Le jeu perdant

11 - Soirée

Inconnu

En me réveillant ce matin je me trouve dans un lit que je ne reconnais pas. Un corps est allongé près du mien, et de la chaleur émane de lui. Je me redresse d'un coup comme brûlé. Je ne me souviens pas de ma soirée d'hier, tout est flou. Il faut croire que je suis retombé dans mes mauvais penchants l'espace d'un instant.

- Il ne s'est rien passé, bougonne la personne à mes côtes.

- Encore heureux, dis-je sans réfléchir.

Je regarde mieux la silhouette avant de comprendre de qui il s'agit. C'est Adam. Qu'est-ce que je fou dans son pieu ?

- Tu t'es bourré la gueule hier soir alors je me suis proposé pour t'héberger.

Je m'abonne un truc que même moi je ne comprends pas et m'extirpe des draps. Je pars m'habiller. Je ne supporte pas la nudité.

Il se joint à moi autour de sa table à manger. J'y ai déjà disposé tout le nécessaire pour petit déjeuner. J'ai l'habitude de venir chez lui, c'est un très bon ami depuis des années maintenant.

- Tu vas m'expliquer ce qu'il s'est passé ? me demande-t-il.

- Je n'en ai aucune idée.

C'est la vérité. Je n'ai pas le moindre souvenir de ma soirée et c'est perturbant. Je déteste ça.

- Je sais que je ne dois pas te brusquer ou autre mais tourne la page, ça craint vraiment, me confie Adam.

- De quoi tu parles ? je le questionne perplexe.

- De ton obsession pour Noah, affirme mon ami. Lâche l'affaire, il ne reviendra pas vers toi.

- Pourquoi est-ce que tu me parles de lui ? Je suis déjà au courant de ça, en plus tu me l'as répété mainte et mainte fois.

- Je sais, mais comme tu m'en as parlé hier...

- Je ne me souviens pas de la soirée alors on pourrait peut être passer à autre chose, lui dis-je pour ne plus subir un interrogatoire sur mon ex.

Je me sers un café et récupère une tranche de pain afin de la beurrer tandis que mon ami boit un thé.

- Où sont les autres ? je lui demande.

Devant son air perdu je précise :

- Il y avait bien d'autres gens avec nous non ?

- Ils sont repartis de leurs côtés. Ça n'intéresse pas trop nos potes tes déboires amoureux quand tu es bourré, m'explique-t-il.

- Désolé si j'ai saqué l'ambiance.

- Ne t'en fais pas. Tu es plutôt drôle déchiré, affirme Adam.

- C'est à dire ?

- Tu confies des anecdotes, tu parles sans détour et tu vas jusqu'à discuter de sexe.

- D'accord, je vois. On va faire comme si je n'avais jamais rien dit.

Il sourit amusé mais acquiesce tout de même.

Nous mangeons en silence jusqu'à ce qu'il reprenne :

- Qui est-ce qui t'envoie des messages à trois heures du matin ?

- Comment ça ? je lui demande en fronçant les sourcils.

- Ne fais pas l'innocent. Ton téléphone n'a fait que sonner pendant la nuit, j'ai du le mettre sur silencieux, m'explique-t-il le regard en disant long sur ses pensées.

- Je ne sais pas.

Une fois ma réponse sortie, je me rends compte que je mens. C'est sûrement l'inconnu à qui je parle, cette personne dont je ne connais pratiquement rien. Alors un petit sourire nait sur mes lèvres. Ne peut-il plus de passer de notre jeu qui a débuté il y a seulement quelques jours ?
Adam remarque l'expression de mon visage et a comme une révélation.

- Je savais que t'avais quelqu'un en ce moment ! s'écrie-t-il.

- Tu dis n'importe quoi, déclaré-je en secouant la tête.

- Alors pourquoi est-ce que tu fais cette têt ?

- Laquelle ?

- Celle de quelqu'un d'heureux ! me répond-il avec logique.

- Parce que je vais bien Adam. ça fait des années que j'essaye de ressentir ça à nouveau mais je n'y suis jamais parvenu. Et là; aujourd'hui je me sens léger. Peut-être pas joyeux à cent pourcent mais je sens que je vais bien.

- J'espère que ça continuera encore longtemps. Je ne t'ai pas vu comme ça depuis une éternité, me confie mon ami.

Je sais qu'il a raison. Jamais je ne sourit d'habitude, ou du moins, c'est très rare.

Nous finissons de déjeuner puis je rentre chez moi pour retrouver le confort de ma maison. Je l'ai toujours aimé. Ni trop grande ni trop petite, juste parfaite pour moi et mon garçon. Je pars me poser autour du bar de ma cuisine, me prépare un café, comme si je n'en avais pas bu un il y a une heure et allume enfin mon téléphone pour voir si ce que Adam m'a dit s'avère vrai.

Je suis étonné de voir une dizaine de messages non lu. Certains de mon fils s'inquiétant de ne pas me voir ce matin, je lui réponds que je ne commence le travail qu'à onze heures donc j'ai passé la soirée avec son parrain. Puis, j'en découvre certains provenant de "Sans nom".

Sans nom - 00h01
Action ou vérité ?
Je déteste les jeux des soirées : toujours la même chose.

Sans nom - 01h05
J'ai choisi action.

Sans nom - 02h14
J'ai embrassé quelqu'un pour la première fois. Un vrai baiser.
Style roulage de pelle.
Je n'ai pas aimé.

Sans nom - 03h28
J'ai choisi vérité.

Sans nom - 03h29
J'ai avoué mettre déjà scarifié.

Sans nom - 03h33
J'ai avoué ne pas tenir à ma vie, plus qu'à celle de mon meilleur ami.

Sans nom - 03h41
J'ai avoué ne jamais boire par peur de l'alcool.
Personne n'a compris.

Sans nom - 03h49
J'ai choisi action.
Je dois boire une bière.

Sans nom - 03h52
Je déteste la bière.

Sans nom - 03h58
J'ai choisi vérité.

Sans nom - 04h09
Non, je ne suis jamais tombé amoureux. La chute me faire peur.

Sans nom - 04h15
J'ai arrêté de jouer.

Sans nom - 04h16
Je préfère quand c'est toi qui me questionne.

Sans nom - 04h16
Alors que choisis-tu ? Action ou vérité ?

Tous ses messages se ressemblent mais aucun ne semble lier. Comme s'il venait de déverser toutes ses pensées encombrante dans notre conversation. Je ne saisi pas son choix. Pourquoi me partager les faits de sa soirée ?

Néanmoins j'aime le fait qu'il me l'ai dit, j'aime le fait qu'il m'ai aussi confier ce qu'il a du dire à ceux qui étaient avec lui. Je suis comme un enfant a qui on vient d'offrir le plus beau des cadeau. Je le prends comme tel : une marque de confiance venant d'un inconnu. alors sans réfléchir je continu à jouer car malgré tout, j'apprécie la situation.

Moi - 10h23
Je choisis vérité.

J'ai envie de lui avouer des choses, j'ai envie de faire évoluer notre relation même si, je le sais d'avance, ne nous mènera nulle part.