Chapitre 19

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Colt se retourna sous ses draps. On était le week-end et il était aux alentours de 10 heures et, une fois n'est pas coutume, le rouquin avait fait la grasse matinée.

Cependant, maintenant qu'il était réveillé, le policier ne pouvait plus se rendormir. Il soupira, s'assit sur le matelas et effectua quelques mouvements de pandiculation (internet nous révèle que c'est l'action de s'étirer).
Finalement, le policier se rendit à la salle de bain pour sa toilette matinale.

Torse nu devant le miroir, Colt commença par se recoiffer, passant sa main sur ses mèches folles pour les ramener dans le droit chemin.
Puis, il fit un clin d'œil à son reflet tout en imitant des pistolets avec ses doigts. Presque par réflexe, ce dernier ajouta "Pew, Pew, Pew !"

Cependant, il y avait une chose de différente par rapport à d'habitude.

En s'approchant du miroir, Colt observa la petite cicatrice en forme de croix sur son menton. En passant le pouce dessus il sourit. Le rouquin avait tellement eu peur que cette blessure ruine son visage, finalement elle lui donnait peut-être même un peu plus de charisme.
Satisfait, Colt descendit à l'étage en dessous, toujours torse nu, cela va sans dire !

Sur la table de la cuisine, Shelly était installée face à un amoncellement de paperasse et de plans.
Le rouquin sourit. Ça faisait cinq mois qu'ils vivaient ensemble, quatre mois que son menton avait guéri et un mois et demi que Shelly, pourtant pas du matin, se levait avant Colt pour bosser sur ces étranges papiers. Elle avait toujours refusé de dire au policier la signification de ce remue-ménage, mais il s'en fichait un peu.

- Salut mon coeur, fit Colt en soulevant la queue de cheval de Shelly pour venir lui embrasser la nuque.

La bandit frissonna un peu avant de se retourner avec l'intention de lui rendre le baisé. Mais lorsqu'elle le vit à moitié déshabillé elle sourit, se ravisant.

- Va mettre un tee-shirt.
- Tu pourrais au moins me dire bonjour, répondit le rouquin faussement maussade.
- Bonjour, va mettre un tee-shirt.

Tous deux rirent et Colt décida de pousser la plaisanterie un peu plus loin.

- Pourquoi ? Tu n'arrives pas à te concentrer avec ma beauté naturelle à tes côtés ?
- Et si je te réponds oui tu va faire quoi ? M'épouser ? demanda Shelly avec un ton aguicheur.

Colt rougit comme un coquelicot et détourna le regard.

- Ok, ok, je vais m'habiller. Mais pas avant que tu m'expliques ce que tu fais depuis un mois, dit-il en s'appuyant sur le dossier de la chaise où était assise Shelly

Cette dernière pouffa de rire et accepta

- Tu vois qui est Byron ?
- Oh, oui ! Un arnaqueur de première ! Il m'avait vendu une lotion censée me faire retrouver ma couleur de cheveux d'avant, c'est limite si ça n'a pas empiré le problème !
- On se fout de ta couleur de cheveux, elle est très bien Joli cœur. Byron est un excellent orateur. -Comment tu crois qu'il arrive a vendre ses produits foireux ?- Et pour un prix qu'il... heu... enfin je te dirai les détails plus tard. Il est prêt à me défendre devant le juge.
- Byron ?!
- Oui. Mon hypothétique avocat. Il m'a prévenu qu'il pouvait m'éviter la prison. Dans le pire des cas, j'écoperais de prison avec sursis. Mais même du mieux qu'il pourrait, il m'a dit que je devrais sûrement quelque chose à l'état. Une dette quoi... termina Shelly dépitée.
- J'imagine plutôt énorme non ? Vu ta tête..
- Oui.

Colt regarda la paperasse, pensif. Il avait tout de même encore quelques questions en tête.

- Mais tu peux pas attendre, je sais pas, l'abandon des charges contre toi ?
- Pour ça, je devrais attendre minimum huit ans. Huit ans sans sortir, à me cacher dans 60 mètres carrés, changeant de nom et cachant ma tête chaque fois que je devrais sortir... Je tiendrais jamais et toi non plus.

Colt réfléchit. Elle avait raison et il le savait.

- Mais que comptes tu faire pour rembourser la somme que tu devra, quelle qu'elle soit ?
- Voici qu'entre en jeu le paiement de Byron et mon moyen honnête de gagner de l'argent à partir de maintenant.

Le policier haussa les sourcils avec intérêt, incitant sa petite amie à continuer.

- Je connais un gars qui peut... Disons m'aider pour la fabrication d'une nouvelle marque de barres énergétiques. Il a les locos, les machines, j'en connais un autre qui peut nous faire les emballages, une autre qui nous fera la com etc.

Colt hocha la tête, impressionné. L'ex bandit s'était drôlement bien organisée.

- Et le prix de Byron dans tout ça ?
- Et bien, je mettrais sûrement quelques années à tout rentabiliser entre les 7% que réclame celui qui a les locos, avec tous les autres qui m'aident on arrive à un montant de 21% et Byron qui réclame à lui tout seul 25% des bénéfices jusqu'à ce que mort s'en suive. Sans compter l'argent que je dois à l'État. J'imagine que j'aurais mis tout le fric que je gagnerais, mais je te suis redevable et je ne peux te laisser tout payer notre quotidien pour nous deux. Donc 46% pour l'état, ce qui me laisse 1% de bénéfice jusqu'au remboursement de ma dette.

Shelly avait l'air épuisée et démoralisée. Le rouquin sourit tendrement en venant lui masser les épaules pour la détendre.

- Hey, t'es pas obligée de te sentir redevable envers moi mon cœur. C'est toi qui m'a sauvé la vie.
- Mais c'est toi qui m'a remis dans le droit chemin, dit-elle en venant attraper une de ses mains.

Colt sourit attendrit. Il savait que Shelly ne démordait pas et qu'elle garderait ces 1% de bénéfice pour l'aider à payer les factures ou quoi que ce soit.

- C'est fatiguant d'être honnête... Espérons juste que la boite ne fasse pas un flop, parce que dans ce cas... Je préfère ne pas y penser...!
- Eh bien n'y pense pas Shelly, répondit tendrement Colt.

Le policier regarda les plans et vit plusieurs essais d'emballages, tous moins convaincants les uns que les autres.

- Par contre le visuel...
- Oh ça ? dit-elle en prenant les papiers pour en faire une boulette et la jeter à la poubelle. C'est les débuts ratés. J'ai fini par trouver la mascotte et le design.
- Ah bon ? Je peux voir ? demanda Colt en cherchant le document des yeux.

Cependant Shelly attrapa délicatement la main de son homme pour venir doucement serrer ses doigts. Le policier détourna le regard des plans pour venir l'observer. Elle le regardait avec sérieux. Colt pencha la tête de côté, intrigué par le regard de son âme sœur.

- Le dernier stop à cette entreprise, c'est justement la mascotte.
- A bon ? Pourquoi ?
- La mascotte... C'est toi, termina Shelly en sortant une feuille avec tous les détails de l'emballage.

Du slogan à la palette de couleur, du nom de la marque à la mascotte. Le rouquin se retrouva devant Colt Crunch, avec pour logo, sa tête stylisée. Tout dans cette barre énergétique donnait envie d'y croquer.

Colt regarda Shelly au comble de la surprise.

- Je pouvais pas lancer le truc sans ton autorisation, vu que c'est toi tu vois... Or on n'at reçu les visuels que hier donc...-
- Oui !
- Hein ?
- Bien sûr que j'accepte d'être la figure de proue de ta marque !

Shelly l'observa stupéfait avant de sourire. Colt avait l'air aussi excité qu'un gamin a noël.

- Mon idiot, dit-elle avant de l'embrasser.

Hors la LoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant