11 décembre

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Après avoir salué sa famille, qui s'inquiéta de savoir si elle avait bien pris toutes ses affaires, et à quelle heure elle rentrerait, Louane put enfin sortir. La neige qui était tombée drue deux jours plus tôt avait complètement fondu la veille, mais il avait gelé pendant la nuit (qui se finissait tout juste puisque le soleil commençait à peine à se lever) et la jeune femme regretta de ne s'être pas plus couverte lorsque ses mains se retrouvèrent complètement gelées en quelques minutes.

Autour d'elle, tout lui rappelait que Noël se rapprochait dangereusement, que ce soient les vitrines des boutiques que les commerçants commençaient à allumer, les grandes lumières pendues aux lampadaires ou aux fils électriques ou encore les gens qui marchaient dans la rue en chantonnant des chants de Noël.

En passant devant les galeries Lafayette, elle aperçut l'immense sapin de Noël qu'ils avaient dressé depuis le 1er décembre précisément, et Louane se fit une fois de plus la remarque qu'ils feraient mieux d'investir un peu plus d'argent dans la rénovation des rues et des trottoirs, plutôt que dans des choses aussi futiles. Le pire à propos de Noël était qu'elle n'avait pas vu un seul flocon le jour de Noël depuis qu'elle était en France, après avoir passé son enfance à jouer dans quarante centimètres de neige pendant tous les week-ends passés au chalet familial, situé au nord d'Ottawa, à la limite du Québec.

Ses écouteurs enfoncés dans les oreilles, jouant Faded d'Alan Walker avec le son au maximum, la jeune femme ne vit pas l'homme tout aussi pressé qu'elle s'approcher, et manquer de lui rentrer dedans.

-Hé, vous pourriez faire attention ! s'exclama-t-il d'un air outré, retenant fermement Louane par le bras. Lou ? ajouta-t-il d'un air surpris.

La blonde releva la tête et se figea en découvrant le visage connu face à elle. Elle n'aurait jamais pensé le revoir, surtout pas en plein centre de Paris. Que faisait-il ici ?

Pourquoi, où qu'elle aille, était-il toujours là, à lui rappeler tant de souvenirs douloureux. Louane se dégagea au moment où elle croisa son regard marron, qui lui semblait toujours aussi inhumain, même après toutes ces années. Le temps n'effaçait pas les cicatrices, et la blonde ne parlait pas seulement de celle sur sa joue...

-Qu'est-ce que tu fais la ? Tu n'es pas censé être au Québec ?

Sa voix se voulait dédaigneuse, en colère, mais Louane se rendit compte au moment où les mots sortirent de sa bouche qu'il n'en était rien. Elle était brisée, il l'avait brisée. Lorsque la main de l'homme qu'elle avait passé tant de temps à aimer en vain se leva pour approcher sa joue scarifiée, la jolie bonde eut un vif mouvement de recul, et aurait probablement giflé son ex si elle n'avait pas eu un minimum de contrôle sur son corps. Auguste la regarda longuement, un regard qui se fit douloureux pour Louane. Elle était beaucoup plus petite, beaucoup plus mince que l'homme en face d'elle, et elle le connaissait. Si elle devait être parfaitement honnête, il l'effrayait.

-Et bien, ça ne s'est pas arrangé, fit remarquer Auguste en désignant la cicatrice d'un mouvement du menton empli de pitié, et peut-être même d'un peu de dégoût.

Comment Louane avait-elle pu l'aimer, et le laisser la ruiner de cette façon ? Comment lui avait-il fallu tant de temps pour se rendre compte qu'il était abusif, qu'il finirait par trouver mieux qu'elle et la jetterait telle une vieille chaussette lorsque cela arriverait.

-Qu'est-ce que tu veux ? siffla la blonde en faisant un autre pas en arrière.

Même après toutes ces années, elle était incapable de se retourner, et de partir alors qu'elle savait son regard pervers sur elle. Il y avait des choses dans la vie de Louane dont elle n'était pas fière, voir qu'elle regrettait. Cette relation était la première sur la liste.

Noël, c'est fantassetique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant