Quelle heure est-il ? Mon portable affiche six heures. Je n’ai pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Mes cauchemars m’ont maintenu éveillé, mes peurs et mes angoisses m’ont fait douter de moi, de ma présence et de mon objectif. J’ai peur de tous les décevoir, de ne pas assumer.
Je sors du lit et me traîne jusqu’à la salle de bain. Une fois lavé, je m’habille le plus simplement possible : jean noir avec un haut noir.
En attendant l’ouverture du restaurant, je me balade en ville. Je m’installe dans un café non loin du restaurant pour attendre son ouverture.Deux heures et trois cafés plus tard, une femme d’une cinquantaine d’années ouvre le restaurant. J’attends encore une dizaine de minutes pour ne pas lui sauter à la gorge avant d’entrer.
L’Ogata. Je passe les deux portes avant de m’engouffrer dans l’antre du diable.
Le regard fixé dans ses documents, elle ne daigne même pas me regarder. Le restaurant n’est pas encore ouvert, donc les éclairages sont minimisés, mais de ce que je peux voir, ça pue le repère de truands à plein nez. La décoration est typiquement japonaise. Les murs noirs de l'Ogata sont illuminés par de nombreuses lumières ainsi qu'un énorme lustre accroché au centre du plafond. Vu la hauteur, je me demande comment ils ont pu l'accrocher. Vous pouvez très bien y venir à deux comme à quinze, tout l'espace est mis à disposition pour accueillir un gang complet.Je m'incline et me racle la gorge pour lui signaler une nouvelle fois ma venu. Elle lève légèrement la tête et me regarde par dessus ses lunettes
- Bonjour, je suis la pour-
Elle ne me laisse pas le temps de finir qu’elle me fait signe de la suivre. Nous longeons un couloir sur sa gauche qui mène au vestiaire des employés puis vers un bureau dont la porte était ouverte.
- C’est pour le poste de serveuse, dit-elle à l’homme avant de partir.
Je la regarde s’en aller sans comprendre qui était ce vieux monsieur, une cigarette à la bouche, à regarder un match de football à la télévision comme si sa vie en dépendait.
- Bonjour, lui dis-je en m’inclinant
Ne sachant trop quoi faire, je dépose mon CV sur la table. Un CV qui était bien sûr faux, car je n’avais jamais été serveuse de ma vie, je n’avais même jamais travaillé. Sans vraiment chercher à comprendre, il le survole puis finit par me regarder.
- Tu es en essai ce soir. Sois là pour dix-neuf heures.
Je souris jusqu’aux oreilles et le remercie avant de repartir à toute vitesse. C’était si simple, beaucoup trop simple, mais je prends cette petite réussite pour une victoire, aussi minime soit-elle. J’ai réussi à me faire embaucher. Je pense que les personnes qui postulent ne doivent pas rester bien longtemps, donc il ne doit surtout pas se casser la tête à chercher quelqu’un de vraiment compétent.
En traversant le couloir, je regarde mon téléphone, espérant des nouvelles de Shogo, mais rien du tout. Il m’avait prévenue que nous serions très peu en contact pour ne pas griller ma couverture, mais cette mission était tellement importante, j’avais tellement peur de la foirer.
Puis j’aurais aimé discuter de ce qu'il s'était passé l’autre jour. Quand il est venu à l’appartement, Shogo a réagi comme s’il ne m’avait pas sauté dessus. Comme si ses lèvres n'avaient pas mangé mes seins violement. À cette simple pensée, je rougis bêtement, Tête baissée, je ne remarque pas l’homme que je venais de bousculer.
Je l’ai compris quand je me suis retrouvé plaqué contre le mur, un avant-bras qui me bloque la gorge, limitant mes prises d’inspiration.
C'était lui, l'homme sur les photo, leur Oyabun ; Satoshi.Je me fais violence pour me contenir en le voyant si près de moi. Tous les scénarios passent dans ma tête pour lui trancher la gorge ou lui arracher le cœur. J'avais une haine viscérale envers lui, envers cette personne qui a détruit ma vie.
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Hina : Vie De Yakuza
RomanceEN RÉÉCRITURE ! Hina, fille du bras droit d'un puissant chef yakuza, voit son monde s'effondrer lorsque son père est assassiné, laissant derrière lui une quête de vengeance et de vérité. Pour restaurer l'honneur de sa famille, Hina prend la décisio...