Premiers flocons de neige

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Mr Kiritani remarque la présence de Yumi et la salue simplement. La jeune femme quant à elle, surprise, bégaye un bonjour approximatif. Elle a un terrible besoin de se justifier :

- J'ai le mal des transports alors...

Il la regarde, ne dit rien et s'installe. Yumi sent ses mains trembler à cause du palpitant effréné de son cœur.

- Et puis il y a une meilleure vue du paysage à l'avant. Dit-elle en détournant son visage vers la fenêtre.

- C'est vrai. Dit-il en attachant sa ceinture.

Yumi prit une profonde inspiration et le bus démarre enfin. Les minutes sont interminables, elle veut engager la conversation mais rien d'intelligent ne lui vient en tête. C'est lui, contre toute attente, qui engage la conversation :

- Excusez ma curiosité, mais vous êtes originaire de Kyushu ?

Elle tourne la tête, ses yeux grands ouverts de surprise. La voix du professeur avait montré un soupçon de gêne. Mais il a l'air toujours aussi sérieux. Son regard est difficilement tenable, si bien qu'aucun mot ne sort de la bouche de Yumi qui fait non de la tête.

- C'est que... vos yeux sont verts, ce n'est pas courant. Pardon ma question était déplacée.

- Non ! Ça ne l'est pas. Je suis à moitié japonaise et moitié européenne. Française pour être plus précise. Je les ai hérité de mon père qui est Breton. Elle affiche un sourire, plus décontracté.

- Ah je vois. C'est... Joli. Vos yeux je veux dire... enfin leur couleur.

C'est lui qui détourne le regard cette fois-ci. Il réalise que ses propos ne sont pas appropriés et préfère en rester là. Yumi saisit l'opportunité pour continuer la discussion sur un autre sujet.

- Je vous remercie encore pour hier.

- Ce n'est rien. Vous aviez dit vouloir aller à l'université de Tokyo ?

- Oui...

Une moue trahit son manque d'enthousiasme.

- Vous ? Ou vos parents ?

La question foudroie la jeune femme. Lui mentir semble futile mais elle persiste :

- Moi, monsieur.

- Vous n'avez pas à me mentir, je ne vous jugerai pas. Vous pouvez m'en parler, si vous le souhaitez. Je ne veux pas vous forcer.

- De toute façon, vous finirez par le savoir. Tout le monde sait ici... que je suis d'une famille noble, et fortunée. Mon destin est de suivre la voie des Muchimaro : le chemin de la réussite. Ou rien. Je n'ai pas eu le loisir de pouvoir choisir entre le nom de mon père ou celui de ma mère. Pour vivre au Japon et transmettre le titre de noblesse on a décidé pour moi.

Yumi déglutit et regarde la route défiler devant le bus.

- Qu'en penses-tu personnellement ?

- J'aurais voulu... avoir plus de liberté dans le choix de mon avenir. Mais je comprends que mes parents ne l'acceptent pas. J'ai une entreprise à reprendre, un titre à encenser. Pardon, je dois vous ennuyer.

- Je suis professeur, c'est normal que je m'intéresse à l'orientation professionnelle de mes élèves à la fin du lycée. C'est important. Que souhaites-tu faire ?

- Illustratrice, mangaka...

Yumi avait dit ça dans un murmure, tête baissée. Comme si ces métiers sont une honte pour une future dame de son rang. Mr Kiritani comprend. À leur époque, ces métiers sont mal considérés : vu comme un métier sans en être vraiment un. Les mentalités changent mais d'ici là de jeunes gens comme Yumi payent les frais de parents qui pensent que leurs enfants n'ont aucune ambition.

Vivre son Printemps [Romance - amour interdit]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant