Retour difficile

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Buck soupira.

Il détestait ça mais le regard d'Eddie lui confirma qu'il n'y couperait pas et il soupira de nouveau. Eddie abandonna le fauteuil à côté du lit et vint l'aider à se redresser.

– Pas d'étourdissements ? demanda-t-il pour la centième fois depuis ce matin.

– Eddie, lâcha-t-il pour qu'il le regarde dans les yeux. Je vais bien. Je me suis reposé et si les médecins étaient inquiets, ils ne me laisseraient pas sortir.

– Tu as une commotion, lui rappela-t-il.

– Je sais mais ça va. Je te le jure.

– D'accord. Je vais t'aider. Dis-moi si ça fait mal.

– Les antalgiques sont plutôt efficaces, affirma-t-il. Je crois même que je suis un peu stone.

Eddie se mit à rire.

Buck s'accrocha à lui et il le souleva de son lit pour l'installer dans le fauteuil.

– Ça va ? souffla Eddie de nouveau inquiet.

– Mal, admit-il en grimaçant.

– Je sais Cariño, je suis désolé. Je te promets qu'une fois à la maison, tu n'auras plus à bouger si tu ne le veux pas.

– D'accord, lui sourit-il.

Eddie récupéra le reste de ses affaires et ils quittèrent la chambre.

Buck somnola pendant qu'Eddie écoutait les recommandations du médecin. Il avait vu le psy de l'hôpital le matin même et Eddie avait décroché un rendez-vous en visio d'urgence avec de docteur Copeland pour le soir même.

Buck savait qu'il était une victime mais ça restait quand même dur à avaler.

Il grimaça de nouveau quand Eddie le fit monter dans la voiture et il garda le silence jusqu'à ce qu'Eddie se gare devant la maison.

Buck sentit les larmes d'appréhension lui brûler les yeux.

– Qu'est-ce qui se passe Cariño ? murmura-t-il tendrement.

– Qu'est-ce qu'on va dire à Christopher ? hoqueta-t-il. Il va forcément en entendre parler à l'école.

– Christopher ne remettra pas les pieds dans cette école, temps que le responsable n'aura pas été retrouvé et condamné. Je vais également demander le renvoi des enfants de ses quatre hommes.

– Pourquoi ? sursauta-t-il. Ces enfants n'ont rien fait.

– Je sais mais je refuse que tu les croises à la sortie de l'école. Ça serait trop traumatisant pour toi.

– Je sais qu'ils ont agi par peur mais je ne veux pas les revoir, admit-il.

– Hey Buck, on va s'en sortir. D'accord ? Mais prenons les problèmes un à un. Tu vas te concentrer sur ta guérison, en premier lieu.

– D'accord, soupira-t-il.

Eddie lui sourit et sortit de la voiture.

Il l'aida ensuite à s'extraire du véhicule et ils remontèrent lentement l'allée. Buck vit les rideaux s'agiter, conscient que Christopher l'attendait. Eddie soupira après l'avoir également aperçu.

– Alors euh..., commença-t-il. Carla m'a envoyé un message pour me dire que ma mère avait débarqué, il y a une heure.

– Ta mère ? s'étonna-t-il.

Le timing lui semblait un peu trop mauvais.

– Ouais, souffla-t-il. Christopher lui a dit que tu étais à l'hôpital et elle a sauté dans le premier avion.

– Je... Ton père... ? trembla-t-il conscient qu'il n'était vraiment pas en état de l'affronter.

– Elle est venue seule, Buck, le rassura-t-il. Elle t'aime et elle s'inquiète pour toi mais je sais que parfois elle est un peu... intrusive donc si c'est trop...

– Non ce n'est rien. J'adore ta mère.

Ils firent quelques pas de plus, avant que la porte ne s'ouvre sur une Helena inquiète. Elle attira Christopher à elle, avant qu'il ne dévale les escaliers.

– Laisse Buck s'installer, Christopher, lui lança-t-elle. Et ensuite, tu lui feras tous les câlins que tu veux.

Eddie l'aida à monter les trois marches et ils entrèrent dans la maison.

Buck voulu protester quand il dépassa le salon, au profit de la chambre, mais un regard à son petit-ami l'en dissuada. Il le laissa l'allonger contre les oreillers et en cala un sous son bras, tout contre ses côtes douloureuses.

Christopher en profita pour grimper sur le lit et se colla à lui, sur son côté sain.

– Ça va mon pote, souffla-t-il les larmes aux yeux. Je vais bien.

– J'ai eu tellement peur.

– Moi aussi mon pote, moi aussi.

Eddie disparu de la chambre quelques minutes, avant de revenir avec de la nourriture et de l'eau. Puis, il s'installa à son tour sur le lit et alluma la télévision. Buck n'avait même pas remarqué qu'elle avait atterrit dans leur chambre. Il ne savait pas comment Eddie avait fait puisqu'il ne l'avait quasiment pas quitté depuis la veille, mais c'était un détail et il ne s'attarda pas dessus.

Il bailla et ferma les yeux quelques secondes.

– Hey Buck, le réveilla soudain Eddie en l'embrassant. Réveille-toi, Cariño, c'est l'heure de ta séance avec le docteur Copeland.

– Il est déjà cinq heures ? s'étonna-t-il encore groggy.

– Presque, admit-il.

Eddie l'aida à se redresser et il remarqua que Christopher n'était plus dans la chambre mais le lit était encore chaud, signe qu'il venait tout juste de partir. Eddie lui tendit ses médicaments et ouvrit l'ordinateur pour lancer la session. Buck se passa la main sur le visage dans l'espoir de se réveiller et Eddie lui posa l'appareil sur les cuisses.

– Je suis à côté, lui affirma-t-il en embrassant son front.

Puis, il quitta la chambre en refermant la porte au moment où le docteur Copeland apparaissait à l'écran. Buck était en larmes à la moitié de la séance et il devait ressembler à une loque quand Eddie refit son apparition dans la chambre, une heure plus tard.

Son petit-ami se contenta d'éteindre l'ordinateur et de le rejoindre sur le lit pour le prendre dans ses bras. Buck le sentit lui caresser les cheveux tendrement pour l'apaiser.

Au bout d'un moment, il se calma et frotta son nez contre le cou de son petit-ami pour inspirer son odeur rassurante.

– Dure séance ? demanda doucement Eddie.

– Oui.

– Tu veux en parler ?

– Non.

– D'accord. Tu te sens un peu mieux ?

– Pas vraiment. J'ai l'impression d'être en dehors de mon corps, comme si tout ça était arrivé à quelqu'un d'autre. Je voudrais tellement que ça ne soit jamais arrivé.

– Je sais et c'est normal. Tu es encore dans le déni, ça va passer. Tu vas finir par accepter ce qui s'est passé et tu vas te reconstruire à partir de là. Je serai là à chaque étape mais ça sera un long chemin.

– Je sais ce que sont les étapes du deuil Eddie, lui rappela-t-il. J'ai juste du mal à... tu sais ? Comprendre.

– Je sais, Cariño.

– Non, tu ne sais pas, lui reprocha-t-il. Ce n'est pas toi qui as été battu, quasiment à mort à cause d'un mensonge. Ce n'est pas toi qui porteras cette foutu étiquette de violeur d'enfants pour le restant de tes jours.

– Tu n'en es pas un, gronda Eddie.

– Quelle importance ? Tout le monde aura toujours un doute.

– Pas moi, lâcha-t-il avec conviction. Je ne douterai jamais de toi. Et aucun membre de cette famille non plus. Je vais me battre Buck, jusqu'à ce que tout le monde comprenne l'homme formidable que tu es et tu peux être certain que j'y arriverai.

9-1-1 - L'homme parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant