Chapitre 21

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Il ne faisait jamais bon de s'approcher de certains quartiers mal famés dans Retropolis. Surtout quand on est flic. Il suffisait de poser un pied sur la limite de la ville pour aussitôt perdre deux orteils.
Mais Colt n'avait pas ce genre de problèmes. Et pour cause, à son grand malheur, il connaissait personnellement le chef de cette mafia.

Et ça faisait rager le rouquin mais il était bien obligé d'accepter de faire une entorse à la loi en jurant de ne pas faire de descente de police si les gars du chef se tenaient tranquilles.

Et jusqu'à maintenant ça marchait plutôt bien, on ne change pas une équipe qui gagne.
Mais ça n'empêchait pas Colt de souffrir : sa place plutôt sympa dans la hiérarchie au poste, le fait qu'il n'était jamais appeler au gardes de nuit, ou peut être même l'obtention prématurée de son diplôme de tir... Tout ça, et il le savait, était majoritairement lié car c'était le seul qu'on pouvait envoyer pourparler avec les mafieux de Retropolis sans qu'il ressorte avec un bras en moins ou pire. Un atout majeur chez la police.

Mais en se moment même, alors qu'il grillait son douzième feu rouge, le policier n'avait pas la tête à ruminer sur son statut de planqué. Là tout de suite, il était bouillant de rage.
On lui avait kidnapper sa femme, et il se devait de la sauver, quitte à se fourer dans la gueule du loup.

Il s'arrêta en trombe sur le parking d'un bistro, le Bull's Burger.
Colt émit un bref soupir colérique et attacha sa moto au lampadaire le plus proche. Il avait beau être intouchable ici, ça n'empecherais pas quelques chacals de voler sa vespa.
Il sortit ses armes et se dirigea vers le petit resto, prêt à en découdre.
D'un coup de pied il ouvrit la porte façon cowboy et il tonna :

- Elle est où ?

L'activité du bistro stoppa un instant, puis les conversations reprirent, s'accompagnant de bruits de couverts et les serveurs continuaient leurs va et vient.

Colt aurait dû se sentir outré de se sentir ignoré de la sorte, mais il avait eu ce qu'il voulait. Trois des personnes occupant le bistro le fixaient toujours. Un oiseau humanoïde, une adolescente aux origines japonaises et le patron du bar, une armoire à glace avec un anneau dans le nez.
Il fixa sans ciller les yeux noir colosse et après quelques secondes, ce dernier sourit et éleva la voix :

- Sortez tous du bar.

Le policier sentit son rythme cardiaque augmenter. La voix du patron était grave et avait résonné dans tout le bistro. Mais personne n'avait bouger.

- MAINTENANT !

Tous les clients s'éparpillèrent alors comme si on avait donné un coup de pied dans une fourmilière. À la sortie, l'adolescente les taxait tous, histoire qu'ils n'en profitent pas pour partir sans payer.

En moins d'une minute le bar fut vidé. Il ne restait plus que l'oiseau, l'ado et le patron.

Le rouquin sentait l'adrénaline lui courir dans les veines. À trois contre un, avec une tierce personne à secourir, il se retrouvait exactement dans la même position que Shelly lorsqu'elle avait dû lui sauver la mise.

- Où est-elle ? fit Colt en détachant chaque syllabe, tentant désespérément d'être impressionnant.

Les trois autres éclatèrent de rire. Un rire froid pour le corbeau, un franc pour le patron et un sec pour la japonaise.
C'est elle qui parla en premier.

- Commence par ranger tes flingues et personne ne sera blessé.

Du coin de l'œil Colt vit l'oiseau jouer avec des dagues cachées dans sa manche, la légère lueur verte qu'elles dégageaient lui confirma qu'elles étaient empoisonnées. De l'autre côté, l'adolescente triturait le manche d'une batte de baseball. Et derrière le patron, accroché au mur, il y avait un impressionnant fusil à trois canons, et Colt savait de source sûre qu'il était en état de marche, et probablement chargé.

À contre cœur, et pas à l'aise d'être sans défense face à ses trois durs à cuire, le policier rangea ses revolvers.

- Voilà qui est mieux, filston, fit le patron.
- Ne m'appelle pas comme ça.
- Il me semble que je t'ai un peu mieux élevé Colt... On dit quoi en entrant dans un bar ?
- Bonjour, marmonna le rouquin hors de lui.
- Pardon, j'ai pas bien entendu.


Un sourire un poil sadique apparut sur leurs trois visages. La raison pour laquelle il avait tant d'avantages en tant que policier malgré son jeune âge, la raison pour laquelle il connaissait personnellement le Bull, le chef de la mafia de Retropolis, c'était parce que c'était son père.


- ...Bonjour P'pa...

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