec une atmosphère étouffante. « On y est. Ton père est prévenu, prépare toi je pense qu'il t'attend. Je vais te faire descendre bouge pas ».

Naël fait s'agenouiller Gaounda, notre fidèle compagnon, et descend. Ne sachant pas comment descendre, j'attends ses instructions bien sagement. Il me laisse plantée là et s'en va chercher je ne sais quoi derrière moi. Qu'est ce qu'il fait ?

Au loin je distingue des gens aller et venir dans la tente. Je me demande dans quel état d'esprit est mon père. A-t-il appelé ma mère et Samir ? S'il l'a fait, ma mère doit être morte d'inquiétude... D'un autre coté, au moins, elle a dû lui passer un de ces savons ! Peut-être que ça lui aura permis de se remettre en question qui sait ?

En attendant, je poireaute toujours sur mon dromadaire ! « Depuis quand, moi Nesma, j'ai besoin de quelqu'un pour faire quelque chose ? » Ça suffit, je vais descendre par moi même. Hop, je lâche la scelle. Je me lève un peu et fais passer ma jambe gauche par l'arrière pour, me retrouver, face au flanc de l'animal. Une fois mes deux jambes réunies, je me tiens fermement aux rennes de ma main droite et j'essaye de me rapprocher du sol.

Évidemment ça aurait été trop simple...

Gaounda n'a pas l'air d'apprécier ma petite gymnastique sur son dos car il décide de bouger ses épaules ce qui me déséquilibre et me fais tomber en arrière. Les rennes glissent de ma main et je ne parviens pas à me rattraper à la scelle.

Lorsque mes fesses sont à deux doigts de heurter le sol, deux mains passent sous mes aisselles et m'attirent vers le haut. J'ai honte car je sais que c'est Naël qui se tient dans mon dos. Encore. « Elle est là ! ».  Alors que Naël me maintient toujours, je reconnais la voix qui nous parvient. Sam se tient dans l'encadrement des portes plastifiées de la tente et annonce mon retour.

Je regarde dans sa direction et je croise son regard embrouillé. Il a les sourcils froncés mais sans un mot de plus il retourne à l'intérieur. Je me redresse tant bien que mal sur mes jambes, pieds dans le sable. Toujours de dos, je place mes mains à plat sur les cotes de l'animal blagueur et je regarde mes pieds en soupirant ne voulant pas me retourner. Cette situation est très gênante...

- Comme tu peux le voir, on nous attend. Désolé pour l'attente, je suis allé chercher de quoi nourrir notre petit pote. C'était qui lui ? Me demande Naël.

- C'est mon frère. Bon, maintenant qu'il a donné le signal, je suis obligée de les rejoindre dans les prochaines secondes.

- Ok. Et nesma ?

- Oui quoi ? Dis-je irritée par sa curiosité insistante.

- De rien, c'était avec plaisir ! Dit-il avec son insupportable sourire en coin.

« Ouais merci ». Pour ma défense, je ne vais pas passer mon temps à le remercier. Ça lui ferait trop plaisir en plus ! Je suis maladroite, ce n'est pas de ma faute. Au pas de course, je rejoins la tente de l'enfer. Je passe à vive allure, les portes en plastique. Je me retrouve de nouveau dans la pièce dans laquelle je me suis réveillée 3h plus tôt.

Sur les chaises de bureau, il y a des militaires en treillis qui ne font pas attention à ma présence. Ils sont tous en train de travailler à je ne sais quoi mais ils sont tous très concentrés. Je traverse l'espace timidement à la recherche de ma famille. Mes yeux se dirigent naturellement vers la salle de réunion et j'aperçois le haut du crâne de Samir. Sa permanente brune est pratique finalement.

Il y a un mois, il nous a harcelé pour avoir la validation des parents. Au début ce n'était pas gagné. Mes parents ne sont pas trop fans des changements capillaires de ce type. D'après eux, ça abime trop les cheveux et donc il en est hors de question. Finalement mes parents ont finit par céder et j'avoue que ça lui va plutôt bien.

 Avec appréhension j'entre donc dans la salle et je tombe sur ma mère, assise autour de la grande table. Elle fait résonner le bruit de ses ongles sur le bois. Mon père est debout, les deux mains sur un dossier de chaise. Sam est, lui, adosser au mur. Tous me regardent en même temps mais ne disent rien. Je ne sais pas trop quoi faire ou dire.

Nous restons un moment comme ça avant que mon père brise le silence: « tu n'as rien à dire ? ». Et voila il recommence... Avec lui, on est toujours fautif. C'est toujours nous les coupables. Les excuses ne viennent jamais de lui. Il ne peut pas se dire que parfois, les problèmes viennent de lui. Je ne sais pas si c'est à cause des récentes révélations mais son attitude me blesse de plus en plus. Je ne le supporte plus ! Pourtant, maintenant que j'y pense, ça a toujours été ainsi.

- Tout va bien merci de demander. Dis-je simplement pour les provoquer.

- Nesma ne recommence pas, ce n'est plus drôle ! Efface moi ce sourire tout de suite ! Nous attendons des excuses, ta mère et moi. Me dit mon père.

- Je m'excuse de vous avoir inquiété, ce n'était pas mon but...

- Ah oui ? Et c'était quoi le but au juste hein?! Dis moi, ça m'intéresse !

- Arrêtes baba ... dis-je fatiguée de nos disputes répétitives.

- Non mais c'est pas possible Nesma ?! Tu crois que ça m'a rien couté d'envoyer tout le monde te chercher dans le désert avant la tombé de la nuit ?! Tu crois qu'on a pas d'autre chose à faire ?! Hurle-t-il.

- J'ai dis ce que vous vouliez entendre et ça ne va pas non plus ? Qu'est ce que je dois faire pour que tu me considères ? Dis-je perdant mon contrôle.

- Jeune fille baisse d'un ton ! Tu te rends compte de la honte que tu nous mets ?!

- Qu'est ce que....

- Noham stop ! Interrompt ma mère sèchement.

- Ça ne se reproduira plus. Je vais être le bon petit soldat sans sentiments que tu veux que je sois ! Tu veux que je sois comme tous ceux qui obéissent à tes ordres sans discuter ? Je vais l'être !

- Ness ... soupire ma mère.

- Désolée de mal vivre ma situation. Je vois bien que je te dérange. J'ai juste espéré que mon père allait s'occuper de moi car j'étais sa fille mais je vois bien que c'est fini. Je vais retourner avec ma tarée de mère et tu n'auras plus honte de moi ! Pas de problème après tout, il vous reste votre vrai fils ! Il ne te fais pas honte lui au moins hein ?! Criais-je en pleurant de rage.

- Nesma ne me dit pas ça ! Souffle mon père.

- Je dis ce que ressens. Jusqu'à présent ça n'intéressait personne alors je me dis qu'ici, devant vous tous, peut-être que quelqu'un voudra bien m'aider ? Vous ne vous rendez même pas compte dans la détresse dans laquelle vous me mettez avec tous vos secrets ! Je n'ai rien voulu de tout ça moi ! Repris-je ne pouvant plus retenir les mots qui me détruisent de l'intérieur.


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ZinebOù les histoires vivent. Découvrez maintenant