La serveuse [Bucky Barnes]

XIX.

Lettres sans destinataire

Cher Bucky,
Me semble t il que ça fait quelques jours que tu es parti. Je vis dans un brouillard temporel terrible. Tu me manques. Il n'y a même plus de mots pour décrire cela. Je ne pensais pas que j'allais te perdre ainsi. Je pensais - dans mon rêve enfantin - que nous deux, ça allait durer
toute l'éternité. Tu es l'homme de ma vie.
Era

____

Bucky,
Paraît il que c'est la première année la plus dure - les premiers anniversaires, comme les premiers noëls ou nos un an. Ça doit être vrai. En tout cas, mon coeur s'accorde à dire que ça l'est.
J'ai pensé à quelque chose tout à l'heure. Peu à peu, les passants ne nous verront plus, ils vont nous oublier. On va disparaître au fur et à mesure.
Era

______

Bucky
Je réservais mes mots pour les un an de notre rencontre. Les nuits sans toi sont vides, mais les jours le sont encore plus. Tu étais le seul à me comprendre, et ton sourire d'idiot me manque. Parce que c'est ce que tu es : un idiot : tu me laisses ainsi, accro à toi, et totalement anéantie et prise au dépourvue par ton départ. Tes "bonne nuit" me manquent. Tu te souviens ? Toi et moi, devant notre appartement, à ne pas oser s'embrasser, et à se vouvoyer ? Comme on était bête.
Je ne sais pas ce que tu fais. Ni avec qui tu es.
Ce qui est dur, aussi, c'est de m'imaginer que ça n'a rien à voir avec les Avengers, ou tout ça. Non que ce soit pour retrouver une femme plus belle, plus gentille, moins problématique. Plus elles, et moins moi. C'est à dire meilleure. Cela me terrifie. Je m'imagine parfois cette univers parallèle dans mon lit, seule, et je pleure.
Je suis désolée de te le dire -car ce soir, je n'ai pas peur de te le dire- tu manques à ma vie. Peut être que tu es mieux, toi, là bas. Reviens. Par pitié reviens, même si c'est pour me briser le coeur, les côtés, ou tout ce que tu veux. J'ai besoin de te revoir, de te toucher. De pouvoir t'aimer sans crainte.
Laisse moi vivre cette vie sans peur.
Era.

_____

Bucky,
Voilà un an que tu es parti. Un an que je dors seule - ou du moins si on ne considère pas ton fantôme comme une personne. Un an que je ne vois plus que ton sourire dans mes cauchemars. Un an qu'il n'y a plus de colère dans ma tête.
Je rêve de toi, la nuit, le jour. Je rêve que tu me serres contre toi, m'embrassant. C'est plus que douloureux d'aimer un fantôme.
Je n'ai aucune nouvelle de toi. C'est cruel de se dire que tu es peut être mort. Et que je ne le saurais jamais. Je n'existe pour personne là bas, à part toi. Si pareil événement survenait, personne ne me le dirait.
Era.

____

Bucky,
Un an et demie est passé. La pire des choses est arrivée. La moitié de la planète a disparu. En fais tu partie ? Ma mère, oui. J'ai dû aller à son enterrement. C'était assez dur.
J'ai adopté un chien - son nom, c'est Junon. Je te le dis au cas où, si un jour tu reviens.
Era.

____

Bucky,
Deux ans.
Hier soir, un client m'a dragué. Avant toi, je l'aurais trouvé beau et agréable. Mais je me suis contenté de ne pas rentrer dans son jeu. Je ne pourrais pas te tromper.

____

Bucky,
Deux ans et demie.
Je crois qu'au fond j'attendrais toute ma vie ce signe, ce signe qui me dira que tu es en vie.

___
Bucky,
Trois ans et demie.
Hier, j'ai été porté plainte contre Tom, et les policiers ont été tellement compréhensible, si tu savais. Je me suis sentie tellement écoutée, et j'ai du parler pendant des heures. Ils ont tout écrit, et ils m'ont dit qu'ils me tiendraient au courant.

____

Bucky,
Quatre ans.
J'ai changé de travail. Junon va bien. Le monde tourne encore, sans toi. J'avance.
Mais tu manques à mes pas.

___

Bucky,
Nous sommes le jour où la moitié de la Terre est revenue.
Tu es peut être à nouveau ici sur Terre. Si c'était le cas, dis le moi, fais moi un signe. Je t'aime je t'aime je t'aime.
Ma mère est de retour, elle m'avait manqué.

___

Bucky,

Le dossier est complet pour ma plainte, alors il va être amené en justice. J'ai peur et en même temps j'ai tellement hâte.

___

Cher Bucky,
Cinq ans.
C'est encore pire qu'avant. Je vis dans une sorte d'attente permanente. Je me dis parfois que je ne peux pas me permettre de quitter ma maison. Si je pars et que toi tu reviens ?
Je t'imagine toujours dans l'escalier, sur le point de me retrouver. Peut être que tu es au coin de la rue.
Ou alors tu es à l'autre bout du monde. Ça me paralyse.

___

Bucky,
Il a été reconnu coupable, il va aller en prison. Je suis si soulagée, c'est comme si mon corps respirait enfin.
Je t'aime.
Era

___

Bucky,
Reviens vite.
Je t'aime.
Era Jones