42 - Douzième échange

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Inconnu

Trois jours que je suis sans nouvelle de John et ça m'inquiète. Autant de temps sans parler à Stan et sans avoir une conversation normal avec mon fils. C'est quoi leur problème à tous ? Stan c'est mon choix. Mais Tic et Tac je ne les comprends pas. Steve m'affirme qu'il vie mal le fait que nous ne lui avions pas parlé plus tôt de sa mère alors qu'il m'avait dit comprendre il y a quelques jours. je n'arrive pas à le suivre en ce moment. Il marche dans la maison tel un zombie. Alors qu'il passe devant moi pour aller se chercher un petit bout à grignoter je l'arrête et l'invite à s'asseoir à côté de moi. Après des secondes qui me semblent interminables, il accepte.

— Steve, dis-moi ce qu'il se passe, l'incité-je à se confier.

— Je n'ai pas envie d'en parler.

— Si tu ne libères pas ce que tu as en toi, ça n'ira jamais mieux.

— J'ai juste du mal à me dire que vous vous plaisez mutuellement avec mon meilleur ami, ça me fait bizarre, m'avoue-t-il.

Mon cœur se serre en m'imaginant la cause de ses tourments. Pourquoi je dois toujours entasser les trucs merdiques ? Je n'aurais pas pu parler à une personne de mon âge et inconnu au bataillon à travers ces SMS ?

— Je te dois des explications à propos de John je pense.

— Je t'écoute papa.

— Il a su que c'était moi il y a peu, mais l'inverse est faux, je lui confie. Je le sais depuis plus longtemps. Seulement, à partir du moment où je ne le disais pas à voix haute ça n'existait pas et il avait l'air si malheureux, je ne pouvais pas prendre le risque de le laisser tomber. J'ai préféré rester dans le déni, me disant que ça pouvait changer, que non, je ne l'aimais pas vraiment avant de t'en parler. Ça aurait rendu les choses trop réelles et je n'étais pas près. Pas après Noah en tout cas.

— Ça ne te gêne pas qu'il ai mon âge ? me demande-t-il avec sincérité.

— Non. Mais tu sais je n'ai pas réfléchi à l'après. Quand je le vois je ne l'imagine pas dans un autre rôle que celui de ton meilleur ami. Je ne projette pas dans une vie à ses côtés.

— Tu devrais pourtant, c'est quelqu'un de bien.

— Tu nous a fais tout un sketch comme quoi nous t'avions menti, je lui rappelle sans comprendre son revirement d'opinion.

— J'y suis allé un peu fort j'étais sur les nerfs et j'avais besoin de trouver des coupables, m'explique-t-il les yeux fixés sur ses mains. Tout les deux vous avez été les victimes parfaites mais rien est de votre faute. Je te promets de ne plus jamais te parler comme ça papa.

— C'est ta mère, c'est ça ?

Il hausse les épaules.

— Je crois que je préférais trouver des personnes responsables plutôt que d'accepter qu'elle ne voulait pas de moi et que j'ai vu le jour à cause de la drogue. Ce n'est pas facile à assimiler surtout quand on ressasse trop.

— Je suis désolé, lui dis-je sincèrement. J'aurais aimé que ça se passe autrement mais je ne peux pas changer le passé.

— Je comprends, quand tu me dis que tu n'avais pas le choix et que tu l'as fait pour moi et je t'en remercie. Je suis heureux d'avoir cette vie et fier que tu sois mon père. Je veux aussi te dire que tu n'es pas responsable, tu n'es pas coupable papa, tu as juste fait de ton mieux.

Mes yeux se remplissent de larmes face aux mots de mon fils. Ça m'émeu et me rend heureux.

— Seulement, reprend-il. Tu as tellement voulu mon bonheur que tu as dénigré le tient.

Le jeu perdantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant