Notre famille

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– Wow, lâcha-t-il abasourdi.

Eddie venait de lui raconter ce dont il se souvenait de son coma, l'enchaînement de ses cauchemars. Il avait vécu l'enfer au moins autant que lui.

– Ouais, souffla-t-il. Buck, cariño, je veux juste que tu saches que je me suis battu comme un fou pour revenir vers toi, que je me battrai toujours pour revenir vers Christopher et toi. Je ne vous abandonnerais jamais par choix.

– Je le sais...

– Tu dois me promettre de ne pas le faire, non plus, poursuivit-il. Je suis sérieux. Je ferai tout pour vous revenir. Toujours. Mais si un jour j'échoue, tu dois me promettre de ne pas lâcher prise. Notre fils aura besoin d'un de ses pères pour le restant de ses jours et pas seulement jusqu'à ce qu'il soit en âge de s'occuper de lui tout seul. Il aura toujours besoin de toi, Buck, et tu devras te battre pour lui. Est-ce que tu me promets ?

– Je te le promets, Eddie, souffla-t-il. En tout cas, je ferai de mon mieux.

– D'accord.

Eddie serra sa main dans la sienne. Encore une nuit et il pourrait ramener son mari chez eux. Buck avait hâte de quitter cet horrible hôpital.

– Il y a encore une chose, poursuivit soudain Eddie.

– Oui ? s'enquit-il nerveux.

– En fait, j'ai encore du mal à comprendre la signification de tout ça mais, au milieu de mes cauchemars, il y a eu ce rêve, ce très joli rêve.

– D'accord ? souffla-t-il incertain.

– Nous étions à la maison et nous faisions la vaisselle.

Buck ne put empêcher le sourire qui se glissa sur ses lèvres.

– Réfractaire à utiliser le lave-vaisselle même dans tes rêves, hein ? se moqua-t-il pour se détendre.

– Il faut croire, rit-il en lui prenant la main pour en entrecroiser leurs doigts. Mais bon, nous partagions un petit moment en tête-à-tête très agréable mais nous avons été interrompus par les pleurs de notre... bébé.

– Bébé ? répéta Buck, surpris. Nous avions un... bébé ?

– Il faisait même ses dents, confirma Eddie.

– Wow !

– Nous avions notre famille, Buck.

– Nous avons déjà une famille, lui rappela-t-il.

– Tu sais ce que je veux dire, le gronda-t-il. Cariño, tu agis encore parfois comme si tu n'étais pas assez important, comme si tu n'avais pas ta place avec nous mais dans ce rêve... Tu étais enfin... serein.

– Parce qu'on avait un bébé ?

– En réalité, nous en avions trois de plus.

– Quatre bébés ?

– Quatre enfants de plus que Christopher, sourit-il.

Buck fronça les sourcils.

Il ne comprenait pas ce qu'Eddie essayait de lui dire. Il avait raison sur le fait que c'était un joli rêve mais ça resterait à jamais un rêve.

– Ça ressemble un peu à un autre cauchemar, Eddie, lâcha-t-il en riant maladroitement. J'adore les enfants, tu le sais, mais là, c'est trop. Avec notre travail en plus...

– Et pourtant, confirma-t-il. Tu étais heureux, Buck. Tu ne t'étais pas contenté de t'intégrer dans notre famille, tu avais participé à sa construction et j'ai vraiment aimé ça.

– Tu veux un autre enfant ? demanda-t-il incertain. Avec moi ?

– Bien sûr que oui, admit-il. Pas toi ?

– Je ne sais pas, je... ne crois pas être prêt à ça.

– Tu as tout ton temps, cariño, lui promit-il. A ton rythme.

– Et si je ne suis jamais prêt ?

– Alors tant pis, sourit-il de nouveau en embrassant sa main. Je trouverai un autre moyen de te rendre aussi heureux que dans mon rêve. Tout ce qui compte, c'est qu'on soit ensemble.

Buck l'embrassa pour cacher ses larmes et aussi parce qu'Eddie était vraiment trop mignon quand il disait des trucs romantiques et qu'il adorait vraiment ça.

Il le quitta à contrecœur mais il était déjà tard et Christopher l'attendait, sûrement avec impatience, pour préparer la fête de bienvenu à la maison d'Eddie, qui avait lieu demain.

Il avait toujours leur conversation en tête et ça tournait en boucle.

Il n'aurait jamais pensé qu'Eddie voudrait d'autres enfants. Il n'en avait jamais parlé avant et ça le faisait de nouveau s'interroger sur l'avenir de leur relation, sur leur mariage tout entier même.

Bien sûr, Buck adorait les enfants et plus particulièrement Christopher, dont il se considérait à présent comme le second père, mais il n'était rien de plus que le « plus un » de leur famille. Adopter un second enfant avec Eddie, ça rendait les choses bien plus réelles. Buck deviendrait responsable de ce petit être au même titre qu'Eddie et c'était très effrayant.

Il ouvrit la porte et entra en saluant Ramon, qui se trouvait assis sur le canapé, avant de jeter ses clés sur la console. La banderole pour fêter le retour d'Eddie était déjà accrochée et Buck en était content parce qu'il se sentait vraiment épuisé.

– Est-ce que c'est bien ? lui demanda son beau-père.

– C'est parfait, lui sourit-il sans conviction.

– Un problème avec Eddie ? s'inquiéta-t-il.

– Eddie va très bien, lui assura-t-il. Il a hâte de rentrer.

– Alors qu'est-ce qui se passe ? Je sens que quelque chose ne va pas.

Buck grimaça.

Son beau-père avait très vite appris à le lire, peut-être mieux qu'Eddie lui-même et c'était un peu flippant s'il y pensait. Il se força à respirer calmement pour chasser les larmes qui menaçait d'éclater.

– Dis-moi ce qui se passe, Buck !

– Rien, M. Diaz. Je vous assure qu'Eddie va bien.

– Eddie oui, mais toi tu ne vas clairement pas bien.

– C'est juste... stupide, pleura-t-il soudain en s'installant sur le canapé. J'ai failli le perdre et je ne sais pas... Je crois que je commence seulement à réaliser que tout ça est derrière nous mais je n'arrive pas à... me projeter vers l'avenir.

– A quel sujet ? demanda-t-il sincèrement confus.

Buck soupira et essuya ses larmes se donnant le temps d'éclaircir ses pensées, de les rendre un peu plus cohérentes.

– Eddie veut d'autres enfants, admit-il.

– Et toi non ? lâcha-t-il incertain.

– J'adore les enfants, lui sourit-il. Et j'ai toujours rêvé d'avoir une famille nombreuse...

– Mais ?

– Je ne suis pas sûr d'être prêt.

– Alors parles-en avec Eddie. Il peut comprendre et t'aider à apaiser tes craintes.

– Bien sûr qu'il peut, pleura-t-il de nouveau. C'est seulement moi qui panique parce que je ne sais pas si je serai prêt un jour.

– Seul l'avenir te le dira Buck. Tu dois te donner le temps de guérir de ce qui t'ai arrivé. Buck, tu as un traumatisme à évacuer. Donne-toi du temps. Eddie sera toujours là quand tu iras mieux.

– D'accord, acquiesça-t-il en essuyant ses larmes. Merci, M. Diaz, d'avoir été là, de m'avoir supporté malgré votre propre chagrin.

– Tu n'as pas à me remercier, lui sourit-il. Nous sommes une famille, comme je te l'ai déjà dit. Et c'est ce que fait une famille, se soutenir les uns les autres, dans les bons moments mais aussi dans les mauvais. 

9-1-1 - L'homme parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant