Chapitre 23

51 8 2
                                    

Zeline

J'ai chaud, terriblement chaud. Quelque chose de lourd pèse sur mon dos. J'ouvre les yeux instantanément pour tenter de chasser les souvenirs de cette nuit. Mon cœur accélère, réveille chaque fibre nerveuse que j'avais réussi à faire taire. Il y a des sensations que j'aurais préféré ne pas avoir découvertes. Ses lèvres dans ma nuque m'arrachant des frissons tout le long de la colonne vertébrale, ses doigts sur mes mamelons me livrant à des décharges électriques me traversant de part en part.

Je dompte tant bien que mal mes respirations et m'extrais lentement du bras de Keran qui dort toujours à poings fermés. Sitôt sur mes deux jambes, je m'empresse de rejoindre la salle de bains.

Il est resté avec moi toute la nuit.

Parce qu'il est tombé de fatigue ? parce qu'il était réellement bien contre moi au point de s'endormir ?

Je me regarde secouer le visage dans le miroir avec pitié.

Je me fais la réflexion que ça fait des lustres que je n'avais pas fait une nuit sans me réveiller. C'est ça, Zel, pense au positif... Il a bandé pour toi... le petit diable sur mon épaule droite se marre. Je le chasse en aspergeant mon visage d'eau froide. C'est uniquement parce que tu es sa distraction du moment, se moque le petit ange. Nouveau coup d'eau. Je fais quelques exercices de respiration le temps de me coiffer et ressors à pas de velours dans ma chambre.

Mon lit est vide. Les draps sont tirés. Keran n'est plus là. Mon cœur loupe un battement, mes pas se figent. C'est comme s'il avait effacer d'un coup de dissolvant un tableau de peinture. Il ne s'est rien passé... Je me force à sourire tout en m'habillant et rejoins le rez-de-chaussée. Par chance Liam est déjà debout.

— Salut sœurette ! s'exclame-t-il en ouvrant grand les bras.

— Salut.

Je ne me fais pas prier pour me blottir contre lui. Je le serre. Autant parce que j'ai besoin de réconfort que parce que j'ai à oublier d'autres bras.

— Tout va bien ? interroge-t-il avec inquiétude.

— Oui, j'ai juste pas envie que tu repartes, marmonné-je contre son torse.

Parce que tu sers d'alibis à ma tête. Parce que tu me permets de rester du bon côté de la frontière entre l'acceptable et l'interdit.

Son rire vibre dans ma tête. Je me détends et lui souris.

— D'ailleurs à ce propos... Mon vol a été avancé, je dois être à l'aéroport avant 14h.

— Le destin est contre nous !

Je m'éloigne et chipe une banane dans la corbeille à fruits.

— Keran dort toujours ? demande-t-il.

Je ne peux m'empêcher de tourner la tête vers les escaliers en m'asseyant sur un des tabourets du bar.

— Euh, aucune idée. Tu ne l'as pas vu ?

Je me concentre sur ma banane et fais mine de retirer les fils qui d'habitude ne me dérangent absolument pas.

— Non, répond Liam. Hier, il me disait qu'il avait du mal à récupérer de sa semaine. Il doit avoir du sommeil à rattraper.

— Chertainement, réponds-je la bouche pleine.

Je remarque que Liam m'observe étrangement. Je ne relève pas.

— Si tu es toujours partante pour une balade dans Central Park ?

Je hoche la tête.

— Bien sûr ! Quelle heure est-il ?

The Shadow Of Your HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant