07. Triste Et Muette

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« La tristesse silencieuse est parfois la plus éloquente. »







EMRYS



St Andrew's Healthcare, Health Centre
Wednesday, November 16th
05:56 pm


Musique : QKThr - Aphex Twin
instrumental.



Tic...Tac...Tic...

L'horloge vieille est lente, laissant son bruit évincer l'exécrable silence. Plus l'heure passe, plus on entend les petits bruissements légers en arrière-fond. Le temps s'écoule, semblable à la journée, et je n'avais presque rien dit.

— Avez-vous réussi à maintenir une alimentation plus régulière depuis notre dernière consultation ?

Je reste bloqué sur cette question. Je ne pense pas y répondre. Les séances chez elle me donnent une vision de moi médiocre, me montrant la réalité. Je n'arrive pas à me sortir de ça tout seul.

Souvent, les psychiatres ne posent pas trop de questions, ils laissent le patient parler, mais madame Rodriguez a bien remarqué que je ne parlais que rarement. Alors elle me pose des questions habituelles pour poser un diagnostic sur mon cas, mais elle n'arrive jamais à le faire.

La fenêtre blanche est juste en face, capturant mon regard. La salle est morne, triste, je crois que la visite chez elle a influencé la météo. Une ancienne bougie pâle est près de la baie fermée, des rideaux blancs inutilement ouverts, et un radiateur donne une chaleur réconfortante. La vitre renvoie sur un autre vieux bâtiment de Londres, on ne voit rien d'autre que cette bâtisse.

Une plante verdâtre, chaleureuse au coin de la pièce, côtoie des livres aux couvertures anciennes, certains sur la psychologie et la psychanalyse, d'autres sur l'humain et sa façon de penser, et quelques-uns exclusivement là pour l'esthétique.

Je hoche juste la tête, restant immobilisé sur un point, tandis que je joue avec mes mains d'angoisse. Ma mère m'attend chez moi, espérant que sa petite fille aille mieux. Qu'elle s'en sorte.

— Et vous avez parlé à votre père ?

La question qui revient le plus souvent, mes parents.

Je crois que ça se passe encore plus mal. Nous nous croisons les week-ends parce qu'il travaille trop, et ainsi, il est occupé à se disputer avec ma mère. Lorsque la soirée est entamée, il s'enferme dans son bureau pour fumer.

Mon père a toujours été distant, mais encore plus après la prison. Il n'est plus le bon père qui s'occupe de sa fille. Et au moment où j'avais le plus besoin de lui, il n'était même pas là.

Il aurait pu m'aider à la place de Chris. Il aurait tellement pu m'emmener lui à l'hôpital, mais malheureusement, il ne l'a pas fait, il était en prison.

Mon père, plus je grandissais, plus il disparaissait de ma vie. Mais tant qu'il est là, je continuerai à rester dans un déni sans failles.

Ce n'est pas grave s'il ne s'occupe pas de moi, c'est déjà trop tard.

Je secoue négativement la tête cette fois en regardant ma psychiatre. Je n'ouvre pas la bouche, à défaut, je lâcherai tout ce que j'ai dans le cœur, et elle me regardera comme on regarde les intrus, les faibles.

Elle avait les yeux vitreux. C'est la seule qui réussit à maintenir son calme avec moi. Toutes mes psychologues ou psychiatres n'arrivaient pas à contenir leurs émotions. Simplement parce que je ne parlais pas, et lorsqu'il s'agissait de mes parents, ils avaient vite pitié.

THE CURSED LOVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant