29 - Bonheur

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Inconnu

— Je ne sais pas, je suis désolé mon chéri.

Je ne me vois pas lui dire « Elle est sûrement en train de se droguer, ou bien elle est morte d'overdose. » Comment pourrais-je oser dire ça à mon enfant ?

— Pourquoi n'a-t-elle pas joué son rôle de mère ?

Je détourne à nouveau les yeux tels un adolescents ayant fait une bêtise et triture mes mains. Un tic que j'ai gardé de mon enfance. C'est la preuve que la discussion me touche au plus profond et que je me sens mal.

— Elle ne voulait pas être mère, elle ne voulait pas avoir de responsabilité et j'ai respecté son choix. Je n'avais pas à lui imposer ma vision des choses, je lui explique.

— C'est pour ça qu'elle n'apparaît pas sur mon acte de naissance ?

J'acquiesce.

— Je me souviens que ce sont mes parents qui sont allés faire ta déclaration de naissance. Les parents de Doriane ne voulait pas que j'approche leur fille alors même que c'était elle qui m'avait entraîné sur cette voix. Je n'ai pas pu assister à son accouchement et te voir dès tes premiers instants. A vrai dire je n'aurais pas pu même si on me l'avait permis, j'étais à ma dernière semaine au centre et je voulais être certain qu'en sortant de là-bas je serai un bon père, autant que mes parents l'ont été avec moi.

— Et papy et mamie, ils en ont dit quoi ? Ils ont accepté ?

— Je ne sais pas si accepter est le terme exacte mais Inès et Pierre ont accepté de m'aider, de me soutenir. Ta mamie est une enfant adoptée. Elle se souvient des différentes maisons d'accueil, de l'orphelinat et elle n'en garde pas un bon souvenir. Elle ne voulait pas que mon futur fils vive la même chose qu'elle. Alors elle a décidé que tu resterais avec nous même si, pour ça, elle devait s'occuper de toi plus que j'en étais capable. Elle a décidé qu'elle ne nous laisserait pas tomber et a réussi à convaincre mon père qui n'était pas d'accord. Pour ton papy, si on fait une connerie on doit la réparer seul. Mais je pense que tout dépend le niveau et il me semble, que tu es loin d'être une bêtise. Tu es un jeune homme merveilleux, je décalée en lui prenant la main et en relevant la tête. Tu es quelqu'un que j'aurais aimé être à ton âge Steve, et ça, ça me prouve qur j'ai eu raison de me guérir.

Mon fils hoche la tête et laisse couler ses larmes le long de ses joues.

— Ça fait mal, murmure-t-il.

— Je sais, mais je ne peux pas te mentir, m'excusé-je.

Il acquiece avant de se pencher vers moi pour me serrer dans ses bras. Je sens ses pleurs atteindre mon cou et je m'en veux. Je n'aime pas le voir comme ça. J'aime quand il sourit, quand il rit mais pas quand sa tristesse le submerge. Comment faire quand c'est mon rôle de père de le consoler alors que c'est moi qui l'ai fait pleurer ?

— Je suis désolé, me répété-je en chuchotant dans ses cheveux tout en le serrant fort contre moi.

— Merci de me l'avoir dit.

— Je t'aime mon chéri, et ça c'est le plus important.

— Moi aussi je t'aime papa, déclare Steve en me serrant un peu plus.

Nous restons queleks minutes enlacés l'un à l'autre avant qu'il ne se détache de moi pour essuyer ses yeux et se moucher.

Après un instant de silence, il reprend la parole :

— Tu serais d'accord que j'essaye de la retrouver ?

Devant mon regard interrogateur, il m'explique.

— J'ai envie de retrouver Doriane papa. J'aimerai bien qu'elle me donne son ressenti, sa vision.

— Si ça peut te faire du bien, je suis d'accord. Je ne peux pas t'empêcher de vouloir comprendre. Tu en as le droit, lui dis-je en essayant d'être sincérité même si, pour dire vrai j'aurais préféré qu'il ne la croise pas.

Doriane n'est pas une femme qui détient une bonne influence sur les gens. Tout veux qui la côtoie se renferme. Je n'étais pas le seul à prendre des drogués avec elle à l'époque.

— Je peux te poser une dernière question ?

— Oui, je t'écoute, accepté-je.

— Tu avais quel âge ?

— A quel moment ?

— Quand tu m'as eu, m'annonce-t-il.

— J'avais quinze ans.

— Tu étais encore un enfant, énonce mon fils. Comment as-tu fait avec tes études ?

— Je n'étais plus scolariser à cause de ma désintoxication depuis un an. Alors j'ai attendu l'année scolaire d'après pour reprendre mes études. J'ai eu mon bac j'avais vingt ans, ça me faisait bizarre et en même temps j'étais heureux de t'avoir dans ma vie. Je me disais que j'avais peut être perdu un an d'étude à me droguer et a me soigner et un à t'elever durant ta première année sauf que rien n'était comparable au bonheur que je ressentais quand je te voyais. Tu m'as permis de croire en moi et même si je n'avais jamais été le meilleur élève j'ai tout fait pour qu'un jour tu sois fier de moi. Alors au final, je n'ai perdu aucune année, mais gagné une source de bonheur inépuisable, je lui avoue avec émotion.

— Je suis heureux pour toi papa, me dit-il avec sincérité. Je suis tellement fier de t'avoir comme père. Tu n'imagines même pas.

Ces mots sortant de la bouche de mon fils me font sourire de mille feux. Mes larmes se remettent à couler et je ris doucement. C'est un rire de bonheur, de joie, d'amour mais aussi de gêne.

— Ne pleure pas, déclare-t-il en tendant les bras vers moi. Ça devrait être à toi de me consoler, pas l'inverse.

A travers mes pleurs je lui souris et le tire jusqu'à moi pour le serrer dans mes bras.

— Je suis tellement heureux, lui dis-je la voix chevrotante. Tu n'imagines même pas le bonheur que c'est de t'avoir dans ma vie.

— Moi aussi je suis heureux papa.

Je l'aime de tout mon coeur, mon fils restera à jamais l'être humain le plus important sur cette terre pour moi.

Le jeu perdantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant