Vivre son Printemps [Romance - amour interdit]

Neige et sentiments

Sato et Saori restent au téléphone de longues minutes, à parler de Yumi au départ puis de tennis et de la vie quotidienne. Dehors la neige se transforme en tempête. Le sommeil ne frappe pas à la porte des deux jeunes gens. Lorsque Saori raccroche, pour des raisons financières et non par envie, Sato regarde son petit cadran faiblement lumineux. Ils ont discuté ensemble une heure. Une heure où il a réussi à l'oublier. La culpabilité et l'anxiété le saisissent à nouveau. Il a envie de rappeler Saori mais il vaut mieux essayer de se reposer, il cherchera à nouveau Yumi demain... avec elle.

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Dans l'immense maison des Muchimaro, le silence pèse autant que l'obscurité de la nuit. Une silhouette se lève du lit parental. Le père, Laurent Guivarch, ne trouve pas le sommeil aux côtés de sa femme. Revêtu d'une robe de chambre, il erre dans sa propre maison. Guettant aux fenêtres d'un regard anxieux, il espère apercevoir la silhouette de sa fille. Après d'interminables minutes il se prépare un thé dans la cuisine, puis il remonte et va dans la chambre de Yumi. La chambre lui semble terriblement froide. Les volets ouverts laissent voir la neige tomber en trombe depuis le ciel. Laurent se penche sur une petite veilleuse et l'allume. Il s'assoit sur le lit, songeur, et pense à ses absences répétées auprès de sa petite princesse. La culpabilité le tourmente, mais la fatigue le rattrape.

Laurent se relève prêt à revenir à son lit quand son regard croise une pochette qui dépasse d'une étagère. Sans vraiment pouvoir expliquer son geste, il la prend. Des dizaines de feuilles dessinées y sont rangées. Il les feuillette, admiratif du talent de sa fille, et reconnait des visages : son grand-père, la domestique, Sato, le couple de vieux voisins, d'autres personnes dont un homme à qui elle semble avoir apporté beaucoup de soin dans les traits...

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Tout s'est passé en quelques secondes. Porté par un incroyable élan d'adrénaline, Mr Kiritani a escaladé en quelques secondes la barrière de sécurité pendant que le corps de Yumi se suspend désespérément aux barreaux gelés. Les mains de la jeune femme sont engourdies par le froid et menacent de lâcher prise. Le professeur se penche, elle attrape sa main. Leurs yeux se croisent. Mr Kiritani est là, sa grande main rassurante la hisse vers le haut. Elle n'a jamais vu un regard aussi inquiet sur son visage. Son cœur bat fort dans sa poitrine. Il s'inquiète pour elle, il ne veut pas qu'elle meure... Yumi veut vivre.

Grâce à lui, la jeune femme remonte suffisamment pour poser un pied sur une barre de métal et commencer à grimper. Mr Kiritani la hisse toujours, ses mains sont plus sures et moins glissantes. Lorsque Yumi arrive enfin en haut de la barrière, le professeur la fait descendre, les jambes de la lycéenne sont tremblantes. Une fois en bas, elle a du mal à tenir debout et flanche. Son professeur la prend alors dans ses bras pour lui éviter de tomber. Elle entend son cœur à lui, qui bat aussi fort que le sien. Son souffle est saccadé par l'effort et la panique. Elle sent la chaleur de ses bras. En cet instant, Yumi ferme les yeux et pleure, heureuse d'être en vie pour vivre ce moment : être blotti dans les bras de Mr Kiritani. 

Le jeune professeur laisse le temps filer. Lui aussi profite de cet instant pour se calmer. Yumi va bien, c'est tout ce qui compte. Au bout de quelques minutes, il lui demande :

-Vous n'avez rien ?

Elle secoue la tête pour dire non. Mr Kiritani recule d'un pas.

-Vous êtes gelée. Il est temps de partir d'ici. Rentrons.

Alors qu'il attend une réponse, Yumi sens le désespoir l'envahir de nouveau.

-N...non je... je ne veux pas rentrer, je... Des sanglots remontent dans sa voix. Pitié !