Le calme avant la tempête

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Nous sommes rentrés à la maison, il y a quelques heures. Maman n'était pas à la maison alors qu'elle était censée y être. Elle n'est pas allée travailler donc je me demande ce qu'elle a bien pu faire toute journée. Baba nous a déposé et, est repartit directement. Sam et moi avons fait nos devoirs pour la rentré ( qui n'est que dans deux semaines ) dans nos chambres respectives. Mon père nous l'avait ordonné avant de partir.

Selon lui « nous devions nous avancer dans nos devoirs ». Nous ne partons pas en vacance cette année. Nous aurions eu toutes les vacances pour les faire donc je n'ai pas compris ce qui presse. Depuis quand faut-il faire ses devoirs le premier jours des vacances ? Mon frère a lâché l'affaire avant moi. Il est venu me proposer de jouer avec lui sur la console dans le salon. Sans grande difficulté il m'a convaincu et je suis descendue avec lui. Il sait comment me faire sortir du droit chemin celui là !

Nous sommes installés dans le canapé face à la télé et nous jouons à Mario bros. Je n'aime pas particulièrement ce jeu mais il empêche une dispute entre Samir et moi. Sam est un mauvais joueur, il déteste perdre et moi j'adore gagner. Mario bros nous permet de jouer ensemble, en collaboration sans discorde.

La nuit est tombée et toujours aucuns signes des parents. Je me demande ce qu'ils peuvent bien faire à une heure pareille et s'ils comptent rentrer bientôt. Tous ces mystères m'inquiètent. Le comportement de mes parents m'effraient. C'est surtout la cause de ces étranges comportements qui m'effraie. les rouages de mon cerveaux s'activent depuis ce matin. Ça en est fatiguant. Cela fait trois heures qu'ils sont partis alors qu'ils avait prévu de revenir il y a une heure déjà.

 Pendant que je réfléchis à tout ça, Samir se lève, passe derrière moi et se dirige vers la cuisine. Je me retourne me demandant ce qu'il fabrique mais il a disparu de mon champ de vision. Alors que je décide de me lever pour aller voir ce qu'il mijote, j'entends le micro-onde se mettre en marche. Je comprends mieux, j'aurais dû m'en douter. Maman nous a laissé des lasagnes dans le frigo. Notre mère, Estelle, vient d'une famille italienne. Elle cuisine divinement bien. Maman adore la cuisine, elle cuisine depuis qu'elle est toute petite. La cuisine est une affaire de famille depuis des générations.

Je décide d'aller aider mon frère en allant chercher des assiettes et des couverts. Je me lève, pose ma manette sur la table basse devant la télé et me dirige à mon tour vers la cuisine. Lorsque je rentre dans la pièce où le bruit du micro-onde se propage, mon frère me regarde sans rien dire. Je connais ce regard, c'est le regard qui annonce qu'il s'inquiète. Je peux apercevoir les rouages de son cerveaux chauffer de là où je me trouve. Le repas le détendra peut être, en tout cas je l'espère.

Je me hisse sur la pointe des pieds pour attraper les assiettes, je les touche du bout des doigts mais je me rends compte que je ne pourrais pas les attraper. Mes parents ont pensé cette maison pour des habitants relativement grands. Le problème est que je mesure 1m56. Tous, dans cette maison, mesures au moins 1m75. Depuis quelques années ma famille a pris l'habitude de me descendre les objets des placards. À cause de leurs hauteur, je ne peux pas attraper les choses par moi-même.

La scène d'aujourd'hui illustre parfaitement mon quotidien puisque mon frère vient près de moi pour me descendre les assiettes. Avec un bref remerciement, j'ouvre le tiroir des couverts et quitte la cuisine au même moment où le micro-ondes sonne. Une fois dans le salon je sors des sets de table car si maman nous voit manger sans, elle va encore s'énerver et soyons honnête, j'ai eu ma dose pour aujourd'hui.

J'installe ensuite les couverts autour de nos assiettes sur la table basse. Mon frère me rejoint avec le plat de lasagne et un dessous de plat. Je vais rapidement chercher une carafe d'eau et reviens. Nous nous asseyons et je me dévoue pour servir le repas. Nous mangeons dans un silence trahissant nos inquiétudes respectives. Comme toujours, le repas est succulent. Les lasagnes sont fondant comme nous les aimons, la sauce tomate est divine. Voir mon frère aussi angoissé me noue le ventre malgré tout. Le plat n'y changera rien malheureusement. Si je le pouvais, j'absorberais ses craintes pour qu'il soit plus serin.

Quand nous avons fini, je me lève en emmenant les assiettes suivit par Samir qui a les mains chargées de couverts. Depuis que nous sommes à la maison, je remarque qu'il ne veut pas se retrouver seul, il se débrouille pour me suivre dès que je m'active. Cela ne me dérange pas plus que ça car sa présence me rassure également. Sam pose les couverts dans l'évier puis me laisse poser à mon tour nos assiettes sales.

Alors que je pose délicatement les assiettes, des clés tournent dans la serrure de la porte d'entrée. Je me pétrifie face à l'évier, à l'écoute du moindre bruit. Samir, dans mon dos, ne bouge plus d'un millimètre. Je distingue sa respiration s'accélérer. Lentement je me tourne face à lui et tente un sourire rassurant « je suis sûre que c'est eux, reste ici je vais voir ».

Je quitte la cuisine et me dirige vers la porte, le cœur battant fort. Je peux le sentir dans mes tempes. Je ne sais pas vraiment pourquoi mon stresse s'augmente autant. Ce ne sont que des clés dans une serrure après tout !

Je ne suis qu'à deux-trois mètres de l'entrée quand la porte s'ouvre laissant apparaitre le visage fermé de mon père. Un soulagement m'envahit jusqu'à ce que je distingue ma mère dans son dos. Son visage semble dévasté par la tristesse et la colère. Ses yeux sont rouges, ses cheveux sont ébouriffés et son regard est vide. Elle a l'air terriblement fatiguée. Samir m'a rejoint sans que je m'en rende compte. Il est à coté de moi et est agrippé à mon bras. C'est moi qui devrait me cacher derrière lui ! Il me dépasse de deux têtes et pourtant il se tient à moi comme si je pouvais le protéger.

Nous regardons nos parents enlever leurs chaussures et poser leur affaires dans un silence de mort. Mon père est le premier à lever les yeux vers nous. Son regard est remplit de tristesse. Une tristesse contagieuse, qui me transperce et qui parait prendre possession de notre maison.

Sans un mot, sans une explication, il me prends dans ses bras puis invite mon frère à participer à son partage d'affection devant le regard indifférant de notre mère. Baba est un homme très peu démonstratif. Il ne laisse jamais ses émotions être vues par les autres. Il a été élevé dans une famille où l'amour n'était quasiment pas exprimé. Quand mon père me prend dans ses bras je comprends que les évènements à venir vont soudainement tout changer...


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ZinebOù les histoires vivent. Découvrez maintenant