Vivre son Printemps [Romance - amour interdit]

Le renard

Sato et Saori se retrouvent une fois de plus ensembles pour passer la soirée à chercher Yumi. Mais l'espoir n'y est plus. Le jeune homme se sent en colère, contre son amie qui ne lui a rien dit, ni donnée de nouvelles, mais contre lui-même surtout.

-Si seulement j'avais fermé ma gueule ce jour-là. Soupire-t-il soudainement dans la rue.

-Hein?

-J'ai fait le con, et c'est surement pour ça que Yumi ne me parle plus.

-Tu ne m'as jamais raconté ça. Tu veux en parler ?

Ils font quelques pas dans la neige, puis Sato s'arrête. Sa nouvelle amie a peut-être raison, en parler lui ferait du bien.

- Ok. Ne te moque pas de moi. Il y a quelques jours, je lui ai avoué mes sentiments. Et... depuis elle ne me parlait plus beaucoup.

Saori se sent mal à l'aise, réalisant que le garçon qui lui plaît est amoureux de Yumi. Elle déglutit sous son écharpe. Après tout, Yumi est élégante, douée dans plein de choses, et elle ? Juste une fille modeste, un peu potelée et banale.

-Et si on changeait de programme ? J'te paye un chocolat chaud ?

La jalousie glisse sur elle, sans emprise. Saori préfère se concentrer sur son ami et mettre ses sentiments de côté.

Le pouls de Yumi s'emballe, tout disparaît autour d'elle et ne voit plus que lui. Une bouffée de chaleur part de son cœur jusqu'au bas de son ventre. Sa peau frémit. Ce simple geste, ce simple sourire, et ces simples mots lui procurent une sensation nouvelle.

-Hei Kiritani. Continu l'homme. J'ai 24 ans bientôt 25. J'ai vécu, comme toi, avec une éducation stricte pour faire de moi une élite de la société. Mon enfance se résume à de l'apprentissage de matières "nobles". J'ai fui mon quotidien à 17 ans. Pour vivre je me suis retrouvé à jouer aux jeux d'argent dans des milieux illégaux et fréquenter des personnes peu recommandables.

Des barrières se brisent au moment où il lui a donné son prénom, au moment où il la tutoie. Aucun mot n'arrive à la bouche de Yumi, seuls ses yeux verts expriment une confusion d'émotions intenses.

- J'ai arnaqué des gens, on m'a manipulé grâce à l'alcool, emmené toujours plus loin dans la débauche pour exploiter mon intellect. Maintenant je suis professeur, fier de l'être. C'est tout ce qui importe aujourd'hui.

La boule que sent Hei dans son ventre, quand il parle habituellement de lui, se dissipe au fil des mots. Parler spontanément, pour elle, le soulage.

-Je n'ai raconté ça à personne.

Allégé d'un poids il libère un petit sourire. La jeune femme à ses côtés est touchée, les mots lui manquent.

-Tu as réagi avec tellement de sang-froid tout à l'heure... Merci. Je suis désolé de t'avoir fait pleurer.

Hei attend une réaction, mais voit bien que Yumi est perdue. Il retire la main qu'il a laissée sur sa joue et recule un peu. Il se dit qu'il est trop entreprenant, qu'il la met mal à l'aise, mais c'est à ce moment-là qu'elle se met à sourire, des larmes brillent au coin de ses yeux comme des étoiles. Elle est heureuse, et c'est tout ce qu'il veut.

-Merci... Hei.

Murmure-t-elle. N'arrivant plus à soutenir son regard, elle baisse la tête. Yumi a du mal à comprendre pourquoi elle se met dans un état pareil pour si peu. 

-Il est tard. Tu n'as pas envie de dormir ? Dit-il pour couper le silence.

Elle secoue la tête pour dire non. Comment trouver le sommeil dans un tel état émotionnel ?