Lendemains difficiles

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Buck ouvrit les yeux difficilement.

Il avait la désagréable impression d'avoir la gueule de bois. Pourtant, il n'avait pas bu. Il s'était simplement couché dans son lit, en se roulant en boule.

S'il avait pu, il en aurait pleuré.

La veille au soir, il avait pris une décision radicale en rompant avec Taylor. Il avait été heureux de ce qu'ils avaient partagé et elle avait vraiment compté pour lui. Mais elle avait entamé sa confiance, en se servant d'informations sensibles pour sortir un bon sujet et il ne voulait pas de ce genre de relation.

Il avait besoin d'avoir pleinement confiance en la personne qui partageait sa vie.

Avec ce qui s'était passé, il savait que Taylor n'était pas cette personne. C'était la raison pour laquelle il avait rompu mais maintenant il était seul.

Encore.

Et il détestait ça. La solitude, ce n'était pas fait pour lui. Quand il était jeune, il avait apprécié les moments où il se retrouvait avec lui-même. Mais depuis l'accident du camion, depuis qu'il s'était retrouvé bloqué chez lui avec une jambe dans le plâtre, il ne supportait plus le silence de son appartement.

C'était oppressant.

Heureusement, il avait échangé quelques messages avec Eddie qui l'avait rassuré et lui avait apporté son soutien dans cette épreuve. Buck s'en voulait de lui avoir gâché une partie de sa nuit avec ses plaintes.

Mais Eddie avait répondu présent, il répondait toujours présent pour lui à toute heure du jour ou de la nuit. Leur amitié était plus solide que jamais.

Eddie avait eu un passage à vide quelques mois plus tôt.

Son SSPT lui avait explosé en plein visage et la dépression l'avait assujettie. Buck avait fait le maximum pour l'aider, pour qu'il puisse travailler à vaincre ses problèmes.

Aujourd'hui, son meilleur ami était de retour.

Il allait vraiment mieux et il avait été autorisé à reprendre sa place à la 118. Buck s'en réjouissait, Eddie y était à sa place et puis, il pourrait garder un œil sur lui, le protéger.

Il se redressa et prit une douche rapide pour se débarrasser de son sentiment d'oppression. Puis, il redescendit l'escalier lorsqu'on frappa à la porte de chez lui.

Il ouvrit la porte pour se retrouver devant sa sœur, tout sourire, lui montrant un sac en papier avec leur petit déjeuner.

Il lui sourit tendrement en la laissant entrer.

Maddie savait toujours quand il avait besoin d'elle, de son soutien. Elle posa le sac sur le comptoir et le prit dans ses bras. Buck se laissa aller à cette étreinte.

Ça lui faisait tellement de bien.

– Comment tu te sens ? s'enquit-elle en se dégageant.

– Bizarre, admit-il. Comme... vide.

– Tu l'aimais, comprit-elle.

– J'aimais ce qu'on partageait. Je ne sais pas... Oui, je l'aimais mais je ne pouvais plus avoir confiance en elle. C'était trop compliqué après ce qu'elle a fait. Je ne peux pas être dans une relation sans avoir confiance.

– Je sais Buck, et c'est normal. Tu n'es pas le fautif dans cette histoire.

– Alors pourquoi j'ai l'impression d'avoir tout fait foirer encore une fois ?

– C'est parce que tu es comme ça. Tu fais passer le bien-être des autres avant le tien. Tu te sens coupable parce qu'elle a souffert mais tu oublies que tu souffres toi aussi. Elle a trahi ta confiance la première. Ta réaction est normale et justifiée.

– Je sais que tu as raison, soupira-t-il alors qu'ils s'installaient pour prendre leur petit déjeuner.

Buck fouina dans le sac sachant très bien que Maddie lui avait apporté le meilleur petit déjeuner de tous les temps, celui qui lui remontait le moral à tous les coups. Un grand chocolat à la crème et à la cannelle et des donuts à la fleur d'oranger.

– Tu sais vraiment de quoi j'ai besoin, la remercie-t-il.

– Je te connais.

– Tu es la meilleure des grandes sœurs, sourit-il en mordant dans son beignet.

Maddie se contenta de sourire, en avalant une gorgée de son café.

Le silence entre eux n'était pas gênant, il était apaisant. La présence de Maddie, l'odeur de chocolat chaud, le goût de la fleur d'oranger lui rappelait son enfance, quand sa sœur prenait soin du petit démon qu'il était.

C'était réconfortant.

Ça lui évitait de penser à ce qui l'attendait maintenant. Les nouvelles rencontres, les nouvelles déceptions aussi. Buck doutait d'être prêt à tout reprendre de zéro.

– Buck, le gronda-t-elle gentiment. Sors de ta tête et parle-moi !

– Ce n'est rien Mads, juste... Je ne sais pas trop quoi faire, maintenant. Je veux dire... Je n'ai pas envie de rester seul hein, mais tout recommencer, c'est... compliqué.

– Et c'est normal. Tu as été déçu et tu souffres. Tu as rompu avec Taylor, hier soir. Laisse-toi du temps.

– Combien de temps ?

– Toi seul peux répondre à cette question. Ça sera quand tu te sentiras prêt à passer à autre chose.

– Ok, souffla-t-il. Et toi ?

– Moi ? s'étonna-t-elle.

– Tu vas passer à autre chose ?

– Ce n'est pas de moi dont il s'agit ici, mais de toi.

– Il n'y a rien de plus à dire sur moi. Toi aussi tu viens de rompre. Comment tu te sens ?

– Bizarre, admit-elle. J'ai l'impression d'être une étrangère partout où je vais. Quand je regarde Jee, je vois tout ce que j'ai raté depuis l'année dernière et je me sens... vide.

– Mais tu es toujours guérie, n'est-ce pas ?

– Oui de ce côté-là tout va bien, le rassura-t-elle.

– Ok. Alors quoi ?

– Je n'en sais rien, j'ai l'impression de regarder ma vie m'échapper. J'ai perdu ma famille...

– Tu as toujours Jee et je suis là aussi.

– Et je vous aime tous les deux.

– Mais il te manque, comprit-il. Chimney te manque.

– Je l'aime toujours mais quelque chose est brisé entre nous.

– Si tu l'aimes, bats-toi pour réparer ce qui est brisé. Chimney t'aime, il a tout abandonné pour te rechercher. Il est presque devenu fou de ne pas savoir ce qui t'était arrivée. Cet homme t'aime plus que tout et si tu l'aimes aussi alors il n'y a aucune raison pour que vous restiez séparés.

– Depuis quand es-tu devenu si sage ? le taquina-t-elle en essuyant ses yeux.

– J'ai grandi Maddie, se contenta-t-il de répondre.

– Je vois ça, sourit-elle. Petit frère.

Buck répondit à son sourire.

Finalement, il ne serait jamais seul, temps que Maddie prendrait soin de lui. Il devait prendre soin d'elle aussi et si ça passait par la rabibocher avec Chimney, et bien il le ferait.

9-1-1 - L'homme parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant