27 - Sentiments

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Inconnu

Voilà une semaine que John a parlé à mon fils, depuis je ne l'ai pas revu. J'ai l'impression qu'il fuit notre famille. Il n'est même pas venu la nuit, alors que d'habitude il se glisse en douce dans la chambre de Steve.

Mettant mes préoccupations de côté, à midi je rejoins Stanislas dans un restaurant. Puisque j'ai fini ma journée, je peux me poser avec lui et le mettre à jour sur les derniers événements du mois qui c'est écoulé. Nous avons pas vraiment eu le temps de discuter tranquillement depuis un moment.
Quand j'arrive, les boissons et l'apéritif sont déjà là, c'est un bonheur. Je ne vais même pas avoir besoin attendre pour manger.

- Tu vas bien ? me demande-t-il au moment où je m'assois.

- Pas vraiment, et toi ?

- Super bien ! Mais dis-moi ce qui te tracasse.

- Ne me prend pas pour un fou, le prévins-je en m'emparant d'une rondelle de saucisson.

- Je ne te juge pas, me promet mon ami.

- On va dire que je te crois.

Je mange du saucisson et quelques cacahuètes en gardant le silence avant qu'il ne me relance.

- Bon, tu accouches ?

- Je crois que j'aime John, lui dis-je sans préambule.

Ses yeux s'arrondissent sous la surprise et il avale sa gorgé de bière de travers.

- Tu es entrain de me juger, je lui reproche.

- Absolument pas, nie-t-il. Il s'agit du meilleur ami de ton fils, non ?

Je hoche la tête.

- Tu fais chier.

- Pourquoi ? je lui demande intrigué.

- Il m'a tapé dans l'oeil quand je suis venu chez toi la dernière fois, m'avoue-t-il.

- Je ne suis pas certain que ta femme aurait apprécié.

- On est un couple libre Gaëtan, me dit-il comme si je risquais d'oublier.

- Je sais, je disais ça plus pour son âge. Il est mineur.

- Et alors ? me demande-t-il sans comprendre où se trouve le problème.

- Tu ne vas quand même pas couché avec un mec qui n'a pas dix-huit ans, je m'indigne.

- Tu as le même problème je te ferai remarquer. Le pire c'est que tu le connais depuis quoi... réfléchi mon ami, ses quatre ans ?

- C'est différent, tenté-je de protester.

- Ah oui ? Et pour quel motif ?

- Je ne suis pas en train de tomber amoureux de lui pour ce qu'il represrnte physiquement.

- Au contraire de moi donc, acquiesce Stan.

Il plonge soudainement ses yeux dans les miens comme pour sonder mon esprit.

- Bien, raconte-moi tout !

- Tu dois d'abord savoir que je ne suis pas sûr que ce soit lui.

Il fronce encore une fois les sourcils sous l'incompréhension.

- Tu dois bien savoir qui sait pour qu'il te plaise, me reprend-il.

- Non, c'est plus compliqué que ça...

- Explique-moi clairement pour être sûr que je comprenne.

- Disons que j'ai des indices sur qui il est, mais rien de concret, je lui avoue. Je lui parle que par message.

- Ça veut dire que tu ne connais pas le son de sa voix, sa taille, son âge ou encore son prénom ? Que sais-tu de lui alros ?

- C'est ça, sauf pour l'âge : il dit avoir à peu près celui de Steve, je l'informe.

- Tu ne sais pas sur qui tu peux tomber, me met-il en garde.

- Je sais tout ça mais mes sentiments se sont mêlés au jeu qu'il a inauguré.

- Comment ça ?

Entre-temps, un serveur nous apporte une raclette et nous commençons à manger avec appétit.

- Il m'a envoyé le premier message sans savoir qui j'étais. Il a lancé un jeu afin de se connaître dans nos pires penchants et finalement, j'aime ce qui émane de lui et ce qu'il me confie. J'apprécie parler avec lui pendant des heures, lui dis-je avec une légèreté non feinte.

- De quoi parlez-vous ? se renseigne mon ami.

- De la pluie et du beau temps, de nos goûts mais aussi de nos déboires, de nos préférences. Mine de rien on en a des choses à se raconter. Je ne pensais pas que se livrer à un inconnu c'était autant libérateur.

- Tu ne penses pas qu'il sait qui tu es ? Qu'il te manipule ? s'intéresse-t-il vraiment.

- Non, dis-je catégorique. J'en mettrai ma main à couper.

- Comment peux-tu en être si sûr ?

- Dans la vie de tous les jours on ne peut pas dire qu'on se déteste mais presque.

- Et pour toi c'est un argument ?

- Évidemment, je lui réponds sans hésitation.

- il m'a confié que ses parents étaient dépendants à l'alcool et aux drogues et que c'était pour ça qu'il passait beaucoup de temps chez son meilleur ami. Il m'a aussi dit qu'il avait l'âge de mon fils, quand nous en avons parlé, je lui déclare.

- Donc ça, ça te permet de dire que c'est John ? me questionne-t-il.

- Oui, qui d'autre à part lui ? J'ai beau chercher je ne trouve pas.

- Je te fais confiance, dit mon ami après un léger blanc.

- Comment ça ?

- Si tu penses que tu l'aimes et que ça en vaut la peine je te soutiens.

- Mais si justement je n'en sais rien ? je le questionne. J'ai besoin de ton avis. Je ne veux pas m'attacher et sombrer à nouveau. Je me suis trop fait de mal dans ma vie pour recommencer, je lui annonce avec sincérité.

- Je sais Gaëtan. Je veux que tu saches que si tu tombes je serai là, comme toutes les années précédentes. Je ne te laisserai pas tomber.

- Merci.

Nous mangeons un moment en silence avant qu'il ne reprenne :

- Donc il te plaît ?

Je hoche la tête, alors que je déguste la nourriture avec satisfaction.

- Qu'est-ce qui t'attire chez lui ? me questionne Stan intrigué.

Je me laisse aller à sa curiosité :

- Je n'en sais rien. Sûrement le fait de parler des heures avec lui sans interruption. Celui de me sentir en confiance quand je lui parle de mon propre vécu. Je crois que c'est surtout une question de ressentis, je souris à ses messages, ris à ses blagues et m'attriste devant ses histoires. Mon coeur a choisi pour moi.

- Je veux juste que tu prennes soin de toi, m'informe mon ami. Après Noah j'ai eu peur que tu attentes à ta vie. Je ne veux pas revivre la même chose. C'est peut-être égoïste mais j'ai envie de toi à mes côtés. Tu es mon meilleur ami depuis qu'on est rentré dedans au lycée, alors tu n'as pas intérêt à me lâcher.

- Je te promets que ça ira, lui dis-je en posant ma main sur la sienne. Je vais faire attention.

Il me souris doucement avec un regard de protection, et j'adore quand il fait ça. Je me sens en sécurité.

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Le jeu perdantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant