The Shadow Of Your Heart

Chapitre 9

Zeline

Comme me l'avait indiqué Ana, je trouve mes codes dans une enveloppe sous un ordinateur portable. J'aménage mon poste comme je peux, ou plutôt, comme mon environnement me le permet, puisque j'ai à peine la place de glisser ma chaise entre l'imprimante à ma gauche et le mur en briques à ma droite. J'imagine que l'auréole sur le plan de travail – qui va me servir de bureau – appartient à la seule et unique plante verte qui trône sur un tabouret derrière moi... Elle aussi va me détester, elle a été délogée de devant la fenêtre pour que je puisse être loin et à l'écart de tous.

J'allume mon ordinateur où des mails m'attendent déjà : un message automatique de bienvenue de la maison mère, un mail d'Eric dont l'objet « information-aide » me pousse davantage à l'ignorer, et un de Jerry.

Ce dernier contient ma mission des prochains jours : je dois lui fournir toutes les données marketing de ses dernières campagnes. Bien entendu, il n'y a pas de date butoir, ni plus de précisions sur le « dernières ». Je dois me contenter de celles de l'année ? des cinq passées ?

Je lâche un profond soupire devant la tâche qui m'attend. Soit Jerry a trouvé un moyen de se débarrasser de moi, soit c'est une façon pour lui me tester. Dans un cas comme dans l'autre, je n'ai pas une minute à perdre. Je me mets au travail.

Mon téléphone – et surtout mon ventre m'annonce rapidement 1h de l'après-midi. D'ailleurs, hormis Jerry qui mange un sandwich devant son écran, sinon, il n'y a plus personne à son poste. Je verrouille mon ordinateur et récupère ma veste. Dans le couloir qui mène à l'accueil, j'entends des rires depuis la salle de pause mais ne m'y attarde pas. Je file dehors et respire un grand bol d'air frais. Tant pis pour la pollution et le brouhaha de la circulation, c'est toujours mieux que le sifflement de l'imprimante à chaque impression. Demain, je n'oublierais pas de prendre mes écouteurs !

Je n'ai pas à descendre la rue trop loin pour tomber sur un Food truck : « Le Pasta & Leoni ». Spécialisé dans la cuisine Italienne. Parfait. Je commande au fameux Leoni, des pâtes à la carbonara et file rejoindre le parc que j'avais aperçu ce matin. J'y déniche un coin à l'ombre sous un arbre et une fois installée pour manger, j'appelle Pam.

— Eh ben, dit-elle en décrochant, j'ai bien cru qu'il fallait que je vienne en personne à NY ! Tu as foutu quoi hier soir avec ton téléphone ?

— Euhhhh, rien du tout, je l'ai mis en charge et je me suis couchée. C'est toi qui ne m'as jamais répondu !

— Non, non, non cocotte, mon dernier mess te disait que je ne te croyais pas.

— Et moi, je... et merde.

J'agrandis mes yeux d'effroi et lève mon téléphone de l'oreille pour filer dans nos messages. Aucune trace de la photo que je lui ai envoyée. Mon cœur cavale.

— Merde, merde, merde... continué-je à répéter.

J'ouvre, avec appréhension, la conversation de mon frère et manque de faire voler mon plat de pâtes quand je retrouve ladite photo.

— Allô ?? crie Pam, tu es toujours là ?! Zeeeeel !

Oui je suis toujours là, mais au lieu d'être seule sur mon banc, je suis dorénavant assise sur ma fierté, coincée entre ma colère, et ma dignité. Je reprends Pam à l'oreille.

— J'avais prévu de te réponde mais mon message est parti vers la mauvaise personne. J'ai juste envie de mourir étouffée par un spaghetti.

— Hein ? Qu'est-ce que tu racontes ? Tu avais envoyé quoi et à qui ?