Menaces

93 11 17
                                    

Le lendemain en fin d'après-midi, au lycée, Sato trouve un petit papier dans son casier, posé sur ses chaussures. D'une écriture raffinée, le mot dit "retrouve-moi sur le toit" avec un petit cœur. Comme il est incapable de reconnaitre l'écriture de qui que ce soit, il décide de s'y rendre au cas où. Au cas ou quoi ? Se dit-il en montant les marches. Il espère que ce soit qui ? Saori ou Yumi ? Son cœur se pince, persuadé que son amie d'enfance l'a trahi pour un autre homme.

Sur le toit l'attend Anko et ses amies. Le jeune homme reste interdit et se demande ce qu'elle peut bien lui vouloir. Sans rien dire la chef lui montre des photos de Saori prise en plein tourment dans les toilettes des filles : tête dans la cuvette, grand chemisier ouvert.

-Parfait, j'ai ton attention. Maintenant tu m'écoutes attentivement. Tu vas me balancer tout ce que tu sais sur la fugue de la demi-princesse, et il n'arrivera rien de fâcheux à sa réputation.

-Espèce de... !

Il fait un pas en avant et Anko menace de faire tomber les photos dans la cour fréquentée par des élèves.

-J'pense que tu n'as pas envie que le lycée entier voir les nibars de la grosse. Alors tu te calmes.

-Ok, tu veux quoi ? Il se retient de l'insulter.

-Comme j'ai dit : chez qui la princesse à fuguée ? Ta copine la grosse n'a pas voulue me le dire. Pourtant j'ai une piste... je veux être sûre de moi.

Anko montre des photocopies des dessins de Yumi.

-La demi-princesse a un super béguin pour le beau prof Kiritani on dirait non ? Tu sais quelque chose ?

L'esprit de Sato s'imbibe soudainement d'une jalousie qui le rend ivre de colère en voyant tous ces dessins de Mr Kiritani. Si bien dessiné, si soigné, on voit l'amour dans chaques coups de crayons : ça le met en rage.

-Elle était chez lui ?

-Oui. Dit-il sèchement. Je l'ai vu à l'anniversaire du père de Yumi. Ce pervers m'a presque avoué l'avoir hébergé chez lui.

Anko se met à rire.

-Merci de confirmer mes suspicions. Je suis sûre que le proviseur va adorer cette histoire... Anko déchire en miettes les photos. Je tiens mes promesses.

Les trois pestes quittent le toit sans rien demander de plus. Le sourire sadique qu'a Anko aux lèvres trahit sa satisfaction d'avoir semé le trouble chez le jeune homme qui ramasse les morceaux de photos, pour s'assurer que personne d'autre ne voit ce qu'il a vu. Pendant que ses mains tremblantes de rage les ramassent, des larmes tombent sur le béton du sol. Si Saori l'apprend, le rejetterait-elle ?

Chez les Muchimaro l'ambiance n'est pas non plus festive, au contraire : lourde et le regard de Sae respire le jugement. Ce regard est posé sur son mari à son bureau. Laurent ne comprend pas, mais il sait que, quand Sae ferme la porte derrière elle et le fixe ainsi, la dispute est inévitable.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux me dire quelle erreur de conduire j'ai encore commise cette semaine ? Dit-il en riant pour tenter de désamorcer la bombe.

-Non. Je veux savoir qui est l'homme avec qui ma fille à valser comme une irresponsable insouciante.

Laurent soupire. Il se lève et s'assoit sur le coin du bureau.

-J'ai invité cet homme car il a sauvé notre fille, Sae. Où étions-nous quand elle avait besoin de se confier ? Qu'avons-nous fait pour l'écouter ? Rien. Et si cet homme n'avait pas été là, on aurait repêché le corps de notre pauvre enfant dans la baie de Tokyo.

-Tu as avalé cette histoire comme un imbécile.

-Ce qui ne te plait pas Sae, c'est d'avoir vu le regard d'une jeune femme amoureuse dans les yeux de ta fille, pour un homme qui ne vient pas de ton milieu privilégié.

Vivre son Printemps [Romance - amour interdit]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant