44 - Enfant perdu

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John

Je me réveille à force d'entendre un murmure incessant en arrière fond. J'ouvre les yeux péniblement et regarde l'heure affiché sur le mur à côté de la télé. Il est vingt heures passé, j'ai du dormir une bonne heure. Petit à petit tous les évènements me reviennent en tête et je me recroqueville sur moi même serrant fort le plaid dont Steve m'a recouvert.

— Nous ne pouvons pas le laisser chez vous, il doit être placé dans un centre d'accueil avant qu'on ne règle la situation au niveau de la lois, déclare une femme.

— Il est bientôt majeur, le temps que vous enclenchiez les procédures, il faudra tout arrêter.

— C'est un risque à prendre.

Je me redresse et rejoins l'endroit d'où proviennent les voix : la cuisine.

En y arrivant, je me colle instinctivement à Steve comme s'il allait me protéger d'un quelconque danger tel un bouclier.

— Tout va bien, chuchote-t-il à mon attention en me prenant la main. Assied toi.

Je tire une chaise contre la sienne et m'y place attendant la sentence. Je sais que ce n'est pas pour rien que deux femmes d'âges mures se trouvent assises à table, à l'opposé de Gaëtan et Steve.

— Johnson ? me demande l'une d'elle, la plus jeune il me semble.

— Oui, et vous ?

— Je suis une assistante sociale. Tu comprends ce que ça veut dire ?

— Je ne suis pas un môme. J'ai entendu Gaëtan vous dire que j'étais presque majeur, alors oui je sais parfaitement ce que ça veut dire, réponds-je sèchement. Et merci de me vouvoyer.

Steve pose une main sur ma cuisse pour que j'arrête de trembler, mais aussi en signe de soutient.

— Très bien. Je vais vous emmener dans un centre d'accueil pour mineur afin de vous trouver une famille qui pourra vous accueillir le temps que vos parents se remettent sur pieds et si votre garde leur ai laissé.

— Et je ne peux pas rester là ? je l'interroge sans prendre en compte le passage sur mes parents.

— Non, c'est à nous de choisir.

— C'est eux ma famille, j'affirme en me redressant sur ma chaise. J'ai passé plus de la moitié de ma vie dans cette maison, quand j'étais malade c'était Gaëtan qui prenait soin de moi et c'est lui qui a toujours lui qui signe mes mots depuis plus de deux ans.

— Avant, qui était-ce ? me demande-t-elle.

— Mon parrain et sa femme. Mais ils en ont eu marre de s'occuper de moi alors ils sont partis. Gaëtan et Steve ont été là pour moi.

— Personne n'a jugé bon de prévenir les services de l'aide à l'enfance ? reproche-t-elle au père de mon meilleur ami.

— A partir du moment où personne ne sait, personne ne peut dénoncer des faits, déclare Steve.

— Pourtant vous étiez sur les lieux, c'est vous qui m'avez appelé, réplique la femme cherchant à tout prix à leur donner tord.

— Normal. Mon meilleur ami m'a contacté en pleur et totalement paniqué, je n'allais pas rester sur mon canapé sous prétexte que je ne connaissais pas son adresse. Alors pour la première fois il m'a parlé du lieu où il vivait et nous voilà désormais en pleine discussion.

— Très bien.

Elle note quelque chose sur son carnet avant de se redresser.

— Johnson, vous allez venir avec nous, ce n'est pas négociable.

Le jeu perdantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant