De l'amour à la haine

162 6 0
                                    

Mais il est lunatique, ce n'est pas possible. Je le regarde, furieuse de ce qu'il vient de dire. Car encore une fois, je n'arrive pas à comprendre ce qu'il veut de moi.

- Tu, tu devrais partir, Satoshi.

Il se lève, mais au lieu de partir, il retire sa veste, puis dénoue sa cravate. Je souffle, vaincue, puis marche jusqu'au dressing pour me changer. Il est très tard et je suis très fatiguée. La robe glisse jusqu'à mes pieds, dévoilant mon corps nu.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Je reste de marbre quand je sens ses bras m'envelopper et son corps se coller contre moi. Son souffle chaud sur le sommet de ma tête est presque apaisant. Son silence est lourd, ses mains restent timides et ne bougent pas.

- Ne pars pas.

Je voulais voir l'expression de son visage quand il insuffle ses mots à mon oreille, mais sa prise se resserre quand je tente de me retourner.

-Reprends ta place, près de moi, dit-il en caressant mes bras nus.

J'avais le souffle trop coupé pour réussir à parler. Je devais rester, à tout prix. Quitte à lui donner mon corps, je ne devais pas échouer. Mais mon cœur trahissait mes pensées. Je cache une vérité que je ne veux pas admettre, encore moins la dire, ne serait-ce que la faire passer dans mes pensées. Donc je me tais et pose mes mains sur les siennes.

Il sourit puis se détacha pour me laisser enfiler quelque chose. Je l'entends derrière mon dos se déshabiller et je le vois, par-dessus mon épaule, pendant que j'enfile un short en coton confortable.
Il prend place sur la banquette, les mains appuyées de chaque côté, jambes écartées, me fixant. La lampe de chevet éclairait comme elle le pouvait le dressing, mais c'était assez pour mettre en valeur son corps si athlétique.
Ses yeux, remplis de défi, me détaillent presque nue, mes mains couvrant ma poitrine.Il était l'homme qu'il prétendait être : puissant, charismatique et dangereux.
Il se lève, fermant le pas derrière moi avant de se coucher à ma gauche dans le lit. Il mettait de la distance entre nous et la pénombre nous entoure. Allongée sur le flanc droit, je ne voulais pas le voir, encore moins sentir son souffle sur ma peau. J'avais peur de craquer. J'étais totalement attirée, physiquement et émotionnellement. Et c'était dangereux.

Je me sentais partir, ma respiration devenait plus lente et mes yeux lourds. Je pensais me trouver dans les bras de Morphée, mais c'était seulement Satoshi, me tirant contre lui. Je me crispai l'espace d'une seconde, mais son corps chaud, collé contre mon dos, me dissuada.
Inconsciemment, je me retourne puis glisse ma main sous son bras pour atteindre son dos. Nos jambes se sont entremêlées, aimantées l'une à l'autre.Il se fige à son tour, pensant que j'allais le repousser, mais il suit mes mouvements, puis sa main trouve ma taille, me collant davantage à lui.
Ses doigts exerçant des vas et viens sur mon dos nu étaient apaisant, tendre et doux à la fois.Je finis par m'endormir, bercé par son souffle dans mes cheveux.

*****

Le lendemain matin, j'étais seule, il était parti.
La solitude m'envahit, quelle tristesse.

Tu ne devrais pas reagir comme ca.

Je souffle, perdue. Mon cœur et mon cerveau se livrent bataille.
Ce qui s'est passé hier soir était tellement authentique. Il n'y avait rien de calculé, pas d'arrière-pensée ni de haine ou de rancœur. Seulement deux personnes, présentes l'une pour l'autre, cherchant la présence de l'autre, se rassurant par des caresses, s'enlaçant et s'endormant l'une contre l'autre.
Je ne le pensais pas comme ça. Il paraît tellement cruel, froid et sans cœur devant les autres. Mais dans l'intimité, quand il est seulement Satoshi et non L'Oyabun, il est si vulnérable. Sa garde est tellement basse que je pourrais lui planter un couteau dans le cœur qu'il ne me verrait pas venir, et c'est ce qui me fait peur.
Pourquoi mon cœur se serre à cette simple pensée ?
Assise sur mon lit, le visage enfoui dans mes mains, je tente de refouler ces pensées, cette vérité macabre. Je le sais, je le sens au plus profond de moi ; je l'ai dans la peau.
Je ne peux plus mentir sur mes sentiments, sur ma relation avec lui.
Je le déteste toujours autant. Je ne peux pas m'empêcher de penser à mon père et à mon frère. Ma mère est devenue veuve par sa faute et nous sommes orphelins de père.

Hina : Vie De YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant