6 - Couple

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Inconnu

Je fixe mon portable attendant des nouvelles de mon mystérieux interlocuteur. Seulement, dix minutes plus tard je dois me faire une raison.

Je délaisse mon téléphone, fini de m'habiller. Le jogging et le sweat sont de sortie. Je n'ai pas envie de faire d'effort pendant mon jour de congé. Personne ne sera témoin de ce désastre dans tous les cas.

Je vérifie mon état dans un miroir et constate que je ne ressemble à rien : on dirait un zombie. mes poches sous les yeux ressemblent plus à des valises, mes cheveux sont indomptables et mes joues sont creusés par la fatigue. J'ai l'impression de me revoir quand j'étais atteint de dépression. Je me souviens de mes après-midi à ne rien faire, à ne plus bouger et à Noah qui me faisait culpabiliser d'être malade. Je crois qu'il ne s'en est jamais rendu compte et je ne lui en veux pas. Seulement, en y repensant je me rends compte que notre couple n'était pas équilibré mais on arrivait juste à le faire croire. Ma façade était pleine de faux semblants et ça me peine. Je l'aimais tellement.

Je me dirige dans une pièce de ma maison que j'adore. Je l'ai aménagé de telle sorte à ce qu'elle renvoie une image cocooning. En y entrant je me sens tout de suite mieux. Un des murs est tapissé d'étagère où des romans y sont exposés. Sur un autre ce sont les jeux vidéos qui sont mis en avant et une télévision se trouve au centre. Le troisième comporte  une grande baie vitrée donnant sur un balcon. Enfin, un canapé est accolé au dernier. Il y a aussi des pouffes au centre de la pièce et le sol est fait de tapis moelleux pour donner une impressions de tendresse.

Je referme la porte et me dirige directement vers la canapé. Je m'affale dans un angle et sors mon téléphone de ma poche.

Me sentant seul, je fais une chose complètement stupide : je téléphone à Noah. Il décroche à la deuxième sonnerie.

— Qu'est-ce que tu me veux ? me demande-t-il en guise de salutation.

— Bonjour à toi aussi.

— Je suis sérieux, pourquoi tu m'appelles ? Ça fait des années qu'on est plus ensemble et je ai déjà dit d'arrêter d'essayer de me récupérer.

Mon coeur se serre dans ma poitrine face à son ton tranchant et au mépris présent dans sa voix. Je sais que j'ai tout fait pour le retenir pendant les premiers six mois de notre séparation mais ensuite j'ai compris. Il ne voulait pas de moi alors je l'ai accepté. Et même si ça me faisait mal je l'aimais trop pour l'emprisonner dans une relation dont il ne voulait pas. Seulement il ne m'a jamais expliqué ma réelle raison de son départ. La conversation que j'ai eu avec l'inconnu ce matin à réveillé quelque chose en moi : le besoin de savoir.

— C'était il y a deux ans et demi, je rétorque.

Je ne lui ai jamais parlé si franchement, avec un ton si sec et assuré. C'est comme s'il avait toujours dominé notre couple en quelque sorte. Je ne me fâchais jamais, attendais qu'il revienne vers moi pour lui présenter des excuses qu'il ne méritait pas. Il était violent, dominant et jamais je ne m'en étais rendu compte. Au voit de trois ans de séparation je me rends compte que ma dépression n'était pas l'unique problème. Je me suis trop longtemps laissé faire.

— Je te l'ai déjà dit quand même, insiste-t-il.

— Je ne t'ai pas appelé pour que tu m'envoies bouler.

— Pourquoi alors ? Pour me supplier ?

Moquerie.

— Non plus, commencé-je avant qu'il ne me coupe, je...

— Tu veux encore me supplier ? ricane-t-il.

Rabaissement.

— Mais arrête laisse-moi parler bon sang ! je m'énerve.

— Je ne suis pas ton chien ! Tu me parles autrement ! hurle Noah.

Domination.

Je suis obligé de décaler le combiné de mon oreille pour ne pas devenir sourd. Je souffle un grand coup avant de reprendre.

— Je veux juste avoir des réponses à mes questions. C'est tout ce que je te demande, lui dis-je avec sincérité.

— Tu n'as jamais su faire quelque chose de ta vie. Tu n'étais qu'une merde, rétorque mon ancien compagnon avec méchanceté.

Humiliation.

— J'ai toujours eu un emploi stable contrairement au tient, je renchéri sans me laisser démonter pour la première fois.

— Tu n'étais qu'un dépressif. Tu n'étais rien d'autre.

Rabaissement.

— Tu as tord. J'étais aussi un homme amoureux et en voie d'aller mieux. Mais tu es partie, pourquoi ? je le questionne à nouveau.

— Tu essayes de me faire porter le chapeau ? crache-t-il. N'inverse pas les rôles.

— Je veux juste savoir pourquoi ! hurlé-je dans le téléphone.

Mon coeur bat plus vite, mes yeux se sont humidifié et je me sens seul. Comment ai-je pu aimer si fort un mec qui me traite de cette façon ? Pourquoi ne m'en suis-je pas aperçu ? Il m'a fait tellement de mal inconsciemment. Comment ai-je pu être aussi aveugle sur qui il était vraiment ?

— Parce que je t'ai toujours aimé davantage que tu ne m'aimais. Je donnais tout pour notre couple alors que tu végétais sur le canapé et ne faisais aucun effort. Tu mettais tout sur ta maladie. Comment as-tu pu croire que l'amour que j'éprouvais pour toi pouvais rester ? rit-il. Tu n'en valais pas la peine.

Humiliation.

— Tu as toujours cru que j'étais le problème Noah. Tu as toujours pensé que je le faisais exprès d'être dépressif alors que je faisais tout pour m'en sortir pour toi, pour te prouver que je t'aimais. Tu as passé des années à m'humilier, à me rabaisser et à diriger ma vie. Mais c'est fini maintenant, j'ai compris. Tu as besoin qu'on se soumette à toi, qu'on t'aime plus que de raison. Et malgré ce que j'ai éprouvé pour toi ça ne te suffisait pas. Alors c'est terminé. J'arrête de m'accrocher au passé et je te laisse tranquille. Je veux que nos chemins se séparent pour de bon Noah. Je n'accepterais plus que tu me parles de la sorte.

Ma tirade fini je souffle un coup. Je viens de faire ce que j'aurais du faire il y a des années. Je me sens libéré d'un poids.

— Tu reviendras toujours, me nargue-t-il.

J'éteins mon portable et le lance à l'autre bout du canapé avant de me recroqueviller et de me mettre à pleurer. Je viens de faire un trait sur le seul homme que j'ai aimé.

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Petit chapitre pour en découvrir plus sur l'inconnu et sur son passé. J'espère que ça vous plaît.
Bisous <3

Le jeu perdantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant