Chapitre 18

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Keran

Sharon devait être une merveilleuse distraction à mes tourments. De passage à New York jusqu'à son prochain vol, elle tombait à pic. Nous avons passé le début de la soirée avec une de ses copines hôtesse de l'air et Éric. Aucune idée si ces deux-là ont fini dans un lit comme nous. Je le saurais bien assez tôt au bureau. Mais avant de rejoindre les locaux du Keep In Mind, j'ai un détour à faire.

Oui, Sharon devait être une merveilleuse distraction. Elle devait... parce que si tout avait bien démarré, sitôt Zéline m'a fait savoir qu'elle était là avec sa musique à la con, sitôt j'ai eu du mal à rester concentré. Ça a été instantané. Je me suis mis à cafouiller, à me ramollir comme un jeune ado surpris par ses parents à la maison.

Et le pire n'a pas été la musique.

La voir sur la terrasse, en train de nous regarder, m'a davantage perturbé. Je me suis senti... puissant. Comme si j'avais besoin de lui montrer ce que je pouvais être, faire, lui faire. Ça n'a pas duré longtemps, mais juste assez pour que je puisse finir mon affaire avec Sharon. Qui est partie presqu'aussitôt. J'ai aimé qu'elle me regarde, je ne vais pas me mentir. J'ai décidé de ne plus me mentir. Dans ma tête c'est clair, j'ai envie de Zéline parce qu'elle m'est interdite.

Et j'ai décidé que je devais la faire craquer.

S'il n'y a aucune réciprocité, elle suppliera nos parents de rentrer.

— Nous sommes arrivés, signifie Stan en me jetant un coup d'oeil dans le rétroviseur.

— J'en n'ai pas pour longtemps, dis-je en sortant de la voiture.

Je rejoins une boutique dans laquelle m'attend ma commande. J'échange quelques banalités avec le commerçant. Jeune, plutôt sympa, je lui laisse une carte du Keep In Mind des fois qu'il ait besoin de se faire d'avantage connaitre.

Dans la voiture, je transfère mon paquet dans un sac blanc uni qui ne laisse rien paraitre de son contenu et nous reprenons la route jusqu'aux locaux.

Dans les bureaux, tout le monde est déjà à pied d'oeuvre sur son travail. Je salue rapidement mes collègues et dépose devant Zéline le paquet.

Devant c'est à dire sur son clavier et ses doigts. Elle lève sa jolie tête ronde sur moi. J'ignore Jerry, à ses cotés qui se penche sur elle, je n'ai d'yeux que pour son regard... perplexe ? C'est ça. Ses grands yeux bleus me dévisagent et j'aime à penser qu'elle pourrait se rappeler de ce qu'elle a vu de moi hier. Il me semble que je bombe légèrement le torse. Fier de ma démonstration.

— Quelqu'un a déposé ça à l'accueil pour toi, mens-je.

Sa bouche s'ouvre puis se referme. Elle regarde le sac blanc sans l'ouvrir, les sourcils foncés, sans doute le cerveau remplit de questions. Le mien saute sur place et se languit qu'elle le déballe. Elle n'en fait rien. Elle émet un raclement de gorge et se lève pour déposer le paquet près de son sac à mains sous la fenêtre.

Et merde.

Je prends une profonde inspiration tout en l'observant. Elle porte un pantalon fluide beige cintré à la taille qui remonte jusque dessous sa poitrine qu'un tricot à col roulé rose parme met particulièrement en valeur. Aucune fioriture ou excentricité. Chaque jour, je me fais la remarque qu'elle est différente. Ici, elle est la femme aux allures parfaites, à l'appartement c'est une jeune fille agaçante. Qu'elle porte un jean ou un tailleur, elle arrive à me mettre mal à l'aise.

— Merci Mr Kavanagh, dit-elle.

J'esquisse un demi-sourire et la quitte pour mon bureau. J'aurais adoré la voir découvrir ce qu'il y a dans le paquet. Ça n'est que partie remise.

The Shadow Of Your HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant