Le choix évident

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Eddie regardait Buck échanger des recettes avec sa mère.

Ça avait si bien cliqué entre eux. Il était heureux qu'ils s'entendent si bien. Sa mère avait déployé d'immenses efforts pour faire oublier le comportement de son mari et Eddie savait, par les regards noirs qu'elle lui lançait, qu'il paierait cher ces quelques jours.

Cela était réconfortant, quelque part, de savoir que la tristesse de Buck serait vengée.

Depuis le matin de noël, il n'avait pas vraiment revu le sourire de son petit-ami. Quand ils étaient rentrés de chez les Grant-Nash, Buck s'était refermé sur lui-même et Eddie avait eu un mal fou à lui faire dire ce qui le minait.

Buck avait surpris une conversation entre son père et son abuela.

Il avait compris qu'il ne l'acceptait pas, qu'il ne lui avait donné aucune chance. Eddie l'avait laissé pleurer entre ses bras, en lui expliquant qu'il n'était pas en cause, que c'était leur couple qui gênait son père et non qui il était.

Il avait voulu mettre immédiatement son père à la porte mais Buck l'avait supplié de ne pas le faire. Il avait dit qu'il ne voulait pas que noël soit gâché par sa faute. Il ne voulait pas comprendre qu'il n'était pas du tout responsable du comportement irascible de son géniteur et peu importe combien de fois il le lui disait, Buck restait triste et Eddie détestait ça.

Il était tellement en colère contre son père à cause de ça qu'il avait commencé à l'ignorer dès le lendemain matin. Ce qui, il en était certain, avait fait pleurer Buck, encore plus, la nuit dernière.

Il se sentait tellement impuissant et ça le rendait fou de rage.

Buck s'endormait, exténué d'avoir pleuré entre ses bras, et se refermait dès le matin. Son rayon de soleil s'éteignait et sa souffrance était insupportable.

Helena le serra dans ses bras pendant un long moment et Buck se fondit dans le câlin.

– Je te verrai bientôt, Buck, lui lança-t-elle. Et je t'appelle ce week-end pour cette idée de recette dont nous avons parlé.

– Avec plaisir, lui sourit-il tristement.

Eddie se raidit quand son père lui tendit la main et Buck la serra maladroitement. Eddie détestait voir la peur dans ses yeux. Jamais, Buck n'avait été aussi introverti.

– Merci pour l'accueil, lança son père. Et pour le cadeau.

Buck se contenta d'acquiescer et Eddie le rejoignit pour un baiser.

– Deux heures tout au plus, promit-il.

– Pas de problème, souffla-t-il. Je dois déposer Christopher chez Hen et Karen pour la soirée pyjama avec Denny et ensuite je rentrerai ranger.

– Je suppose que ça ne sert à rien de te dire de m'attendre ?

– Ça m'occupera, lui sourit-il vaillamment.

– D'accord, soupira-t-il en l'embrassant de nouveau. Je t'aime.

Eddie le quitta et raccompagna ses parents jusqu'à la voiture. Il jeta un œil à Buck qui le regardait de la porte. Il lui fit un sourire rassurant et rejoignit la portière conducteur.

– Je ne crois pas non, siffla soudain sa mère le faisant se figer alors qu'elle toisait son père. Je suis bien trop en colère contre toi. Tu montes derrière.

– Helena !

– Ne m'oblige pas à me répéter.

Ramon obtempéra en lui lançant un regard noir, à moitié blessé mais il eut la présence d'esprit de ne pas répondre. Il se contenta de boucler sa ceinture de sécurité et de croiser les bras sur sa poitrine.

Eddie soupira et mit le contact.

– Je suis tellement désolée Eddie, s'excusa soudain sa mère. Si j'avais su qu'il se comporterait comme ça, je ne l'aurais jamais laissé venir.

– Helena ! s'insurgea-t-il de la banquette arrière.

– Tais-toi Ramon ! Tu nous as prouvé ces derniers jours que tu étais très fort pour ça alors rends-moi service et continu.

– Tu ne comprends pas...

– Pour l'amour de Dieu, ferme ta grande bouche ou je te jure que je demande le divorce dès qu'on atterrit à El Paso.

Eddie n'osa pas jeter un regard à son père dans le rétroviseur mais il n'avait pas besoin de le regarder pour savoir qu'il s'était ratatiné sur son siège. Cette fois, sa mère était en colère et Eddie était heureux que ça ne soit pas contre lui.

– Dis-moi que Buck va bien, le supplia-t-elle. Il dit que oui mais je sais que c'est faux. Je l'ai entendu pleurer et son sourire...

– Il ira bien maman, la rassura-t-il. Il a juste besoin d'être rassuré. Je vais tout lui expliquer.

Même s'il devait bien admettre qu'il ignorait encore comment il allait s'y prendre mais Christopher était absent jusqu'à demain en fin de matinée et vingt-quatre heures devraient être suffisantes pour faire retrouver le sourire à son petit-ami.

Ça devait être suffisant.

– J'ai tellement honte, poursuivit sa mère.

– C'est bon, maman. Buck sait que tu l'adores. Je t'assure qu'il ne t'en veut pas.

– Il ne méritait pas d'être ignoré de cette façon, pesta-t-elle. C'est un si gentil garçon. Je suis si heureuse que tu aies trouvé un homme comme lui pour partager ta vie.

– J'en suis heureux aussi, lui sourit-il.

– Prends soin de lui, Eddie. Entre ce que ta grand-mère et toi m'avez dit sur ce que ses parents biologiques lui ont fait subir, je me doute qu'il a déjà assez souffert.

– Ouais, il a eu une enfance de merde, solitaire et sans amour et ça a créé tout un tas d'insécurités et... il se bat contre ça aussi fort qu'il peut mais parfois un rejet ridicule peut le faire vriller et je n'ose même pas imaginer à quoi ressemble ce qu'il ressent dans ces moments-là. J'espère seulement que j'arriverai à l'aider.

– Vous vous aimez et il te fait confiance, lui rappela-t-elle. Bien sûr que tu y arriveras.

– Je ferai tout pour, lui assura-t-il. Tu sais, après la mort de Shannon, je pensais que je ne pourrais plus jamais aimer personne d'autre comme ça. Et puis, Buck est entré dans ma vie et il l'a mise sans-dessus-dessous. Je n'avais absolument pas prévu de tomber amoureux de lui mais c'est arrivé et je crois que je le suis depuis un long moment. C'est l'homme de ma vie.

Eddie croisa le regard de son père dans le rétroviseur mais celui-ci garda le silence. Il s'était toujours confié facilement à sa mère mais il voulait vraiment que son père comprenne que jamais il ne renoncerait à Buck.

Il se gara devant l'aéroport et entra avec sa mère, suivi par son père.

– Tu ne vas pas vraiment divorcer ? murmura-t-il en se penchant vers elle.

– Non, je l'aime mais il a dépassé les bornes et je veux qu'il en tire les bonnes leçons.

Eddie la laissa le prendre dans ses bras pour lui dire au revoir. Elle s'enregistra rapidement et se dirigea vers l'embarquement sans attendre son père.

– Je suis désolé, Eddie, pour tout ce gâchis, lui lança-t-il en s'arrêtant à ses côtés. Buck... Il a vraiment l'air d'être quelqu'un de bien.

– Il l'est, confirma-t-il.

– Je n'ai rien contre lui.

– Je sais.

– Je t'aime et tu seras toujours le bienvenu dans ma vie mais ça sera sans lui.

– Alors, tu ne me reverras pas.

– Je sais.

Il se dirigea à son tour vers l'embarquement et disparu.

Son père avait fait le pire qu'il pouvait faire, en lui demandant de choisir entre lui et Buck mais Eddie était fier d'avoir choisi l'amour de sa vie.

Ça serait toujours Buck et rien ne changerait jamais ça.

9-1-1 - L'homme parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant