XVIII.

107 5 0
                                    

Leur bonheur dura un long moment, et le couple apprenait doucement à vivre avec, à l'apprivoiser, lui qu'ils avaient tant attendu. Mais il s'acheva un beau matin de juin.

Après avoir passé la nuit dans sa chambre d'hôtel, Bucky était venu le matin à sept heures. Et il était là, devant Era, à se ronger les ongles, buvant parfois quelques gorgées de café, lançant des regards anxieux autour de lui. Elle ne l'avait jamais vu dans cet état, alors ce n'était pas pour se rassurer.

Era répéta pour la troisième fois son prénom et il leva enfin ses yeux polaires vers elle, qu'il plissa et qu'il frotta.

- Era, je dois partir, annonça t il d'une voix tendue.
- Partir ? dit elle à nouveau. Quand ? Où ça ? Pourquoi ? Pour combien de temps ?

Elle avait désormais autant peur que lui et elle s'emballait, le cerveau bouillonnant, des millions de question lui venaient.

- Je dois partir maintenant. Je ne sais pas quand je reviendrais ni même si je reviendrais.
- Dis pas de connerie, Bucky ! s'énerva la jeune femme. Où est-ce que tu vas ?
- Je peux pas te le dire.

Elle avait une très forte envie de pleurer, mais ce n'était pas le moment de pleurer.

- On avait dit plus de secret Bucky..s'énerva t elle
- Je sais, mais je ne peux pas...désolé.

Il avait l'air effectivement désolé, et attristé.

- Pourquoi tu pars ?

Era sentait déjà son cœur se briser.

- Je peux pas te le dire non plus.

Elle avait tellement de questions, mais elle avait l'impression que le temps nous était compté.

- Je peux revenir d'ici un an, débuta Bucky.

Elle croisa son regard, sentant que tout se jouait ici.

- Ou bien même vingt ans.

Les nerfs d'Era craquèrent et elle se mit à pleurer. Il la serra dans ses bras, embrassant son crâne, enlaçant son corps de porcelaine.

- Je suis désolé Era. Sincèrement.

Elle réalisa bien plus tard qu'elle aurait du lui dire que ce n'était pas de sa faute, mais un violent sanglot l'en empêcha.

- Je t'aime, murmura t il en embrassant son front

Il comprenait que cela lui faisait du mal -même si lui n'avait jamais ressenti cela, cette douleur qui la poignait le cœur, l'écrasait.

- Je t'attendrais Bucky.

En disant ces mots, elle s'accrocha à la manche du haut de son copain de toutes ses forces, de manière ridicule et insensée, pour le retenir. Elle l'embrassa.

- Ne pars pas. S'il te plaît.

Il ne répondit pas.

Elle le supplia comme cela durant un long moment, pendant qu'il la serra contre lui.

- Je dois partir.

Il se leva de sa chaise sans un regard pour elle. La distance entre la cuisine et son entrée semblait bien trop petite à Era pour essayer de le garder près d'elle.
Elle le savait, il pleurait. Et rapidement, il était parti. La porte grande ouverte, elle entendait ses pas dévaler les escaliers bien trop rapidement pour qu'il ne soit pas tout simplement en train de fuir. Bucky savait que si les au revoir durait trop longtemps, ce serait trop dur de la quitter. C'était impossible, Era n'y croyait pas.

Sur la table de la cuisine, il y avait son téléphone. Elle ne pourrait plus lui parler, il l'avait laissé dans un flou total. Elle marcha jusqu'à dans sa chambre et se laissa tomber dans son lit, totalement hébétée.

Elle prit l'oreiller de Bucky et songea amèrement que, peu à peu, l'odeur allait disparaître. Comme son visage dans sa mémoire. Son sourire. Ses yeux. Sa voix. Eux. Elle hurla dans ce coussin, ce morceau de vie, d'amour, toute la haine qu'elle éprouvait.

Elle le détesta à ce moment là de l'abandonner ici. Elle le détesta de l'avoir fait l'aimer. Elle le détesta de lui faire éprouver cette douleur. Elle le détesta de tuer ainsi leur bonheur.

La serveuse [Bucky Barnes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant