The Shadow Of Your Heart

Chapitre 19

Zeline

Comme chaque fois que j'écoute ma meilleure amie, ça vire à la catastrophe. Fais du sport, m'a-t-elle conseillée. Pour te vider la tête, pour évacuer la tension de la journée, pour mieux dormir, pour le transit, pour t'affiner, pour le cardio... Elle avait de très bons arguments ! Sauf que sur le tapis de course malgré la musique, je ne pensais qu'à deux choses : au temps qui s'écoulait trop lentement à mesure que je dépérissais et au moment où Keran allait me trouver là.

Il est rentré avec une demi-heure d'avance. Ce qui aurait dû largement me laisser le temps de finir ma soi-disant course et de prendre la douche. Ni vue, ni connue... Tu parles !

Il m'a vue et il s'est bien payé ma tête. Et il fallait qu'il remette sur le tapis le sex-toy qu'il m'a offert.

Sous la douche, je tourne le robinet vers l'eau glacée, aussi bien pour me remettre les idées en place que pour me châtier. J'exulte un cri de détresse avant de couper l'eau. Je n'aurais jamais dû aller sur cette foutue terrasse. Et quel genre de frère offre ce genre de cadeau à sa... sœur ?!

Celui qui ne pense pas l'être, tout simplement. Alors c'est quoi son but ?

J'enfile mon peignoir et enroule une serviette sur mes cheveux mouillés. Dans le miroir je m'observe. Je me trouve fade et insignifiante, à l'opposé de la nana qui pourrait donner envie. Son but c'est de te faire partir...

Et je vais le laisser gagner. Ce week-end avec Liam, je ferai le tour des agences pour trouver un appartement. Je compte aussi sur lui pour prêcher ma cause auprès des parents quand il sera de retour à Los Angeles.

Je prends une profonde inspiration et me laisse gagner un instant par l'enchantement que pourrait me procurer la perspective de ne plus partager cette colocation.

L'enchantement est fugace puisque je découvre sur mon lit : le cadeau ! Keran est entré dans ma chambre alors que j'étais sous la douche !

Je m'en empare et sors rageusement pour en découdre avec lui.

— Mais putain, qu'est-ce que tu n'as pas compris dans...

Le reste de ma phrase se meurt dans ma gorge et je stoppe ma course en haut de l'escalier. Éric est là. Sur un des tabourets de bar, une bière posée devant lui sur l'îlot, il me regarde avec étonnement.

— Oh, Éric, salue, dis-je d'un air stupide. Je ne savais pas que tu devais passer.

Keran émet un bruit de gorge. Je tourne la tête dans sa direction, il me fait les gros yeux et je comprends immédiatement pourquoi. Je précipite la boite du womenizer derrière mon dos.

— C'était pas prévu, explique Keran.

— Pas trop le moral, rajoute l'intéressé, j'avais besoin de parler.

J'esquisse un sourire qui se veut compatissant. En réalité, je m'en tamponne !

— Je vais vous laisser entre mecs alors. Bonne soirée !

Je m'apprête à déguerpir mais Éric m'appelle :

— Oh non Zel, reste ! Au contraire, j'ai besoin d'un avis féminin.

Je m'étouffe avec ma salive.

Il s'est levé de son tabouret, me laissant penser que si je recule, il avance. Un coup d'œil à Keran, il a l'air contrarié : les sourcils froncés, les bras croisés. Il n'a aucune envie que je reste.

— Laisse-moi au moins m'habiller, réponds-je avec malice.

— Oui bien-sur ! Merci Zel !

Avec plaisir...