Louane avait hésité, après la discussion qu'elle avait eue avec Eve, à rester plus longtemps le soir-même, afin d'entendre sa réponse. Pour être honnête, ces derniers temps, les seuls moments où elle se sentait vraiment bien étaient lorsqu'elle était avec la belle brune, qu'elles parlaient ensemble de tout et de rien, plaisantaient sans qu'aucune barrière ne vienne les gêner. Pour cela, Louane était en colère. Pas contre Eve, mais contre elle-même. Elle s'était promis de ne jamais s'attacher à nouveau, de ne jamais se montrer vulnérable en présence de personne. Et pourtant, à chaque fois qu'elle se trouvait à proximité d'Eve, elle ressentait ce picotement familier au cœur, ce tremblement au niveau du ventre. Qu'est-ce que cela signifiait ? Cela faisait deux ans qu'elle connaissait la belle brune, si elle devait tomber amoureuse, ce serait déjà fait, pas vrai ? Pourtant, elle reconnaîtrait ce sentiment sous toutes ses coutures... Il était tellement proche de la haine, pourtant, la même qui occupait une grande partie du cœur de la blonde.
- Louane, arrête de rêvasser, tu vas être en retard !
La jeune femme soupira en entendant la voix de sa mère, elle était trop fatiguée pour se lever. Simba était couché à côté d'elle, sur son lit, et Louane embrassa son crâne poilu avant de rejeter la couverture pour sortir du lit. Ses parents ne cessaient de lui répéter qu'elle était beaucoup trop gaga de ce chien, mais elle n'en avait pas honte. Elle l'avait trouvé à un refuge, qu'elle avait visité avec pour intention de faire des dons pour aider les animaux, mais elle avait fait la rencontre de ce chiot, qui ne l'avait plus quittée. Simba avait maintenant un peu plus de huit mois, et avait adopté la famille entière, bien qu'il préfère largement passer son temps à jouer avec Louane lorsque cette dernière était là. Le chat d'Eve était d'ailleurs presque aussi mignon que le bébé golden retriever.
La jeune femme rejoignit sa famille en bas, et fusilla du regard le sapin de Noël désormais complètement décoré et illuminé. Elle n'avait pas besoin de voir cela dès le réveil... Louane ne comprenait pas pourquoi sa famille insistait tant pour qu'elle célèbre Noël avec eux, et ce tout en sachant très bien pourquoi elle le refusait. Ne pouvaient-ils pas, au moins une fois dans leur vie, l'écouter et respecter ses opinions ?
De plus, Alexandre et Yohan avaient encore frappé, puisque les murs du café étaient désormais ornés de guirlandes lumineuses clignotantes, et bien que Louane n'ait rien contre l'ambiance que cela créait, elle aurait largement préféré qu'ils mettent leur énergie dans le service... Cela l'aurait peut-être soulagée d'un trop grand nombre d'allers-retours entre la salle et le comptoir. Heureusement, Eve était du même avis qu'elle, et avait strictement interdit à son frère et son meilleur ami d'ajouter quoi que ce soit d'autre ayant un rapport avec Noël, surtout après que Yohan ait acheté des emporte-pièces en forme de renne, de lutin, de bonhomme de neige ou encore de père Noël, avec la ferme intention que sa meilleure amie les utilise. Eve avait refusé catégoriquement ; si bien que Louane s'était demandé s'il n'y avait pas une raison beaucoup plus profonde que le fait que l'on encourage à passer cette fête avec sa famille –famille avec laquelle la belle brune ne semblait pas s'entendre—, derrière le fait qu'elle n'aimait pas Noël. La jeune femme avait été tentée de poser la question, mais deux choses l'avaient poussée à ne pas le faire. Premièrement, si cette chose, quelle qu'elle soit, créait une telle aversion aux fêtes de fin d'année, alors mieux valait ne pas remuer le couteau dans la plaie, Louane en savait quelque chose, avec sa famille qui ne cessait de lui rappeler tant de mauvais souvenirs ; deuxièmement, elle ne voulait pas que sa question se retourne contre elle. Elle s'était promis de ne jamais en parler à personne (autre que sa famille, qui savait déjà), mais elle se sentait faiblir face à Eve. Elle n'était pas sûre de pouvoir résister si la belle brune plongeait ses yeux sombres dans les siens.
En descendant, Louane croisa Mélissa, qui se disputait visiblement avec le cadet de la fratrie, Clément, quant à comment accrocher une énième guirlande. Elle ne vivait même plus dans cette maison (même si elle y passait la majorité de son temps), pourquoi ressentait-elle le besoin de donner son avis sur les décorations ? Louane commençait sérieusement à avoir l'impression de vivre dans un paquet cadeau, plutôt que dans une maison. Ah... Le temps où elle prenait part à toutes ces festivités était bien lointain, et elle n'aurait su dire s'il lui manquait ou si elle était au contraire heureuse d'avoir drastiquement changé d'avis. Peut-être était-ce simplement son innocence d'antan qui lui manquait, elle était bien heureuse d'être sortie de tout ce bazar commercial qu'entraînait les fêtes.
-Alors ? lança Baptiste, son aîné de tout juste un an, en apparaissant à ses côtés.
Louane sursauta et posa la main sur son cœur, qui avait raté un battement. Elle n'avait pas vu son frère arriver, ce dernier prenait toujours un malin plaisir à lui faire peur.
-Alors quoi ?
Il sourit, d'un air qui ne disait rien de bon à la cadette. Il avait l'air de quelqu'un qui en savait trop, et qui n'avait aucunement l'intention de le cacher.
-J'ai entendu parler d'une certaine brune, qui te ferait de l'effet, dit-il sans abandonner son sourire insupportable.
Louane hésita entre le frapper lui, ou plutôt Mélissa et Mia. Elle ne savait pas laquelle des deux avait parlé, mais elle comptait bien le découvrir et le leur faire payer.
-Non, répondit-elle. Et puis de quoi je me mêle, d'abord ? C'est Mia qui est censée être une commère, pas toi !
Baptiste sourit et sa sœur n'hésita pas à lui mettre une claque derrière la tête, qu'il lui rendit. Frapper ses frères et sœurs était le moyen préféré de la jolie blonde pour éviter les questions auxquelles elle ne voulait répondre. En effet, comment était-elle censée répondre à ce qui allait se transformer en question, si elle-même ne connaissait pas la réponse ? Elle n'avait strictement aucune idée de ce qu'il se passait avec Eve, peut-être était-ce juste son imagination, ou son corps autant que son esprit qui voulait la mettre en garde. Elle était tellement terrifiée à l'idée de se rapprocher de qui que ce soit à nouveau...
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Noël, c'est fantassetique
RomansaEve possède un café parisien rien qu'à elle, à l'abri de l'effervescence des fêtes. Ici, elle n'a pas besoin de repenser à son passé qui lui fait tant haïr Noël. Mais de là à passer décembre tranquillement, comme s'il s'agissait d'un mois comme les...