Cette fois Yumi n'est pas en retard. La perspective de débuter la journée par le cours de japonais l'a motivée à faire des efforts. Levée tôt, elle se surprend à arriver en avance. Sato est aussi surpris qu'elle quand il la voit au portail. Lorsque leurs regards se croisent, la jeune femme trottine jusqu'à lui, heureuse de revoir enfin son ami alors que cela ne fait que deux jours qu'ils ne se sont pas vus. De son sourire espiègle, il la taquine sur son avance :
- Tu étais pressée de me revoir on dirait, ça me touche.
Yumi rit, lui offre son souvenir, et lui raconte d'une traite le séjour à Kyôto, omettant volontairement la solitude qu'elle a pu ressentir en son absence et ses échanges avec Mr Kiritani. Sato n'est pas stupide et sait que son amie a dû se sentir seule. Il espère qu'aucun incident n'est eu lieu, notamment avec Anko.
Anko est l'archétype de la jeune femme populaire : belle, au physique plantureux, croque les hommes mûrs, humilie à la moindre occasion les élèves timides et peu sûrs d'eux. Probablement pour assoir une sorte d'influence, et se prémunir elle-même de tout harcèlement. Quand on est l'harceleuse, on est rarement l'harcelée.
- Tu parles tellement ! Soupira-t-il. Même pas tu me demandes comment s'est passé les sélections. J'ai réussi, je participe au tournoi !
Yumi s'excuse platement, et lui promet d'être là durant les tournois pour le soutenir.
- Mais ... Tu seras moins disponible après les cours ou le week-end jusqu'au tournoi je me trompe ? Tes entrainements vont se multiplier.
- Oui. Mais je sais que tu es une fan assidue et que tu n'es pas capable de survivre sans moi plus de 48h alors tu viendras me voir m'entrainer. Ce n'est pas une question évidemment.
Sato adore taquiner son amie. Même s'il y a toujours un fond de vérité dans ce qu'il dit et que la jeune femme ne semble jamais le percevoir. Il sait qu'il s'y prend mal.
Dans salle des professeurs, assis à son bureau une tasse de café fumante dans une main et dossier ouvert dans l'autre, Mr Kiritani est d'humeur maussade. Cela ne se voit pas chez lui, mais se ressent à plusieurs mètres. Mais il faut plus pour décourager Mr Dubois.
Marc Dubois est français et rassemble à lui seul tous les clichés que peuvent se faire les Japonais sur les Parisiens : très grand, blond aux yeux bleus, toujours bien habillé et coiffé, parle beaucoup, est trop franc, trop enthousiaste, ne rentrera jamais dans le moule et surtout on ne sait pas s'il drague ou s'il plaisante. Marc s'approche de son collègue et le salue avec un geste agité de la main.
- Enchanté, le nouveau ! Je te propose de me payer un café à la machine pour faire connaissance.
Il accepte volontiers. Là où ses autres collègues semblent mal à l'aise avec l'attitude de Mr Dubois, Mr Kiritani s'en accommode. Discuter avec quelqu'un qui n'est pas soumis au Tatemae lui fait du bien, même si le japonais de Marc n'est pas parfait. Devant la machine, les deux hommes discutent.
- Que penses-tu de notre Lycée ? Il est vraiment pas mal hein ? ça respire la thune à plein nez ici.
Plaisante le Français en appuyant sur Capuccino une fois que son collègue ait inséré une pièce. Mr Kiritani ne tire pas rigueur du sarcasme.
- Ils pourraient au moins nous payer le café !
- Ce lycée est bien.
- Tu n'es pas très bavard hein ? dit-il en prenant son gobelet.
- Non, en effet. Mr Kiritani termine son propre café.
- Il faut absolument qu'on se fasse une sortie dans un Isakaya avec les autres. Ce serait sympa. Sauf si tu as une vie sociale plus remplie que je ne le pense ?
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Vivre son Printemps [Romance - amour interdit]
RomanceYumi s'apprête à se jeter d'un pont. C'est alors que Mr Kiritani, son professeur de japonais, la tire d'une mort certaine. Ce dernier va alors la cacher chez lui... Que dissimule Mr Kiritani qui se réfugie dans la cigarette et la bière sans alcool...