La serveuse [Bucky Barnes]

XV.

Aussitôt que son nom fut prononcé, il se tourna vers elle et lui offrit un sourire :

- Oui ?

Era voyait non seulement son reflet dans les yeux polaires de l'homme, mais en plus elle devinait qu'il savait de quoi elle allait parler.

- Est ce que ça va ?
- Oui, et toi ?
- Non, vraiment. C'est une vraie question : tu vas bien ? s'inquiéta Era
- Oui ne t'en fais pas.
- Ne me mens pas. S'il te plaît Bucky.
- Tout va bien, je te dis.

Il prononça ces dernières paroles d'un ton tellement agacé qu'elle sentit son cœur se serrer.

- Qu'est ce qu'il y a ? On peut pas faire semblant, j'ai vu. Tu fais des cauchemars toutes les nuits, tu ne peux pas me dire que ça va.

Bucky poussa un soupir.

- Écoute si tu veux rien me dire..souffla la jeune femme

Elle se leva d'un pas décidé, même si elle était profondément blessée.

- C'est pas ça, Era, crois moi.

Elle fit quelques pas et croisa les bras.

- Et en plus tu ne me dis rien non plus à propos de tes cauchemars que je sache, répliqua t il

Elle se tourna vers lui et marcha vers lui, les sourcils froncés et son visage exprimant clairement sa colère. Il se leva du canapé et l'examina, comme s'il comprenait la portée de ses mots.

- James Bucky Barnes, je ne t'autorise pas à parler d'un sujet dont tu ne sais rien comme ça, riposta la jeune femme avec agressivité
- Pourquoi est ce que toi tu aurais le droit ? s'agaça t il

Il vit des larmes couler sur sa joue, qu'elle essuya presque aussitôt d'un geste vif, et s'en voulu aussitôt.

- D'accord. Très bien, Bucky. Tu veux savoir ce qu'il s'est passé ?

Bucky ne répondit pas. Il voulait savoir mais il avait peur de ce qu'il allait entendre, de ce que ça allait changer.

- Je vais te le dire, très bien.
- Era, je...
- Tu vois, avant toi, j'ai été en couple avec une personne et cette personne -sûrement la personne que j'aimais le plus au monde- m'a violé et m'a maltraité durant des années. Content ?

Au fur et à mesure de ses mots, elle s'était approché de lui en le poussant avec son petit doigt d'un air presque haineux. Il avait l'air si triste pour elle, si désolé.

- Era...je...
- Tu es content de le savoir ? Tu te sens mieux maintenant ?

Era avait l'air à deux doigts du craquage mental, les yeux révulsés, les sourcils crispés et son corps entier contracté.

Malgré cela, elle s'éloigna à grand pas et avant de sortir de l'appartement, elle lui cria :

- Si tu veux pas me faire confiance, casse toi Bucky. Je suis de retour dans une heure. Si tu es là quand je reviens, tu devras me raconter pourquoi tu cries dans ton sommeil. Putain.

La dernière injure qu'elle avait laissé échapper de ses lèvres résonna dans la cage thoracique de l'homme, qui eut le sentiment qu'il aurait dû la rattraper. Il l'entendît descendre en rafale les escaliers et se sentit plus seul, plus bête qu'il ne l'avait jamais été. Il ne bougea pas.

Pendant ce temps, elle marcha aussi loin et longtemps qu'elle le put. Elle n'avait pas prit son téléphone, ce qui était drôlement embêtant quand elle était censé revenir dans une heure alors qu'elle n'avait pas l'heure. Elle se sentait en colère mais surtout blessée.

Cela faisait plus d'une heure qu'elle était partie, et Bucky commençait à vraiment avoir peur. Il espérait qu'elle allait revenir - et que si elle ne revenait pas, c'était de son chef. Lui, en revanche, n'avait jamais rien que pensé partir. Il était fou amoureux d'elle, alors il ne comptait pas partir.

Elle revint à quinze heures moins trois, et aussitôt vue, il la serra contre lui.

- Désolé, désolé, désolé, désolé, lui murmura t il.
- Ça va Bucky. Tu ne savais pas.
- J'aurais du prendre soin de toi. Désolé.

Elle ne répondit pas.

- Ça m'a fait un peu mal. C'est vrai. Mais je devais te le dire. Au moins ça s'est fait sans que je pleure ou que tu pleures, rit elle avec légèreté, en le regardant avec humour

Il caressa ses cheveux.