« L'ennemi, c'est sous le toit avant tout. »
ELIAS
House. Middleton Hall, Brentwood
Wednesday, January 5th
09:30 pmJe ne suis bon qu'à me pointer à ces dîners de famille gênants qui me bouffent de l'intérieur, morceau par morceau. Ces repas qui n'en finissent jamais, remplis de sourires forcés et de conversations creuses. C'est comme une torture lente, où chaque bouchée pèse plus que la précédente. Cette fois, ce n'est même plus la famille de Cameron. Non, cette fois, c'est la mienne, enfin, ce qu'il en reste.
Je suis là, assis autour d'une table ronde, en face de ma demi-sœur et de ma belle-mère, et mon père est à côté de moi. C'est étrange de voir tout ce beau monde réuni comme si de rien n'était. La table est chargée de plats, tous plus appétissants les uns que les autres, mais ce n'est qu'une façade. Ça me démange presque de tout envoyer valser. Je connais ce sentiment, cette impulsion que j'ai de tout foutre en l'air, et honnêtement, je suis doué pour ça.
Mais je reste là, à les regarder, à jouer le jeu, alors que tout en moi me crie de me barrer ou de tout casser. C'est ça, ma réalité maintenant : ces dîners pleins de haine, de silence pesant et de sourires qui sonnent faux. Et moi, au milieu de tout ça, comme un con forcé d'assister à ce cirque, à cette mascarade qui continue de tourner en rond, encore et encore.
Et pourtant.
Depuis novembre, tout s'est figé. Ma vie est devenue plus morne, plus sèche. Je ne suis plus ce gamin insouciant d'avant. Dommage, je me dis. Mais qu'est-ce que je peux y faire ? Je regarde en arrière, et ça me frappe : j'ai grandi, mais pas de la meilleure manière. Chaque jour, je perds un peu plus de cette légèreté que j'avais, cette naïveté qui me protégeait.
Les conneries qui m'entourent m'ont vieilli, et ça me dégoûte. On grandit tous à un moment, c'est sûr, mais je me demande si c'était censé être aussi brutal, aussi froid. Pourtant, je continue, parce qu'au fond, je sais que je n'ai pas le choix.
Daisy est assise là, ses cheveux blonds encore mouillés par la douche qu'elle vient de prendre. Elle les a rassemblés en un petit chignon qui laisse entrevoir ses yeux bleu clair, presque gris par moments. Elle grignote ses frites tranquillement, complètement déconnectée de la conversation entre Meryle et mon père. D'après ce que j'en capte, c'est une discussion ennuyeuse sur le travail. Franchement, ça me donne encore moins envie de me lancer dans ce monde-là.
Mon père, lui, avec sa barbe épaisse et courte, toujours aussi sévère. Chaque coup de fourchette qu'il donne dans son steak saignant semble un peu plus brutal, comme s'il voulait carrément déchirer la viande. Sa chemise noire de boulot, déjà trempée de sueur, colle à sa carrure imposante. Ses mains, bien plus grandes que les miennes, couvertes de bagues, serrent son couteau avec une force presque exagérée. Je peux voir briller légèrement son collier en argent, celui que ma mère lui avait offert il y a des années.
On n'oublie jamais sa vraie femme. Surtout quand c'est à cause de soi qu'elle est morte.
C'est une vérité que personne ne peut effacer, et pourtant, mon père refuse de l'admettre. Je pourrais hurler cette vérité à ses oreilles, matin et soir, lui marteler ça jusqu'à ce qu'il en suffoque. Mais non, il ne changera jamais son discours. Il continuera à répéter, comme une mauvaise excuse : "C'est le destin, c'était écrit."
À chaque fois qu'il dit ça, ça me brûle de l'intérieur. Parce que je sais bien qu'il a tort. Si on ne provoquait pas le destin, rien de tout ça ne serait "écrit". C'est facile de rejeter la faute sur quelque chose d'aussi flou que le destin. Ça lui évite de faire face à ses propres responsabilités, de regarder en face ce qu'il a vraiment fait. Mais au fond, je sais qu'il y a une part de lui qui se rappelle, qui ne peut pas fuir cette vérité, peu importe à quel point il essaie.
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THE CURSED LOVE
Teen Fiction"𝘊'𝘦́𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘶𝘯 𝘴𝘰𝘪𝘳 𝘥'𝘩𝘪𝘷𝘦𝘳... 𝘰𝘶 𝘯𝘰𝘯, 𝘶𝘯𝘦 𝘯𝘶𝘪𝘵 𝘥'𝘩𝘪𝘷𝘦𝘳, 𝘦𝘵 𝘤'𝘦́𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘭𝘢̀ 𝘲𝘶𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘢𝘷𝘢𝘪𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦𝘯𝘤𝘦́.„ Lors d'une nuit perpétuelle, le déni était présent, tout autant que le deuil. Le cim...